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La Vie Devant Soi Explication De Texte

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pas écrire son personnage, il le fait parler (« La première chose que je peux vous dire… »). La spontanéité de la

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communication orale donne au récit sa liberté, l’écriture mimant un certain nombre de traits de la langue parlée : – usage de démonstratifs en déictiques (« avec tous ces kilos qu’elle portait sur elle », p. 9) ; – forme emphatique, avec extraction d’un constituant de la phrase ou dislocation syntaxique (« La première chose que je peux vous dire c’est qu’on habitait au sixième à pied », p. 9 ; « Moi je n’ai pas eu à me plaindre du racisme, alors je ne vois pas ce que je peux attendre », p. 35) ; – utilisation du pronom démonstratif « ça » au lieu de « cela » (« J’ai cessé d’ignorer à l’âge de trois ou quatre ans et parfois ça me manque », p. 9) ; – onomatopées (« Elles partaient et plouff », p. 15) ; – langage grossier ou argotique (« chier », « fringue », « foutus », « chialé », « piaule »…). Les fautes du narrateur produisent souvent un effet comique : par exemple une prononciation approximative (« proxynète »), une concordance des temps mal maîtrisée (« Je suis descendu au café de Monsieur Driss en bas et je m’assis en face de Monsieur Hamil… », p. 10). Mais ces fautes ont aussi une fonction réaliste et pittoresque : elles sont porteuses d’un détournement poétique de la langue qui ouvre les mots, les expressions, à de nouvelles significations. On peut prendre l’exemple de l’une des premières du texte : « c’était une vraie source de vie quotidienne, avec tous les soucis et les peines ». Momo transforme des expressions toutes faites : « source de problèmes » ou « les joies et les peines » et fait surgir à la fois la pesanteur et l’épique du quotidien. On remarquera aussi l’écho rythmique et sonore des deux segments.

3 Le narrateur fait vivre son quartier de Belleville moins par la description des lieux que par la

mise en scène d’une galerie de personnages très marqués, voire un peu louches. Identifiez-les et montrez comment le récit de Momo les rend pittoresques et parfois émouvants. Belleville, explique Momo, est le quartier des Juifs, des Noirs et des Arabes. On y trouve des « clandés pour enfants de putes » comme celui de Mme Rosa, des foyers noirs « où ils sont cent vingt avec huit par chambre et un seul W.-C. en bas » (p. 24), des prostituées et des « proxynètes », des drogués, des travestis. Une galerie de personnages, souvent pittoresques, représente ce monde pas toujours recommandable : on peut citer M. Nda Amédée, le « maquereau michougué », mythomane et tout de rose vêtu avec « des bagues diamantaires au doigt » ; le Mahoute, drogué qui se trompe d’ampoule et met « dans le cul à Madame Rosa la ration d’héroïne qu’il se réservait pour le jour où il aurait fini sa désintoxication » (p. 64). Le narrateur a une affection particulière pour Madame Lola (« travestie de quatrième étage » ex-champion de boxe au Sénégal qui envoie les clients sadiques au tapis) ainsi que pour Monsieur Hamil, le vieil Arabe qui fait le pendant de Madame Rosa : « Monsieur Hamil est un grand homme, mais les circonstances ne lui ont pas permis de le devenir » (p. 60).

Des chagrins fondateurs

4 On comprend rapidement que Momo n’a pas grandi dans un contexte douillet, mais il s’est forgé

une solide personnalité. Identifiez les épisodes qui ont participé à la construction de sa personnalité et de son identité. Un jeune adolescent qui raconte sa vie a déjà vécu un certain nombre de « premières fois ». Le personnage de Momo, dès le début de son récit, fait apparaître le caractère fondateur de ces jalons : – « Je devais avoir trois ans quand j’ai vu Madame Rosa pour la première fois. Avant, on n’a pas de mémoire et on vit dans l’ignorance. J’ai cessé d’ignorer à l’âge de trois ou quatre ans et parfois ça me manque » (p. 9). – « Au début, je ne savais pas que Madame Rosa s’occupait de moi seulement pour toucher un mandat à la fin du mois. Quand je l’ai appris, j’avais déjà six ou sept ans et ça m’a fait un coup de savoir que j’étais payé. Je croyais que Madame Rosa m’aimait pour rien et qu’on était quelqu’un l’un pour l’autre. J’en ai pleuré toute une nuit et c’était mon premier grand chagrin » (p. 9). – « Pendant longtemps, je n’ai pas su que j’étais arabe parce que personne ne m’insultait. On me l’a seulement appris à l’école » (p. 11). – « Au début je ne savais pas que je n’avais pas de mère et je ne savais même pas qu’il en fallait une. Madame Rosa évitait d’en parler pour ne pas me donner des idées » (p. 11). « Cesser d’ignorer », c’est entrer dans le temps, et dans son ordre irréversible. C’est aussi entrer dans l’ordre social et sa cruauté (le seul moyen d’apprendre qu’on est arabe, c’est être insulté, et à l’école en plus !). C’est enfin entrer dans le désordre du manque : privé d’une image aussi essentielle que celle de sa mère, Momo se trouve amputé d’une partie de sa propre histoire. Madame Rosa ayant fait un tabou de ses origines, il n’a pas plus de récit que d’image. Un lourd secret entoure sa naissance : de quel savoir cherche-t-on à le protéger ? de quelles origines non dicibles porte-t-il la trace ?

© Éditions Belin/Éditions Gallimard, 2009.

5 « Pendant longtemps, je n’ai pas su que j’étais arabe parce que personne ne m’insultait. On me

l’a seulement appris à l’école » (p. 11, l. 67-68). Analysez la manière dont Romain Gary aborde, à travers ce roman, la question du racisme, et montrez comment l’humour peut être mis au service de la dénonciation. Momo a appris très tôt à ses dépens la réalité du racisme, mais il la combat par

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un humour sans mièvrerie. Préjugés et clichés sont tournés en dérision. Quant aux insultes, utilisées à contresens, elles perdent leur venin. C’est ce qui se produit lorsque Madame Rosa traite Moïse, petit garçon juif, comme son prénom l’indique, de « sale bicot ». Voir aussi la fiche 4, l’altérité (p. 210).

6 Orphelin, Momo souffre d’être privé de toute image de sa mère. Cet aspect dramatique de la

vie de Momo est traité de façon à la fois pathétique et comique. Recherchez des passages où sont imbriqués ces deux registres, à première vue contradictoires. « Au début je ne savais pas que je n’avais pas de mère et je ne savais même pas qu’il en fallait une. Madame Rosa évitait d’en parler pour ne pas me donner des idées » (p. 11). À la suite de cette double révélation, Momo multiplie sans succès des stratégies enfantines pour faire venir sa mère : – souffrir de « crampes d’estomac » et de « convulsions », – « chier partout dans l’appartement » (c’est-à-dire régresser), – « chaparder dans les magasins » (« J’attendais toujours que quelqu’un regarde pour que ça se voie. Lorsque le patron sortait et me donnait une claque je me mettais à hurler, mais il y avait quand même quelqu’un qui s’intéressait à moi », p. 13). La frustration affective du héros est émouvante, il n’est pas question de s’apitoyer sur son statut d’orphelin, comme l’indiquent la trivialité et l’humour du récit.

Vers l’oral du Bac p. 68-70

Analyse des pages p. 63-64, lignes 93 à 125

☛ Montrer comment, par-delà l’humour de l’extrait, s’expriment les arguments et les valeurs du personnage

Analyse du texte

I. Une scène d’humour noir

a. La situation est des plus incongrues : ce n’est pas une infirmière mais un toxicomane qui vient régulièrement faire sa piqûre à Madame Rosa, et il se trompe d’ampoule, lui injectant sa propre héroïne, au risque de susciter une overdose. Montrez que le personnage du Mahoute est évoqué de façon comique. La mise en danger de Madame Rosa est provoquée par l’inconséquence du personnage bizarrement nommé le Mahoute. Dans cette scène, non seulement il se trompe d’ampoule, mais en plus il utilise par erreur « la ration d’héroïne qu’il se réservait pour le jour où il aurait fini sa désintoxication » (l. 101-102) ! Cet énoncé absurde permet de prendre la mesure de la mauvaise foi du Mahoute ainsi que de l’ironie du narrateur. b. Faire rire avec un sujet aussi sinistre que l’héroïne relève bien de l’humour noir. Montrez-le en vous fondant sur quelques citations qui illustrent ce registre. Le narrateur décrit l’effet de la drogue sur Madame Rosa en utilisant le champ lexical de l’euphorie et des tours superlatifs : « aussi enchantée », « prise de bonheur », « tellement elle était au ciel » (l. 107). Alors que la vieille dame déjà mal en point risque l’overdose, la naïveté de ces expressions fait sourire et relève bien de l’humour noir.

II. Une diatribe contre la drogue

a. Momo ne fait preuve d’aucune fascination à l’égard de la drogue et se refuse à « héroïser l’héroïne ». La drogue fait platement partie de son paysage social, et il utilise le vocabulaire des

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