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Cadres Sociaux De La Mémoire

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nalyse Chapitre II. - Le langage et la mémoire i Sous quelle forme les cadres de la pensée sociale pénètrent dans le rêve : le temps et l'espace ii Le rôle du langage dans le rêve iii L'aphasie et l'intelligence. Les expériences de Head sur les troubles de la pensée conventionnelle chez les aphasiques iv En résumé. Chapitre III. - La reconstruction du passé i ii iii iv La déformation des souvenirs d'enfance chez les adultes Les cadres de la pensée et de la mémoire chez l'enfant et chez l'homme Comment les cadres de la mémoire permettent de reconstituer les souvenirs La mémoire chez les vieillards et la nostalgie du passé

Chapitre IV. - La localisation des souvenirs i La reconnaissance et la localisation des souvenirs. Le rôle du raisonnement dans la localisation. Les points de repère collectifs ii Vivacité et familiarité des souvenirs les plus récents. Pourquoi nous les retenons presque tous iii L'association des idées et la localisation, Les divers groupes collectifs sont les supports d'autant de mémoires collectives Chapitre V. - La mémoire collective de la famille i Les cadres de la vie collective et les souvenirs de famille ii La famille et le groupe religieux. La famille et le groupe paysan. Nature spécifique des sentiments de famille iii Les rapports de parenté et l'histoire de la famille. Les prénoms iv La création de familles nouvelles. La famille et les autres groupes

Maurice Halbwachs (1925), Les cadres sociaux de la mémoire.

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Chapitre VI. - La mémoire collective des groupes religieux i La religion est la reproduction mythique de l'histoire primitive des peuples. Les vestiges des anciennes croyances subsistent dans les religions nouvelles ii En quel autre sens la religion est une commémoration du passé. La religion chrétienne et la passion du Christ. La société chrétienne primitive. L'Église et le siècle. Clercs et laïques iii La tradition dogmatique de l’Église et les courants mystiques iv En résumé Chapitre VII. - Les classes sociales et leurs traditions i Le système des valeurs nobiliaires et les traditions des familles nobles. Titres et fonctions. Noblesse de race et noblesse de robe ii Vie professionnelle et vie sociale. Dans quelle partie du corps social se transmettent les traditions de classe. Mémoire des fonctions et des fortunes. L'appréciation sociale de la richesse. Classe bourgeoise traditionnelle et riches progressifs iii Zone de l'activité technique et zone des relations personnelles. Technique et fonction Conclusion i Perception et souvenirs collectifs. Les cadres sociaux de la mémoire ii Les souvenirs collectifs sont à la fois des notions générales et des représentations de faits et de personnes iii La mémoire et la raison. Les traditions et les idées

Maurice Halbwachs (1925), Les cadres sociaux de la mémoire.

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Avant-propos

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Comme nous feuilletions, dernièrement, un ancien volume: du Magasin pittoresque, nous y avons lu une histoire singulière, celle d'une jeune fille de 9 ou 10 ans qui fut trouvée dans les. bois, près de Châlons, en 1731. On ne put savoir où elle était, née, ni d'où elle venait. Elle n'avait gardé aucun souvenir de son enfance. En rapprochant les détails donnés par elle aux diverses époques de sa vie, on supposa qu'elle était née dans le nord de l'Europe et probablement chez les Esquimaux, que de là elle avait été transportée aux Antilles, et enfin en France. Elle assurait qu'elle avait deux fois traversé de larges étendues de mer, et paraissait émue quand on lui montrait des images qui représentaient soit des huttes et des barques du pays des Esquimaux, soit des phoques, soit des cannes à sucre et d'autres produits des îles d'Amérique. Elle croyait se rappeler assez clairement qu'elle avait appartenu comme esclave à une maîtresse qui l'aimait beaucoup, mais que le maître, ne pouvant la souffrir, l'avait fait embarquer 1. Si nous reproduisons ce récit, dont nous ne savons s'il est authentique, et que nous ne connaissons que de seconde main, c'est parce qu'il permet de comprendre en quel sens on peut dire que la mémoire dépend de l'entourage social. À 9 ou 10 ans, un

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Magasin Pittoresque, 1849, p. 18. Comme références, l'auteur nous dit : « On écrivit à son sujet un article dans le Mercure de France, septembre 173. (le dernier chiffre en blanc), et un petit opuscule en 1755 (dont il ne nous indique pas le titre) auquel nous avons emprunté ce récit.»

Maurice Halbwachs (1925), Les cadres sociaux de la mémoire.

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enfant possède beaucoup de souvenirs, récents et même assez anciens. Que lui en resterait-il, s'il était brusquement séparé des siens, transporté dans un pays où on ne parle pas sa langue, où ni dans l'aspect des gens et des lieux, ni dans les coutumes, il ne retrouverait rien de ce qui lui était familier jusqu'à ce moment ? L'enfant a quitté une société pour passer dans une autre. Il semble que, du même coup, il ait perdu la faculté de se souvenir dans la seconde de tout ce qu'il a fait, de tout ce qui l'a impressionné, et qu'il se rappelait sans peine, dans la première. Pour que quelques souvenirs incertains et incomplets reparaissent, il faut que, dans la société où il se trouve à présent, on lui montre tout au moins des images qui reconstituent un moment autour de lui le groupe et le milieu d'où il a été arraché. Cet exemple n'est qu'un cas limite. Mais si nous examinions d'un peu plus près de quelle façon nous nous souvenons, nous reconnaîtrions que, très certainement, le plus grand nombre de nos souvenirs nous reviennent lorsque nos parents, nos amis, ou d'autres hommes nous les rappellent. On est assez étonné lorsqu'on lit les traités de psychologie où il est traité de la mémoire, que l'homme y soit considéré comme un être isolé. Il semble que, pour comprendre nos opérations mentales, il soit nécessaire de s'en tenir à l'individu, et de sectionner d'abord tous les liens qui le rattachent à la société, de ses semblables. Cependant c'est dans la société que, normalement, l'homme acquiert ses souvenirs, qu'il se les rappelle, et, comme on dit, qu'il les reconnaît et les localise. Comptons, dans une journée, le nombre de souvenirs que nous avons évoqués à l'occasion de nos rapports directs et indirects avec d'autres hommes. Nous verrons que, le plus souvent, nous ne faisons appel à notre mémoire que pour répondre à des questions que les autres nous posent, ou que nous supposons qu'ils pourraient nous poser, et que d'ailleurs, pour y répondre, nous nous plaçons à leur point de vue, et nous nous envisageons comme faisant partie du même groupe ou des mêmes groupes qu'eux. Mais pourquoi ce qui est vrai d'un grand nombre de nos souvenirs ne le serait-il pas de tous ? Le plus souvent, si je me souviens, c'est que les autres m'incitent à me souvenir, que leur mémoire vient au secours de la mienne, que la mienne s'appuie sur la leur. Dans ces cas au moins, le rappel des souvenirs n'a rien de mystérieux. Il n'y a pas à chercher où ils sont, où ils se conservent, dans mon cerveau, ou dans quelque réduit de mon esprit où j'aurais seul accès, puisqu'ils me sont rappelés du dehors, et que les groupes dont je fais partie m'offrent à chaque instant les moyens de les reconstruire, à condition que je me tourne vers eux et que j'adopte au moins temporairement leurs façons de penser. Mais pourquoi n'en serait-il pas ainsi dans tous les cas ? C'est en ce sens qu'il existerait une mémoire collective et des cadres sociaux de la mémoire, et c'est dans la mesure où notre pensée individuelle se replace dans ces cadres et participe à cette mémoire qu'elle serait capable de se souvenir. On comprendra que notre étude s'ouvre par un et même deux chapitres consacrés au rêve 1, si l'on remarque que l'homme qui dort se trouve pendant quelque temps dans un état d'isolement qui ressemble, au moins en partie, à celui où il vivrait s'il n'était en contact et en rapport avec aucune société. A ce moment, il n'est plus capable et il n'a plus besoin d'ailleurs de s'appuyer sur ces cadres de la mémoire collective, et il est passible de mesurer l'action de ces cadres, en observant ce que devient la mémoire individuelle lorsque cette action ne s'exerce plus.

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Le premier chapitre, qui a été le point de départ de notre recherche, a paru sous forme d'article, à peu près tel que nous le reproduisons, dans la Revue philosophique, en janvier-février 1923.

Maurice Halbwachs (1925), Les cadres sociaux de la mémoire.

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Mais, lorsque nous expliquions ainsi la mémoire d'un individu par la mémoire des autres, ne tournions-nous pas dans un cercle ? Il fallait, en effet, expliquer alors comment les autres se souviennent, et le même problème semblait se poser de nouveau, dans les mêmes termes. Si le passé reparaît,

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