Cahiers de Douai, Rimbaud
Dissertation : Cahiers de Douai, Rimbaud. Rechercher de 54 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar severine.billig • 5 Novembre 2025 • Dissertation • 7 969 Mots (32 Pages) • 26 Vues
Sujets de dissertations CAHIERS DE DOUAI
Parcours : Emancipations créatrices
Sujet 1 : Chez Rimbaud, en quoi peut-on dire que la poésie est une célébration de la liberté ? 🡪 question ouverte 🡪 plan thématique
Je reformule : En quoi Rimbaud prône-t-il l’émancipation poétique dans son recueil Cahiers de Douai ?
INTRODUCTION
(ACCROCHE). Au 19ème siècle, l’heure est à l’innovation : si la poésie a longtemps été perçue comme un art codifié, soumis à des règles strictes de composition et de thèmes, certains poètes ont cherché à s’émanciper des contraintes de leur art.
(CARTE D’IDENTITE DE L’ŒUVRE PRINCIPALE) C’est dans ce contexte que s’inscrit le recueil Cahiers de Douai du jeune Arthur Rimbaud qui, en 1870, revendique une liberté totale, aussi bien dans sa vie qu’en poésie.
(THEME PRINCIPAL OU INTRIGUE) L’intrigue se déroule autour … (valable pour un roman)
Dans son œuvre, il marque fermement sa volonté de rupture, son refus des normes en tous genres et sa rage d’émancipation à travers 22 poèmes rédigés lors de ses fugues adolescentes.
(PROBLEMATIQUE) Dès lors, nous nous demanderons en quoi la poésie de Rimbaud est une célébration de la liberté.
(ANNONCE DU PLAN) Afin de répondre à cette question, nous verrons que si son écriture reflète une quête de liberté individuelle et sociale (I), elle s’accompagne aussi d’une remise en cause religieuse et politique (II). Enfin, nous montrerons comment cet anticonformisme aboutit à une révolution poétique (III).
DÉVELOPPEMENT : PLAN THEMATIQUE (question ouverte)
- A l’origine, Rimbaud est en quête de liberté sur le plan individuel
- Dès l’adolescence, Rimbaud ressent un profond besoin d’émancipation. Sa révolte naît d’abord au sein même de sa famille, dominée par la figure sévère de sa mère, Vitalie Rimbaud, que le poète surnomme ironiquement « la mère Rimb ». Élevé sans père, dans un foyer strict et étouffant, il supporte mal l’autorité et la discipline qu’on lui impose. Cette ambiance familiale, dépourvue de tendresse et de liberté, pousse le jeune Arthur à vouloir s’arracher à toute forme de contrôle et à conquérir sa propre vie. Cette rébellion familiale se transforme rapidement en révolte individuelle : Rimbaud rejette l’ordre établi, rêve d’aventure et refuse les chemins tout tracés qu’on voudrait lui imposer (les études, le respect, l’obéissance, la religion, la morale). C’est cette aspiration à la liberté totale qui le conduit à ses fugues de 1870, dont sont issus les Cahiers de Douai.
Dans ses poèmes, cette révolte intime apparaît à travers des images d’évasion, de mouvement et de fuite. Par exemple, dans « Ma Bohème », Rimbaud célèbre sa vie vagabonde, sans contraintes, où il se débarrasse de l’autorité des adultes pour vivre libre sur les routes : « Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ; Mon paletot aussi devenait idéal ». Ici, le poète montre que sa liberté passe avant tout par le départ et la rupture : marcher, partir, disparaître, c’est s’affranchir. Le rejet de la famille devient donc le premier acte de sa révolte : avant de contester la société, la politique ou la religion, Rimbaud commence par rejeter la cage domestique et revendiquer son droit d’exister par lui-même.
- Il ne supporte pas non plus les conventions sociales et morales, qu’il jugent hypocrites.
Rimbaud refuse de se plier aux conventions sociales, c’est-à-dire toutes les règles (implicites ou explicites) qui s’imposent à nous qui vivons en société. Il aime donc se montrer provocateur dans le vocabulaire qu’il emploie, sachant très bien qu’il va choquer son lectorat avec des mots aussi crus que « tétons énormes » ou encore « ulcère à l’anus », des termes très éloignés de ce qu’on imagine quand on parle de poésie.
« -Et ce fut adorable, Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs – Celle-là, ce n’est pas un baiser qui l’épeure ! – Rieuse, m’apporta des tartines de beurre… » (Au Cabaret-Vert)
- Par la suite, son désir de changement se caractérise par un refus de tout type d’autorité
- Rimbaud marque son engagement politique en critiquant la figure de Napoléon III et la guerre
Politiquement, sa révolte s’exprime de manière très assumée contre la figure de Napoléon III. A cette époque, l’empereur s’engage dans une guerre très meurtrière contre la Russie. Rimbaud transforme sa poésie en acte de contestation politique et critique le pouvoir en place.
« Car l’Empereur est soûl de ses vingt ans d’orgie ! » (Rages et Césars)
- Son engagement s’étend à la sphère sociale, il critique l’injustice dont sont victimes les plus faibles et la misère des hommes
Il met en lumière les dysfonctionnements d’un pays qui ne parvient pas à faire vivre correctement ses habitants.
« Je suis un forgeron : ma femme est avec eux ; Folle ! Elle croit trouver du pain aux Tuileries ! – On ne veut pas de nous dans les boulangeries. » (Le Forgeron)
- Par ailleurs, sa révolte se manifeste aussi sur le plan religieux.
Il remet ouvertement en question les normes établies de respect envers la religion. Il accuse Dieu de ne se réveiller que pour compter les sous que lui apportent ses fidèles. Sa moquerie devient un acte de défiance vis-à-vis des dogmes religieux, qui n’inspirent au poète aucun respect, ni aucune peut d’ailleurs.
« Il est un Dieu, … Qui dans le bercement des hosannah s’endort, Et se réveille, quand des mères, ramassées Dans l’angoisse, et pleurant sous leur vieux bonnet noir, Lui donnent un gros sou lié dans leur mouchoir ! » (Le Mal)
- Enfin, l’apogée de cette liberté et de cette révolte se traduit dans ses poèmes, dont la forme non conventionnelle rejoint naturellement le fond
- Rimbaud défie les codes poétiques de son époque, ce qui donne lieu à une révolution artistique.
En effet, s’écartant des règles établies, il se libère des contraintes traditionnelles pour faire du neuf. En fait, on entend par contraintes traditionnelles, les règles strictes que les poètes s’imposent depuis toujours dans l’écriture de leurs vers. Avec Rimbaud, on sort de l’époque romantique où les Victor Hugo, Lamartine,… ont vraiment installés des codes ancrés dans la culture poétique. Rimbaud décide de s’affranchir de tout ça pour créer quelque chose de nouveau. Par exemple, il refuse d’accepter la bienséance exigée dans l’art (c’est-à-dire la règle de ne jamais choquer son public), et s’amuse du choc que son écriture pourrait susciter.
La poésie traditionnelle privilégie des thèmes romantiques, mélancoliques ou oniriques (c’est-à-dire liés au rève). Rimbaud accepte de traiter ces thèmes dans certains de ses poèmes, mais uniquement pour s’en amuser. Par exemple, dans le poème « Roman », il raconte ses premiers émois amoureux, l’éveil de sa sensualité en tant que jeune homme « immensément naïf », en faisant preuve de beaucoup d’auto-dérision : « Vous êtes amoureux. Loué jusqu’au mois d’août./Vous êtes amoureux – Vos sonnets La font rire./ Tous vos amis s’en vont, vous êtes mauvais goût./ - Puis l’adorée, un soir, a daigné vous écrire … ! »
- Il va même plus loin et n’hésite pas à explorer de nouvelles formes poétiques, devenant ainsi malgré lui l’une des grandes figures du symbolisme.
En effet, sa révolte s’exprime aussi bien dans le fond (les thèmes, le message) que dans la forme (l’écriture, le style). Aujourd’hui, tout le monde reconnaît en Rimbaud un des plus grands auteurs de la littérature française. Et ce qui est original dans l’étude de cette œuvre, c’est qu’elle nous permet de voir que c’est vraiment à tort qu’on veut faire de lui un classique parmi les classiques ! Si on lui avait demandé son avis, il n’aurait sans doute pas accepté d’être qualifié ainsi. D’ailleurs, les symbolistes ont vu en lui un précurseur de leur esthétique, mais Rimbaud ne s’est jamais revendiqué de ce mouvement. Il a écrit des poèmes que l’on peut qualifier de symbolistes, comme « Voyelles » dans un autre recueil intitulé Illuminations, mais en quelques années, tout se joue et se déjoue dans la poésie. Alors ne commettez pas l’erreur de lui coller une étiquette ! Ainsi, Rimbaud n’est pas un symboliste en soi, mais il a tellement changé les choses qu’il peut être rapproché du symbolisme.
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