Roman de Rimbaud

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Roman

INTRODUCTION

Aujourd’hui, je vais vous présenter le poème Roman écrit par le mythique poète Arthur Rimbaud

Il y’a quelque chose de mystérieux et fascinant chez Arthur Rimbaud, grande figure du symbolisme !

L’œuvre de Rimbaud, écrite sur une courte carrière de 5 ans, en pleine adolescence, a bouleversé la poésie en créant des formes nouvelles mêlant des genres littéraires empruntés à l’originalité créatrice du 19 -ème siècle et aux œuvres de l’antiquité.  

Il force l’admiration avec des recueils intimement liés à sa propre vie.

En 1870, âgé de 16 ans, il fait plusieurs fugues, l’un d’entre elle le conduira à Douai.

C’est là qu’il fera la rencontre d’un poète Paul Demeny, à qui il confiera les manuscrits de ses poèmes dans l’espoir d’une publication. Ils constitueront bien plus tard les cahiers de Douai, d’où leur titre. Ils ne seront publiés qu’en 1919 bien après sa mort.

Les cahiers de Douai regroupent 22 poèmes écrits entre mars et octobre 1870.

Ils sont les produits de l’effervescence intellectuelle de l’adolescent épris d’idéal, d’amour, d’indépendance et de révolte.  Ce recueil est un vrai exemple de création émancipatrice et un hymne à la liberté.

"Roman" que nous étudions aujourd’hui, issu de ces cahiers de Douai est souvent considéré comme l'un des poèmes les plus représentatifs de la jeunesse et de la spontanéité de Rimbaud.

Son titre peut surprendre, il renvoie au genre littéraire du roman ou au radical du mouvement romantique contre lequel Rimbaud s’élève.

Le poème surprend aussi par sa disposition en 4 mouvements comme 4 chapitres composés chacun de deux quatrains en rimes croisées.

Dans Roman, il partage son expérience de la nature et de l’amour dans un cadre bucolique et sensoriel tout en invitant le lecteur à profiter du jour présent et ne pas trop accorder d’importance aux choses quand on est jeune.

A présent je vais lire le poème

A l’issu de la lecture de ce poème, nous pouvons nous demander comment Rimbaud renouvelle le lyrisme amoureux traditionnel en présentant un amour éphémère et romanesque ?

Nous proposons de segmenter notre texte en 4 mouvements :

1. Tout d’abord, nous étudierons la nature sensorielle
2. Deuxièmement, nous nous concentrerons sur l’invitation au carpe diem
3. Puis, nous analyserons le coup de foudre
4. Enfin, nous nous focaliserons sur la fin de l’amour

DEVELOPPEMENT

1. La nature sensorielle

Dans le premier mouvement, le poète se retrouve dans une nature sensorielle.

Le 1er vers donne le ton du poème, je cite On n’est pas sérieux quand on a 17 ans.

Le pronom indéfini On confère d’emblée à ce poème une valeur universelle ainsi que le présent cette phrase à valeur de vérité générale.

  Le « On », à la place du « Je » cher aux poètes romantiques pour exprimer leur état d’âme démontre ici de la distance voulue par Rimbaud du lyrisme traditionnel pour relater avec ironie ses premiers élans amoureux.

Nous sommes donc pas d’une confidence autobiographique comme nous aurions pu le penser nous sommes dans une expérience plus large où le lecteur peut s’identifier, nous pouvons parler d’universalité de l’expérience.

Nous apercevons que dans ce poème il y’a de nombreux tirets ce qui donne une dimension moderne au poème, qui tranche avec la forme traditionnelle des quatrains et des rimes croisées et donne une nouvelle esthétique visuelle et rythmique.

Rimbaud dans les 2 premières strophes définit précisément le cadre spatio-temporel, la scène se déroule un beau soir, au mois de juin. La saison ainsi que l’heure sont propices à la rencontre amoureuse. Un beau soir est un connecteur de temps qui produit une trame narrative qui se déroulera en 4 chapitres ce qui fait écho au titre du poème et intensifie la tension entre poésie et roman.

Nous remarquons aussi qu’il prend ses distances avec un mode de vie que nous pouvons retrouver dans les estaminets du nord.

Def estaminet : Petit café populaire du Nord

La phrase exclamative et nominale, introduite par foin des bocks je cite, foins des bocks et de la limonade, des cafés tapageurs aux lustres éclatants témoigne de la fougue de la jeunesse.

Le poète refuse désormais la bière, les bulles et les lieux qu’il fréquentait. Le groupe nominal des cafés tapageurs aux lustres éclatants montre un temps révolu. Les adjectifs qualificatifs « tapageurs » et « éclatants » laisse transparaitre le rejet du poète pour le bruit et les apparences.

Ainsi, le dernier vers de la strophe se détache par le changement radical de décor, je cite « on va sous les tilleuls verts de la promenade ». Loin de la vie trépidante de la ville, Rimbaud par cette phrase prône un art de vivre dans la nature où l’on son temps.

Nous passons donc du champ lexical urbain au champ lexical rural.

Dans la deuxième strophe, l’enthousiasme du poète transparait à travers deux procédés d’écritures.

D’abord la répétition du groupe nominal « les tilleuls » et des adjectifs mélioratifs « bon/bon ». Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs et la phrase est exclamative qui souligne l’émotion du jeune homme ;

L’enthousiasme du poète est si sincère et spontané qu’il ne craint pas les répétitions.

Le poète laisse la nature pénétrer tous nos sens, c’est une expérience sensuelle intense.

• La vue avec les tilleuls verts
• L’odorat les tilleuls sens bons
• Le toucher : l’air est parfois si doux
• L’ouie ; le vent chargé de bruit
• Le gout : le parfum de la bière

>> le poète s’ouvre avec délectation à la sensualité du monde.

Il va utiliser un adverse Intensif si , je cite parfait l’air est parfois si doux qu’on ferme la paupière ce qui laisse comprendre que le poète a besoin d’avoir les yeux mieux fermés pour mieux ressentir et apprécier le moment.

Cette expérience de plénitude ne fait pas oublier la présence de la ville, comme l’indique l’apposition explicative, je cite la ville n’est pas loin. Pour justifier des bruits rapportés par le vent. 

La plongée dans la nature est n’est pas donc pas total, on ne peut pas échapper à la ville.

Ainsi, se mêlent deux univers : celui du nature caractérisé par le complément du nom : « parfums de vigne » et celui de la ville caractérisée par le complément de nom « parfum de bière » qui font toutes deux références à l’alcool.

La construction de cette phrase laisse penser que le poète est tiraillé entre deux univers.

C’est dans cette nature sensorielle qu’Arthur Rimbaud nous invite au carpe diem, les premiers émois amoureux, c’est le début du deuxième mouvement

1. Invitation au carpe diem

Le deuxième mouvement retrace les premiers émois amoureux du jeune poète.

Cette section donne l’impression d’observer un tableau. Le présentatif voila que suscite l’émerveillement devant un décor bucolique.

Le verbe de vision on aperçoit amplifie l’hypotypose, le poète tente de décrire de manière assez précise pour permettre aux lecteurs de s’imaginer ce qui est mentionné.

Hypotypose :Figure de style consistant à décrire une scène de manière si frappante, qu'on croit la vivre.

Les participes passés adjectivés encadré, piqué et la mention des couleurs d’azur sombre et toute blanche accentuent l’aspect pictural de la description.