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Analyse du poème "Belle matineuse" de Vincent voiture

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e et légereté, elle embrasse le monde.

2eme quatrain: Dans un jeu de continuation de la première strophe, qui apparaît alors comme la description du contexte dans lequel prendra place l’essentiel, l’apparition de la nymphe, le poète nous conduit, dans une même phrase, de l’imparfait, temps de l’arrière-plan, "épandait", "jetait", au passé simple, temps du relief : "apparut", "brilla".

Celle qui apparait, c’est celle que l’on nomme "la belle matineuse", l’amante, la jeune femme dont le poète est épris ou s’éprend tout à coup. Pour continuer sur les intonations mythologiques, cette femme est désignée par le terme "Nymphe", renvoyant à ces jeunes beautés, divinités féminines de la nature. Cependant on peut interpréter cette désignation comme hyperbole et compliment.

En effet, le poète parle ensuite d’"une Philis", prénom fréquemment utilisé pour désigner la femme aimée dans la poésie baroque et précieuse.

L’image de l’amante du "je poétique", le poète qui dit "je" sans pour autant vraiment parler de lui en tant que personne réelle, est d’emblée ambigue. La femme superbe dans la galanterie baroque est aussi la femme cruelle, l’amour fait souffrir, l’amour brûle et dévore, tient le poète réveillé la nuit et le jour tourmenté : "à mon repos fatale".

Au vu de la tendance parfois érotique de certains poèmes précieux, d’aucuns pourraient y voire une allusion de ce domaine.

Le second quatrain construit déjà un jeu de rivalité entre l’Aurore et Philis. Les "traits d’azur et d’or" sont devenus des feux, et s’accumule le vocabulaire de la lumière resplendissante : "brilla", "éclairait", "remplissait de feux".

N’entendrions-nous pas presque dans l’expression "rive orientale" qui finit le quatrain le terme "riv-ale" ?

Cette hypothèse semblerait alors se valider par la mise en scène de la lutte à la strophe suivante.

1er tercet: Dans une sorte de dramaturgie, le Soleil entre en scène. A noter que cette dramaturgie est aussi motivée (justifiée) par le déroulement naturel du jour mais qu’elle se charge ici de symbolisme. L’Aurore ne suffit plus à concurrencer la beauté de Philis, c’est au Soleil maintenant de lui opposer sa lumière : "vint opposer".

Le macroscopique, l’univers représenté par le soleil et "sa flamme" est mesuré au microscopique, à la dimension humaine, "l’éclat de ses yeux". On retrouve au passage une métaphore habituelle des yeux comme des soleils.

La splendeur de Philis, par cette association-même au soleil, s’en trouve renforcée. L’éclat de ses yeux est au moins comparable à celui du Soleil alors même que le soleil fait tout ce qu’il peut : "prit tous les rayons". On est toujours dans une approche hyperbolique de l’éloge.

2eme tercet: La notion de pointe, de concetto dans la mise en oeuvre du sonnet baroque est très importante. L’art du sonnet, nous avons pu le voir chez Baudelaire consiste à concentrer au plus fort le sens véritable du poème dans le dernier tercet voire dans son dernier vers.

C’est bien ici ce qui se passe. Si jusqu’à maintenant Philis brillait autant que le Soleil, elle va dans cette fin de poème, le surpasser. La splendeur de la belle matineuse a gagné.

La dernière strophe joue du renversement des rôles, un motif important dans la poésie et même le théâtre baroque. L’échange de qualités, de statuts, c’est le mouvement-même. les identités se troublent, et l’humain, pour un prompt moment, devient surhumain.

Ce mouvement dans les qualités se jouent à trois, les trois personnages du poème : l’Aurore, Le Soleil et Philis. Le Soleil n’est plus que l’Aurore alors que Philis devient le soleil.

Le travail du dernier tercet se lit également dans la périphrase finale qui crée un dernier effet hyperbolique : "l’astre du jour".

CONCLUSION: Le thème de la "Belle Matineuse" est devenue un topos poétique (un lieu commun) dans laquelle la femme est comparée à un élément naturel et divin pour ensuite finir sur l’affirmation de la supériorité de l’amante dans un renversement hyperbolique.

La virtuosité baroque tient par ailleurs des jeux de périphrases, de la mise en scène dramatisée de ce qui est en fait un éloge descriptif, du mouvement et du rythme du poème : phrase qui se poursuit de strophe en strophe,

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