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Anthologie Baudelaire les fleurs du mal /Les Diamants Empoisonés

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Par   •  25 Juin 2022  •  Cours  •  3 627 Mots (15 Pages)  •  295 Vues

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Anthologie

Les Diamants Empoisonés

Préface

Cette anthologie est issue du recueil ''les fleurs du mal", le recueil poétique du célèbre Charles Baudelaire paru en 1857 qui regroupe presque tous les textes qu'il a écrit jusqu'à sa mort et où l'auteur nous fait découvrir son point de vue singulier sur le monde et tout ce qui l'entoure. Elle s'intitule '' les diamants empoisonnés'', un titre mettant en évidence le thème de celle-ci, ''alchimie poétique, la boue et l'or ''. L'or représentant un idéal comme les diamants et la boue, la médiocrité et la nocivité tout comme le poison. Ainsi seul les poèmes transformant l'idéal en médiocrité ou l'inverse ont été sélectionnés. La répartition de ces poèmes a été organisée en trois sections, la première, la vie et l'art : elle fait le lien entre l'art et la vie de l'artiste, le premier poème traite de la naissance de l'artiste, le deuxième de sa vie en tant que poète et le troisième élargit le concept à un autre art, la musique. La deuxième partie nous fait redécouvrir L'horreur de la condition humaine, en commençant par le premier meurtre de l'humanité, puis la guerre, le sang et des descriptions contradictoire du mal, puis fini par une expression effrayante de la dangerosité du temps qui passe, c'est donc un résumé de tous les supplices qu'endure l'humanité. Quant à la troisième section, on y découvre les délices de la vie du plus général aux plus spécifique. Ils sont cependant nuancés de façon atypique par Baudelaire.

Cette Anthologie a donc pour but de faire découvrir la vie sous un regard unique, de questionner la banalité de concepts extraordinaires ou bien l'idéalisation de choses futiles où effrayantes... Seule une lecture attentive permettra d'assimiler la beauté des notions mises en lumière par cette sélection.

La vie et l'art

Bénédiction

Lorsque, par un décret des puissances suprêmes,

Le Poète apparaît en ce monde ennuyé,
Sa mère épouvantée et pleine de blasphèmes
Crispe ses poings vers Dieu, qui la prend en pitié :

–  » Ah ! Que n’ai-je mis bas tout un nœud de vipères,
Plutôt que de nourrir cette dérision !
Maudite soit la nuit aux plaisirs éphémères
Où mon ventre a conçu mon expiation !

Puisque tu m’as choisie entre toutes les femmes
Pour être le dégoût de mon triste mari,
Et que je ne puis pas rejeter dans les flammes,
Comme un billet d’amour, ce monstre rabougri,

Je ferai rejaillir ta haine qui m’accable
Sur l’instrument maudit de tes méchancetés,
Et je tordrai si bien cet arbre misérable,
Qu’il ne pourra pousser ses boutons empestés !  »

Elle ravale ainsi l’écume de sa haine,
Et, ne comprenant pas les dessins éternels,
Elle-même prépare au fond de la Géhenne
Les buchers consacrés aux crimes maternels.

Pourtant, sous la tutelle invisible d’un Ange,
L’Enfant déshérité s’enivre de soleil,
Et dans tout ce qu’il boit et dans tout ce qu’il mange
Retrouve l’ambroisie et le nectar vermeil.

Il joue avec le vent, cause avec le nuage,
Et s’enivre en chantant du chemin de la croix;
Et l’esprit qui le suit dans son pèlerinage
Pleure de le voir gai comme un oiseau des bois.

Tous ceux qu’il veut aimer l’observent avec crainte,
Ou bien, s’enhardissant de sa tranquillité,
Cherchent à qui saura lui tirer une plainte,
Et font sur lui l’essai de leur férocité.

Dans le pain et le vin destinés à sa bouche
Ils mêlent de la cendre avec d’impurs crachats;
Avec hypocrisie ils jettent ce qu’il touche,
Et s’accusent d’avoir mis leurs pieds dans ses pas.

Sa femme va criant sur les places publiques :
 » Puisqu’il me trouve assez belle pour m’adorer,
Je ferai le métier des idoles antiques,
Et comme elles je veux me faire redorer;

Et je me soûlerai de nard, d’encens, de myrrhe,
De génuflexions, de viandes et de vins,
Pour savoir si je puis dans un cœur qui m’admire
Usurper en riant les hommages divins !

Et, quand je m’ennuierai de ces farces impies,
Je poserai sur lui ma frêle et forte main;
Et mes ongles, pareils aux ongles des harpies,
Sauront jusqu’à son cœur se frayer un chemin.

Comme un tout jeune oiseau qui tremble et qui palpite,
J’arracherai ce cœur tout rouge de son sein,
Et, pour rassasier ma bête favorite,
Je le lui jetterai par terre avec dédain !  »

Vers le Ciel, où son œil voit un trône splendide,
Le Poète serein lève ses bras pieux,
Et les vaste éclairs de son esprit lucide
Lui dérobent l’aspect des peuples furieux :

 » Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance
Comme un divin remède à nos impuretés
Et comme la meilleure et la plus pure essence
Qui prépare les forts aux saintes voluptés !

Je sais que vous gardez une place au Poète
Dans les rangs bienheureux des saintes Légions,
Et que vous l’invitez à l’éternelle fête
Des Trônes, des vertus, des Dominations.

Je sais que la douleur est la noblesse unique
Où ne mordront jamais la terre et les enfers,
Et qu’il faut pour tresser ma couronne mystique
Imposer tous les temps et tous les univers.

Mais les bijoux perdus de l’antique Palmyre,
Les métaux inconnus, les perles de la mer,
Par votre main montés, ne pourraient pas suffire
A ce beau diadème éblouissant et clair;

Car il ne sera fait que de pure lumière,
Puisée au foyer saint des rayons primitifs,
Et dont les yeux mortels, dans leur splendeur entière,
ne sont que des miroirs obscurcis et plaintifs !  »

L’Albatros

Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.

[pic 1]

L’état sauvage, Frans Lanting, National Geographic Museum

Ce tableau à particulièrement attiré mon attention en raison de la position de vulnérabilité dans laquelle est représenté ce bel oiseau, ici, la situation est peinte tel que le poème la décrit dans le dernier vers :'' Ses ailes de géant l’empêchent de marcher. ''

La musique

La musique souvent me prend comme une mer !
Vers ma pâle étoile,
Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther,
Je mets à la voile ;

La poitrine en avant et les poumons gonflés
Comme de la toile,
J’escalade le dos des flots amoncelés
Que la nuit me voile ;

Je sens vibrer en moi toutes les passions
D’un vaisseau qui souffre ;
Le bon vent, la tempête et ses convulsions

Sur l’immense gouffre
Me bercent. D’autres fois, calme plat, grand miroir
De mon désespoir !

[pic 2][pic 3]

Jean-Luc benac Venise voyage musical

L’harmonie parfaite entre la musique et la mer est exploitée tout au long de cette poésie à travers de nombreuses métaphore qui imbrique les deux concepts entre eux, cette œuvre d'art est l'incarnation visuelle des vers ci-dessus, on y voit des instruments de musique qui semblent faire partie intégrante du paysage.

Arrêt sur lecture

Charles Baudelaire est un poète né en 1821, orphelin de père à 6 ans il sera ensuite en conflit direct avec son beau-père et ses valeurs, ce qui le poussera plus tard à devenir une personne rebelle qui aura un parcours scolaire assez chaotique et sera envoyé en Inde par sa famille. Tout au long de ce voyage, Charles Baudelaire trouvera beaucoup d'inspiration, c'est ainsi qu'il se mettra à écrire nombreux poèmes s'inspirant de sa vie sur le paquebot. N'ayant pas appris la musique dans son enfance, le poète a décidé de commencer à se familiariser avec cet art après avoir reçu une lettre de son demi-frère en 1833, il apprend la musique de manière autodidacte et aléatoire. C'est en découvrant le charme de la musique que Charles Baudelaire décida d'entreprendre l'écriture de ce poème en exprimant ses sentiments vis-à-vis de cette compétence nouvellement acquise.

En lisant ce poème nous pouvons nous demander comment Baudelaire transmet au lecteur les différentes émotions que procure la musique.

En comparant la musique à la mer et à un éther qui sont associés chez chacun de nous à un sentiment positif, il éveil nos souvenirs et parvient ainsi à nous véhiculer les belles émotions qu'il ressent, en parallèle il use aussi du champ lexical de l'apaisement :"bercent '' et '' calme ''

À l'inverse le fait de la comparer aux voiles et à la brume qui sont associées à des choses couvrantes et emprisonnantes rappelle un sentiment désagréable. Il utilise aussi le champ lexical de la souffrance :'' désespoir '' '' souffre '' '' convulsions ''.

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