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Comment Platon parvient-il à séduire tout en ayant recours au mythe, quels sont ses fonctions et comment parvient-il à mettre en place une critique de la justice et de l’homme, mauvais de naissance ?

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Par   •  3 Novembre 2020  •  Dissertation  •  1 981 Mots (8 Pages)  •  588 Vues

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Littérature Grecque

La république est un ensemble d’œuvres écrites par le célèbre philosophe athénien Platon. Ses livres se présentent sous la forme de dialogues entre différents philosophes afin d’exprimer leurs divergences d’opinions vis-à-vis de différents sujets. Dans le livre II, le principal interlocuteur de Socrate se nomme Glaucon qui fut comme Platon un disciple de Socrate. Ces deux interlocuteurs s’opposent sur le concept de la justice. Platon est un philosophe qui n’aime pas les mythes, pourtant, il y a fortement recours à travers la figure de Glaucon qui, voulant exprimer son idée, prend la parole et utilise le mythe pour appuyer sa pensée.

Comment Platon parvient-il à séduire tout en ayant recours au mythe, quels sont ses fonctions et comment parvient-il à mettre en place une critique de la justice et de l’homme, mauvais de naissance ?

Nous verrons tout d’abord comment Platon parvient à séduire le lecteur par l’utilisation du mythe de Gygès, comment réussit-il à capter son auditoire par des références merveilleuses, puis nous étudierons plus précisément la visée, l’attaque philosophique de Glaucon qui déterminent les Hommes comme étant d’inconditionnels malfaisants.

Platon est un des philosophes ayant eu le plus recours aux mythes, récits fabuleux, invraisemblables. C’est ce caractère extraordinaire qui fut un des points de critique de la part de Platon : il n’y a en effet aucune vérité dans les mythes, tout n’est que pure fiction. A première vue, ils sont incompatibles avec un logos, un raisonnement, un langage argumenté. Ils seraient alors inconciliables avec la philosophie qui doit passer par une parole argumentée, démonstrative en empruntant un vocabulaire analytique et conceptuel nécessaire à l’appréhension de la vérité. De cette façon, le mythe s’oppose au réel et ne peut prétendre avoir accès à la vérité. Pourtant, Platon a recours aux mythes dans la mesure où ils sont un point d’appui à l’argumentation : le mythe peut retranscrire une idée, une pensée dans des domaines où la philosophie a du mal à s’aventurer avec la seule force de l’argumentation ou connaissance. Chez Platon, il n’y a alors pas une exclusion totale des mythes : ils servent d’illustrations quand la raison ne peut plus avancer. Le mythe donne à voir au-delà des limites du rationnel et c’est ce qui plaît, ce qui nous fait rêver en sortant de ce qui est habituel, commun, quotidien. Le discours est parsemé de termes merveilleux qui nous montrent que nous ne sommes pas dans un discours de vérité, mais c’est grâce à la fiction, grâce à l’utilisation du mythe que la thèse de Glaucon est possible : il reprend le mythe de l’anneau de Gygès, berger à l’anneau aussi magique que révélateur de la condition humaine selon Glaucon. Le merveilleux s’installe peu à peu dans la vie de Gygès qui, simple berger, connaît un grand rebondissement par la découverte d’un anneau d’une façon aussi peu probable que possible. En effet, les évènements merveilleux prennent forme à partir un chaos météorologique, « après un grand orage ou la terre avait éprouvé de violentes secousses » lignes 8 à 9. A partir de cet événement, une suite de péripéties, de coïncidences vont se mettre en place de façon tout aussi miraculeuse les unes que les autres : « il aperçut avec entonnement une profonde ouverture dans le champ même où il faisait paître ses troupeaux ; il y descendit, et vit, entre autres choses extraordinaires qu'on raconte, un cheval d'airain creux et percé à ses flancs de petites portes à travers lesquelles, passant la tête, il aperçut dans l'intérieur un cadavre d'une taille en apparence plus qu'humaine, qui n'avait d'autre ornement qu'un anneau d'or à la main » des lignes 9 à 13. Il est sans rappeler que la thèse de Glaucon se porte jusqu’à maintenant sur une fiction tout aussi merveilleuse que grotesque. Pourtant, ce mythe étonnant sert d’appui à l’expression de la pensée de Glaucon qui capte son auditoire par le récit fabuleux d’un mythe basé sur un anneau qui rend invisible. Le recours au mythe n’est alors pas nécessairement emprunté dans le but d’illustrer des propos : il permet aussi de plaire pour ainsi attirer. La nature humaine préféra toujours une histoire, un récit amusant à de longues argumentations très droites, parfois complexes à comprendre. Par le mythe, Platon et ainsi Glaucon séduit tout en donnant au mythe une fonction explicative. Le mythe Platonicien a une fonction également pédagogique : il éduque le citoyen et va conférer une idéologie. Le mythe devient une sorte de discours commun qui permet à la communauté de trouver une identité qui va en garantir une cohésion sociale et politique. Cependant, l’emprunt d’un mythe dans une argumentation a toujours un but précis : ici il s’agit de montrer ce qu’est la justice selon Glaucon. Pourtant, son argumentation prend place dans un but précis : celui d’être déconstruit pour mieux instruire.

Le mythe développé par Gygès se construit en opposition à Socrate, considéré comme un adversaire. Il essaie de démontrer à travers la figure de Gygès et son anneau que la justice est simplement une contrainte qui empêche les êtres d’agir librement. Mais s’ils le pouvaient, s’ils avaient tous cette capacité de pouvoir s’exécuter librement, ils seraient tous forcément mauvais. Le pouvoir que donne cet anneau à Gygès, c’est de rendre invisible. Se pose alors la question de pourquoi rester juste ? pourquoi rester juste s’il n’y a aucune contrainte, plus aucune loi qui s’applique sur nous ? Quel est l’intérêt d’être juste si en tournant cet anneau je peux me rendre invisible et ainsi assouvir mes plus grands désirs, mes plus grandes volontés en toute impunité ? Gygès profite de ce cadeau par exemple pour tuer le Roi dans le but de prendre son pouvoir. Rien ne peut lui arriver puisque les lois ne peuvent s’appliquer, du moins tant qu’il a ce pouvoir d’invisibilité. Il ne s’agit cependant pas d’un pouvoir d’invincibilité : de ce fait, à tout moment, ce pouvoir peut prendre fin. La conclusion de Glaucon est de dire que la justice est une contrainte à la réalisation des désirs : sans elle, chacun serait libre. Sans ce pouvoir d’invisibilité, personne n’est libre étant soumis à la justice et ainsi aux lois. Visiblement, selon Glaucon, le mythe de Gygès appuie parfaitement sa thèse : en se rendant invisible, il est libre de ses choix et de ses actes mais dans la mesures où elles restent secrètes. Personne ne connaît, dans cette perspective, l’auteur des actes. De ce fait, aux yeux de la loi il reste condamnable. Il est certes libre désormais, mais n’utilise pas cette liberté à bon escient : il effectue de mauvais choix, qui vont à l’encontre de la société et à l’encontre de la population qu’elle compose. Ainsi, si tout le monde était libre, le monde serait dans un chaos. Du moins si tout le monde se comportait comme Gygès. Il transforme ce don, ce cadeau presque divin en un objet de crime, de meurtre. Quand il fait ce qu’il souhaite, que ce soit bon ou mauvais, il se rend compte que la justice est superflue, qu’elle encombre. Le berger comprend assez rapidement que par cet anneau, il peut s’en décharger. Par le recours au

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