Jacques Le Fataliste

tion est suivie d'une non-réponse → par hasard, comme tout le monde (1-2) = souligne la banalité, le conformisme et le déterminisme de la rencontre / que vous importe? (2-3) = une question réfutant la question / du lieu le plus prochain (3) / est-ce que l'on sait où l'on va? (4) = aucune information / le maître ne disait rien; et Jacques disait que son capitaine disait que...(5 à 7) = un réel contenu avec un double discours indirect

– à la fin, il veut briser l'illusion romanesque , Diderot refuse de nous informer davantage et nous amène à nous interroger sur la nature de l'illusion romanesque, nous privant de tous les repères (comme au théâtre) → vous voyez, lecteur, que je suis en beau chemin et qu'il ne tiendrait qu'à moi de vous faire attendre un an, deux ans, trois ans, le récit...(49 à 58) avec l'emploi du conditionnel qui met en valeur son pouvoir de mener le récit = faire ce qu'il veut → marier le maître, le faire cocu, embarquer Jacques pour les îles (53 à 55) + la conclusion → qu'il est facile de faire des contes! (56-57) = son extraordinaire capacité d'invention

b) L'insertion d'un dialogue théâtral:

– passage du style indirect au style direct: – cf: indication régulière des personnages qui parlent, l'utilisation de tous les indices du dialogue direct → tirets, noms des personnages

– cf: emploi des 1° et 2° personnes pour désigner le locuteur et son interlocuteur

– cf: emploi du présent d'énonciation dans des répliques très brèves (comme dans la comédie) où l'un des personnages sert de faire valoir à l'autre – cf: imbrication des différents niveaux de récit = 1° récit = histoire entre Jacques et son maître, récit d'une rencontre au passé, à l'imparfait (1-2) et poursuite du récit (5)

2° récit = histoire de Jacques (16)

3° récit = histoire des amours de Jacques (42): le lecteur croit naïvement que la phrase → c'était l'après-dîner: il faisait un temps lourd est le début des histoires de Jacques mais il est pris au piège

=> Dès le début, Diderot brouille les pistes en retirant de nombreux repères. Cependant, l'auteur nous livre un certain nombre d'informations correspondant au roman traditionnel

II. Un incipit traditionnel:

1°) Présence des personnages:

a) Le capitaine: auquel Jacques est soumis; personnage déterministe → mon capitaine ajoutait que chaque balle qui partait d'un fusil avait son billet (9-10)

b) Le maître: personnage silencieux → le maître ne disait rien (5) = pas une idée approfondie du personnage; ses répliques servent à faire parler Jacques et donc à faire progresser le récit

c) Jacques: un vrai meneur de jeu: c'est lui qui entame le récit de sa vie passée → tandis que je m'enivre (16), qui mène le dialogue, énonce les théories de base du déterminisme => personnage qui a une véritable présence, une épaisseur, des convictions, il croit en quelque chose, à ce que croit son capitaine et semble prêt à défendre son point de vue

=> Dès le début du roman, nous sommes confrontés à 2, voire 3 histoires: le voyage de Jacques et son maître qui sont en chemin quand il commence, les amours de Jacques qui commencent par l'épisode de sa fuite et son engagement

2°) Le narrateur: il y a 2 narrateurs, celui qui joue avec le lecteur (1 à 5) + (49 à 58) = sûrement Diderot, donc n'importe quel auteur de roman, celui qui provoque; et Jacques, qui raconte ses amours, ses propres aventures et qui montre de quelle manière il est dépendant de son déterminisme et du hasard

III. Une réflexion philosophique:

1°) Le déterminisme:

– le hasard: exprimé de manière directe → par hasard (1) / à tout hasard (41) / tous les hasards (53) et de manière indirecte à travers l'énoncé de faits qui ne semblent pas avoir de justification → est-ce que l'on où l'on va?(2) / un régiment passait (20) = intrusion soudaine et aléatoire

2°) La liberté et l'aspect romanesque:

– liberté du narrateur «puissant» ( questions du début) + liberté d'inventer → il ne tiendrait qu'à moi (50) / qu'est-ce qui m'empêcherait (53)

– liberté de Diderot = brouillage des pistes, beaucoup de fantaisie, mélange des dialogues, questions et réponses provocatrices