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L'histoire du monde

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qu’ils étaient conscients d’une belle continuité historique. Que trouverait-on dans la tête de leurs enfants (du moins de ceux qui n’ont pas fait Normale) ? Un chevalier du Moyen Âge en armure, chevauchant en guise de cheval une fusée interplanétaire, dans un lieu indéterminé ! Un film à épisodes, Le Seigneur des Anneaux, épopée qui ne se déroule nulle part, témoigne par son succès même de l’ignorance générale. Ce n’est pas la faute de nos contemporains si on a négligé de les renseigner sur les faits et sur les lieux. Une mode contraignante a voulu remplacer l’étude de l’histoire chronologique par celle de thèmes qui chevauchent les siècles, du genre « les moyens de transport à travers les âges ». Quant aux lieux, ils se valent tous pour des techniciens pressés qui ne veulent plus tenir compte des sites, les villes actuelles alignant partout les mêmes tours de verre. Dans ce tohu-bohu, les paysages s’estompent, les cultures se dissolvent, les histoires collectives s’effacent. Ce salmigondis fait disparaître ce qui permettait aux individus d’effectuer l’inventaire de leur héritage. Ajoutez à cela un mépris boursier du long terme et le culte de l’« immédiateté », et vous comprendrez que notre modernité fabrique davantage de consommateurs-zappeurs interchangeables et de « fils de pub » que de citoyens responsables, désireux de comprendre et de construire. Or, qu’on y prenne garde : le rôle majeur d’une civilisation est de transmettre un dépôt à ses enfants, à charge pour ces derniers de contester, de dilapider ou de faire fructifier cet héritage. Quand le jeune israélite, dans la nuit de Pâque, interroge rituellement les adultes qui l’entourent sur le sens du rite célébré, les adultes, non moins rituellement, lui répondent par le récit de la libération du peuple juif hors de l’esclavage égyptien. Il s’agit là, exprimé d’une manière saisissante dans le repas pascal du judaïsme, de l’acte fondateur de l’éducation. Ce n’est pas pour rien qu’un Pol Pot, au Cambodge, a voulu détacher radicalement les Khmers de leur passé : il savait ce qu’il faisait. Car, sans cette interrogation du disciple au maître, sans cette transmission des maîtres aux nouveaux venus, il ne subsiste plus de civilisation, mais seulement de la barbarie ; il ne subsiste même plus d’espèce humaine, ce que nous soulignerons en évoquant la préhistoire. Cette conviction nous a poussés à tenter de raconter l’histoire des hommes. Nous savons que d’innombrables professionnels très érudits sur telle ou telle question écrivent quantité d’ouvrages, publiés chaque année (par exemple chez notre éditeur) et pour la plupart excellents ; mais ces historiens traitent de problèmes pointus, d’époques précises, de personnages isolés. Et nos contemporains – qui n’ont pas appris à l’école la chronologie – ne trouvent aucun équivalent actuel du « Malet-Isaac » (il est vrai, réédité en poche, mais ce manuel supposait connu un enseignement d’histoire qui n’est plus dispensé). Aujourd’hui, les gens ont des difficultés pour comparer les questions entre elles, pour se situer eux-mêmes dans la chaîne des temps. Or, sans point de comparaison, il n’est plus de problèmes compréhensibles, nous explique Malraux dans ses Anti-mémoires. « Penser, c’est comparer », écrit-il. Est-il possible en effet de déchiffrer l’actualité sans références historiques, les événements les plus actuels s’enracinant toujours dans le long terme ? Comment situer par exemple les guerres d’Irak sans avoir entendu parler de la Mésopotamie ? Faute de repères chronologiques et géographiques, les journaux télévisés de « vingt heures » se transforment en histoires fantastiques, en épisodes du Seigneur des Anneaux. Leurs images nous choquent sans nous concerner. Aujourd’hui, on voit tout, tout de suite, en direct, mais on ne comprend rien. On trouve en librairie d’excellents dictionnaires historiques ; mais pour consulter un dictionnaire, il faut savoir par où y entrer. On trouve sur les écrans d’Internet à peu près tout ce qu’on y cherche ; mais sur la « toile », sur le « web », coexistent le meilleur et le pire, et sans culture générale il devient difficile de distinguer l’un de l’autre. D’où l’idée simple, ambitieuse et modeste à la fois, d’écrire un livre assez court qui soit un récit de l’histoire du monde ; récit forcément incomplet, orienté par le point de vue de ses auteurs, contestable donc, mais fermement chronologique. Pour reprendre le titre d’une collection célèbre, « L’histoire racontée à ma fille ou à mon fils » – davantage, ici, à tous les lecteurs qui souhaitent « s’y retrouver », et situer leurs destins personnels (pour lesquels d’innombrables « psys » leur proposent leurs services) dans la grande histoire collective, héroïque et tragique, absurde ou pleine de sens, de l’espèce humaine. Nous avons voulu « raconter » un récit chronologique ; un conte, certes, et le plus passionnant qui soit (la réalité dépassant la fiction), mais appuyé sur le réel et non sur les fantasmagories de la littérature fantastique (genre littéraire que l’on peut apprécier, mais seulement si l’on sait qu’il est « fantastique »). Ce livre n’est pas un livre de savants. Il se veut une espèce de résumé de l’histoire de l’humanité ; rudimentaire, mais plein de rapprochements surprenants et de questions impertinentes ; conte vrai où le lecteur pourra trouver des interprétations discutables de faits qui ne le sont pas. Il est destiné à tous » à l’exception des historiens de métier.

La préhistoire

L’aventure des hommes commence bien avant leur histoire. On peut faire l’histoire des peuples qui ont écrit. Avant l’invention de l’écriture, nous ne disposons sur nos ancêtres que de documents archéologiques : ossements, outils, peintures ; ensuite seulement, nous pouvons lire ce qu’ils racontaient d’eux-mêmes. Or l’écriture est utilisée depuis environ six mille ans. C’est dire que la préhistoire est beaucoup plus longue que l’histoire. La Terre est une planète rocheuse située à bonne distance d’une étoile moyenne, le Soleil, semblable à des milliards d’autres étoiles. Sur la Terre, la vie est née et s’est développée il y a plus de quatre milliards d’années, profitant de l’abondance d’eau (les océans recouvrent les trois quarts du globe) et de l’existence d’une atmosphère dense et azotée. La vie existe certainement ailleurs, sur des planètes gravitant autour d’étoiles calmes, mais nous ne l’avons jusqu’à maintenant rencontrée que chez nous, malgré nos sondes spatiales. Des extraterrestres vivent peut-être dans l’immensité du cosmos, mais nous n’avons aucun indice qu’ils aient jamais visité notre monde, aucune des « preuves » de leur passage éventuel ne résistant vraiment à l’analyse scientifique. Même sans visiter la merveilleuse « galerie de l’Évolution » du Muséum d’histoire naturelle de Paris, on peut constater que sur la Terre les plus performants des animaux ont été les primates, famille à laquelle nous appartenons. Les primates, ce sont tous les singes, petits ou grands. Il reste encore sur la Terre d’autres grands primates que nous : les chimpanzés, les gorilles, les orangs-outangs. Ce ne sont pas nos ancêtres, mais nos cousins. Nos ancêtres étaient de grands primates aujourd’hui disparus : sinanthropes, pithécanthropes, etc. Les mammifères sont les plus développés des animaux, en particulier grâce à leur mode de reproduction dans le sein des femelles, in utero, par lequel les œufs sont beaucoup mieux protégés que les œufs des serpents ou des oiseaux. Les primates sont les plus intelligents des mammifères. La vie progresse par sélection naturelle, les moins adaptés étant éliminés. Or l’intelligence est le meilleur critère de sélection. Une trop grande spécialisation n’est pas un avantage. Un éléphant est formidable, mais ses défenses l’encombrent. Un cheval va très vite, mais il n’a pas de cornes. Le tigre est une extraordinaire machine à tuer (comme tous les félins), mais comme il n’a pas beaucoup d’efforts à faire pour se nourrir, il est assez bête. Les primates n’ont pas de défenses, courent moins vite que le cheval, et sont nus face aux lions, mais ils triomphent des prédateurs par leur astuce. Encore faut-il que cette intelligence puisse s’inscrire dans l’environnement : les mammifères marins (baleines, dauphins) sont très intelligents, mais ils n’ont pas de mains. Les primates ont des mains. Pourquoi ? Parce qu’ils vivent dans les arbres et que, pour habiter les arbres, il faut pouvoir s’y accrocher. Les primates sont donc quadrumanes. Leurs mains leur ont donné d’énormes possibilités d’action. Les espèces animales changent par mutation génétique, la sélection naturelle éliminant les mutants inadaptés. Après des milliards d’années de mutations et de sélection, les grands primates étaient à l’ère quaternaire les plus adaptables des animaux : moins forts que les éléphants, moins fauves que les tigres, moins rapides que les chevaux, mais aptes à tout. De ce propos on peut déduire que, s’il existe quelque part dans la galaxie d’autres « humanités », elles ont toutes les chances de ressembler à la nôtre : un gros cerveau, des mains, pas trop de spécialisation… L’étude de la préhistoire mobilise des milliers de savants et de chercheurs. Nous n’avons pas la prétention ici d’entrer dans les détails – paléolithique inférieur, moyen ou supérieur, mésolithique, etc. -, mais de faire réfléchir sur

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