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Les fleurs du mal de Baudelaire

Dissertation : Les fleurs du mal de Baudelaire. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  8 Février 2022  •  Dissertation  •  3 525 Mots (15 Pages)  •  478 Vues

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Dissertation

Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire

« Chaque époque s’est emparée sans vergogne du recueil scandaleux pour essayer d’y lire ses obsessions ou ses interrogations, qui étaient d’ailleurs le plus souvent celles de la jeunesse des écoles, si bien que, contre la volonté proclamée de Baudelaire, qui avait solennellement, et à plusieurs reprises, dénoncé « l’hérésie de l’enseignement », Les Fleurs du Mal sont devenues, par une étrange ironie, le livre propédeutique par excellence » écrit Alain Vaillant dans Baudelaire, poète comique. Aussi, Baudelaire et son recueil sont étudiés pour de bonnes raisons : ils clament tous deux leur modernité. C’est cette dite modernité qui vaudra au recueil d’être amputé de certains de ses poèmes lors du procès des Fleurs du mal en 1857. Toutefois, comme l’écrit Vaillant, cela n’empêchera pas le succès immédiat mais également intemporel du recueil tout comme de son auteur. Baudelaire devient alors la figure du poète moderne par excellence et nombreux sont les auteurs et critiques à s’intéresser à son travail. En ce sens, Marielle Macé déclare dans un article intitulé « Le navire Baudelaire » : « Peut-être le poète est-il justement devenu, avec Baudelaire, celui qui prend la responsabilité des formes, qui en accepte la charge. Celui qui prend la responsabilité des formes poétiques, mais aussi celle des formes de la vie et des conditions faites, dans son propre « monde » (c’est décidément son mot), à l’expérience. » Ainsi, Baudelaire est possiblement l’instigateur de nouvelles formes en poésie et c’est ce que traduisent les modalisateurs que M. Macé utilise dans son propos (« peut-être », « justement »). Ses dires invitent à creuser en cette direction, à tâcher de vérifier cela. S’il est bien cet instigateur, il est évident que ses successeurs s’inspirent de lui, pensons à Rimbaud ou Verlaine par exemple. Si c’est lui qui « prend la responsabilité », il va alors devoir faire des choix, c’est ainsi que cela doit être ; et ces choix auront nécessairement des conséquences sur l’avenir du genre, du recueil ou de l’homme qu’il est. En mettant en place, en créant ces nouvelles « formes » il créé petit à petit son « monde » qui sera constitué de sa poétique propre, de ses choix et de ses responsabilités. Baudelaire ne prend pas toutes les responsabilités lors de l’écriture des Fleurs du mal, il puise également l’inspiration chez d’autres qui l’aideront également à créer son « monde ». Charles Baudelaire est un tournant dans la poésie du XIXe siècle ; il va traiter des sujets encore jamais traités, va s’intéresser aux formes de son recueil, qu’elles soient poétiques, de la vie ou encore la forme même de son recueil. En faisant ce travail si complet, il influence les autres poètes et écrivains qui prennent « avec Baudelaire » leur responsabilité vis-à-vis de leur travail.

        L’enjeu est alors de comprendre dans quelle mesure, le recueil des Fleurs du mal de Baudelaire met en avant des formes sous différents aspects en en prenant la responsabilité, alors même que ce recueil puise également son inspiration chez d’autres. Pour répondre au problème, nous allons d’abord voir que Baudelaire dans son recueil met en avant de nouvelles formes et en prend les responsabilités. Mais cette idée ne suffit pas et nous verrons alors que ces nouvelles formes sont souvent influencées par d’autres et qu’ainsi Baudelaire n’en est pas responsable. Toutefois Baudelaire « prend la responsabilité » de mettre en avant d’autres sujets que les « formes » pour créer son propre « monde » et c’est ce qui sera étudié ensuite.

En effet, Baudelaire dans Les Fleurs du mal met en avant de nouvelles formes et il en prend l’entière responsabilité. Ainsi, il commence avec les formes poétiques et notamment avec le sonnet dont on peut souligner l’irrégularité dans le recueil. D’origine italienne, le sonnet est illustré au XIVe siècle en Italie avec Pétrarque et il est pratiqué en France au XVIe siècle par Ronsard et tous les poètes de la Pléiade. Bien qu’il ait été prisé à l’époque classique, son succès n’en demeure pas moins grand au XIXe siècle. Pour rappel, le sonnet est la forme fixe la plus célèbre, mais également la plus exigeante puisque ses règles sont rigoureuses. En effet, il est composé de deux quatrains et de deux tercets, donc de quatorze vers. Un sonnet régulier possède des rimes embrassées (abba, abba, ccd, ede). On trouve ainsi un exemple rigoureux du sonnet italien dans le poème « parfum exotique » (XXII), mais ils sont peu de ce genre dans le recueil de Baudelaire. Ainsi, la majeure partie des sonnets sont irréguliers. Baudelaire prend quelques libertés dans la forme de celui-ci. Tantôt, il modifie l’ordre des rimes dans les tercets « La vie antérieure » (XII) « calmes/splendeurs/odeurs /palmes/approfondir/languir), tantôt dans les quatrains « La Mort des amants » (CXXI) « légères/tombeaux/étagères/beaux/dernières /flambeaux/lumières/jumeaux). Il est évident que ce ne sont que des irrégularités mineures, mais elle change la forme poétique contraignante qu’est le sonnet originellement. Ce changement de forme met en avant le changement du rythme que se doit d’avoir le sonnet ; ainsi, en changeant l’alternance des rimes, Baudelaire change également toute la musicalité de son sonnet. Parfois, le poète prend la responsabilité d’entreprendre des irrégularités beaucoup plus importantes que celle que nous venons d’exposer. Effectivement, il construit les deux quatrains du sonnet sur des rimes différentes. Là où l’on s’attendrait à ce que des rimes soient croisées au lieu d’être embrassées, nous faisons face à des rimes embrassées non plus similaires entre les deux quatrains, mais bien différentes. C’est le cas dans le poème « Les Chats » (LXVI) ; on retrouve dans le premier quatrain les rimes suivantes « austères/saison/maison/sédentaires » et dans le second quatrain « volupté/ténèbres/funèbres/ fierté ». En choisissant de rompre une nouvelle fois les contraintes énoncées par Pétrarque, Baudelaire rompt avec l’effet de stabilité qu’est censé nous procurer le sonnet. Enfin, bien que le poète des Fleurs du mal ait recours à la forme la plus contraignante qu’il soit en poésie, il use de multiples libertés pour créer son art en associant tradition, grâce à l’utilisation de cette forme presque ancestrale, et modernité, lorsqu’il lui donne de nouvelles formes. Il respecte à la fois les contraintes, mais en créer également de nouvelles.

D’autres formes présentes dans Les Fleurs du mal ne sont pas sans rappeler d’autres poètes, mais qui excelleront après Baudelaire. Ainsi, la présence de vers impairs nous rappelle Verlaine. Ce dernier n’est ni un ancêtre ni un contemporain, car les poèmes de Verlaine datent des derniers écrits de Baudelaire. En outre, Verlaine a été influencé par Baudelaire et on trouve dans Les Fleurs du mal des éléments qui annoncent ce que sera la poésie de Verlaine, majoritairement reconnu pour ses vers impairs. On prendra ici à témoin deux poèmes de Baudelaire : « À une mendiante rousse » dans les « Tableaux parisiens » (LXXXVIII) et « L’invitation au voyage » (LIII) dans la section « Spleen et Idéal ». Le premier poème est composé de quatorze quatrains et de cinquante-six vers dont les trois premiers vers de chaque quatrain sont des heptasyllabes.

« Blanche fille aux cheveux roux,

Dont la robe par ses trous

Laisse voir la pauvreté

Et la beauté, »

« L’invitation au voyage » composé de trois fois douze vers, coupés par deux vers s’assimilant à deux refrains, est quant à lui composé de pentasyllabes et d’heptasyllabes.

« Mon enfant, ma sœur,

Songe à la douceur

D’aller là-bas vivre ensemble !

… »

Évidemment rares dans le recueil, ces vers impairs ouvrent la voie à la poésie que sera celle de Verlaine qui juge plus propres les mètres impair que le pair à exprimer la musicalité du vers « De la musique avant toute chose/ Et pour cela préfère l’impair ». Ainsi, Baudelaire, de par cette forme a ouvert une brèche poétique dans laquelle Verlaine excellera. Ce dernier dédicacera d’ailleurs certains de ses poèmes à Baudelaire notamment « Liturgies intimes ».

Les formes poétiques ne sont pas les seules formes présentent dans le recueil de Baudelaire. En effet, il met également en avant la vie sous ses différentes formes. Nous pouvons évoquer dans un premier temps les formes de la ville qui parcourent tout son recueil. Il est évident que dans Les Fleurs du mal, Baudelaire rompt avec la nature et se tourne donc logiquement vers la ville et notamment Paris. Rappelons que le motif de la ville n’est que rarement voire pas du tout utilisé en poésie. Il y évoque les différentes formes de cette capitale en travaux qu’il compare à une « fourmillante cité », groupe nominal par lequel il ouvre le poème « Les Sept vieillards » (XC). Baudelaire évoque notamment les formes en croix qui sont omniprésentes dans le recueil : on peut ici penser aux carrefours qui sont le symbole du choc social souvent imprévus. Ce choc se retrouve également dans la prosodie avec l’adverbe « tout à coup » (p.139 « Les Sept vieillard ») qui vient perturber la métrique. Les formes linéaires que l’on retrouve dans le recueil peuvent également être personnifiées par les Grands Boulevards de la capitale que Baudelaire mentionne à plusieurs reprises. Les boulevards sont souvent rapprochés du motif de la marche qui est récurent en poésie. Ainsi, la marche dans Paris ressemble à un poème car très inégale. De plus, le rythme des syllabes est associé à la cadence de la marche. Les formes linéaires que sont les boulevards peuvent donc être rapprochées des formes poétiques que l’auteur choisit de mettre en avant. Outre les formes de la ville, Baudelaire met également en avant les formes tordues dans son recueil. Ces formes, bien que peu harmonieuses sont chez Baudelaire un motif qui revient dans plusieurs de ses poèmes. On pense notamment ici à deux poèmes que sont « Les Sept vieillards » (XC) et « Les Petites vieilles » (XCI). En conséquence, on comprend bien ici que les formes tordues qu’évoque le poète sont assimilées à des personnes d’un certain âge.

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