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Les vrilles de la Vigne, Colette

Fiche de lecture : Les vrilles de la Vigne, Colette. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  23 Avril 2023  •  Fiche de lecture  •  921 Mots (4 Pages)  •  798 Vues

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Les vrilles de la Vigne, Colette

Etude du textes « dialogue de bêtes » (p184-192)

Les vrilles de la vigne est un recueil de 23 textes, écrits par Sidonie Gabrielle Colette, dite Colette, largement autobiographiques abordant des thèmes très divers, tels que les animaux, la maladie, l'amour, des descriptions de lieux, des souvenirs. Le texte Dialogue de bêtes, extrait de ce recueil, a été initialement publié en 1904 sous le nom de Colette Willy, alors que ses précédents romans, écrits sous l’influence de son mari étaient uniquement signés du pseudonyme de celui-ci.  Elle cherche ainsi à se détacher de l’emprise de ce mari, qui l’a accompagné dans ses débuts d’autrice, introduite dans les salons littéraires et musicaux parisiens de la belle époque (elle y rencontre entre autres Marcel Proust ou Sacha Guitry auquel elle dédicace ce texte), et dont elle va bientôt divorcer. A cette époque, elle se produit sur les scènes de théâtre et de music-hall, menant une vie libre et anti-conformiste.

Ce texte se présente sous forme d’une saynète de théâtre, construite sur le dialogue entre deux personnages, le chien Toby-chien et la chatte Kiki-la-doucette, évoquant leur maîtresse « Elle » c’est-à-dire Colette. On y trouve ainsi des didascalies et le texte commence par une présentation du décor et des personnages : « A la campagne, l’été. Elle somnole, sur une chaise longue. Ses deux amis, Toby-Chien le bull, Kiki-la-doucette l’angora, jonchent le sable ». Les animaux y sont personnifiés puisqu’ils sont dotés de la parole et d’autres caractéristiques humaines « noble » (l 20), « théâtral » (l26), « rogue » ( l30), « attendrit » (l 44), « apitoyé » (l 98), « jaloux » ( l 155).

Ce dialogue fictif entre le chien et le chat oppose deux aspects de la vie de Colette :

Sa vie mondaine et parisienne est évoquée par Toby-chien qui décrit avec émerveillement et regret les soirées passées au music-hall « la ruche » lorsque Colette s’y produisaient : « Ah ! les belles soirées ! Ah ! mes succès ! Ah ! l’odeur du sous-sol aux Folies-Elyséennes ! Cette longue cave divisée en cabines exiguës, comme un rayon de ruche laborieuse et peuplée de mille petites ouvrières qui se hâtent, en travesti bleu brodé d’or, un dard inoffensif au flanc, coiffées de plumes écumeuses …» (l 13-39). L’effervescence de ce monde du spectacle est retranscrite par un rythme saccadé par les virgules et les points d’exclamation, une accumulation de détails, de couleurs et même de musiques, lorsque Toby reprend les paroles des chansons du spectacle. On y découvre une Colette différente, de celle qui somnole au début du texte : « Elle s’enfermait, abeille pressée, dans sa cellule, et commençait de se peindre le visage afin de ressembler aux beau généraux qui, au-dessus de nos têtes, martelaient la scène d’un talon indécis » et les propos de son chien montre à quel point il est facile de se laisser griser par cet univers : « … Mais rien n’égale, dans l’album de mes souvenirs, cette salle des Folies-Elyséennes, où chacun espérait ma venue, où l’on m’accueillait par une rumeur et de bravos et de rires ! … » (l 100-103).

Aux suppositions de Toby chien qui pense que sa maîtresse doit encore rêver de ce monde de paillettes, lumineux et moderne, « Pourtant, quand Elle rêve de longues heures, la tête sur son bras plié, je me demande si Elle n’évoque pas, comme moi, ces soirs lumineux de printemps parisien, tout enguirlandés de perles électriques ?... », Kiki-la-doucette décrit une autre réalité dont elle est la confidente : « Depuis que nous sommes ici, Elle s’est confiée, presque sans parole, à mon instinct divinatoire. » (l 167-168). Elle affirme au contraire que Colette a complètement tourné le dos à cette vie : « Son regard ne défie pas l’espace ; il y cherche, il y menace seulement l’intrus en marche vers sa demeure, l’assaillant de sa retraite… dirais-je sentimentale ? » (l 177-180). La cause de cette rupture étant « sentimentale », on comprend qu’elle cherche à s’éloigner de son mari. Pour se retrouver, elle ne désire rien d’autre que de revenir dans son univers natal : « Elle n’aime point l’inconnu, et ne chérit sans trouble que ce lieu ancien, retiré, ce seuil usé par ses pas enfantins , ce parc triste dont son cœur connaît tous les aspects» (l 32-35) et s’abandonner à la mélancolie avec délectation : « Elle se délecte d’une tristesse et d’une solitude plus savoureuse que le bonheur » (l 168-169) en contemplant la nature avec laquelle elle est en parfaite communion « Son esprit court, comme un sang subtil ; le long des veines de toutes les feuilles, se caresse au velours des géraniums, à la cerise vernie, et s’enroule à la couleuvre poudrée de poussière, au creux du sentier jaune… » (l 197-201)

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