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Mort de Monsieur de Cleves

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Par   •  4 Janvier 2022  •  Dissertation  •  2 022 Mots (9 Pages)  •  899 Vues

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Madame de Lafayette, La Princesse de Clèves

Tome IV de « Cependant M. de Clèves était presque abandonné des médecins. » à « de faux serments ou un aveu me feraient peut-être une égale peine. »

La Mort du Prince de Clèves

INTRODUCTION

Mme de Clèves fait à son mari l’étonnant aveu de l’amour qu’elle porte à un autre homme, sans le nommer (Tome III). Conséquence directe de cet aveu et de l’engrenage de la jalousie qu’il implique, la mort du prince de Clèves est d’une extrême importance pour la suite du roman. Ce n’est pas une péripétie extérieure qui la cause, elle est l’aboutissement logique du caractère passionné de M. de Clèves.

Le texte est le récit pathétique d’une dernière entrevue entre les deux époux, et porte également la marque de la tragédie d’une séparation.

  1. Un récit pathétique

Le texte relate les circonstances de la dernière entrevue entre M. de Clèves et sa femme. L’évocation de souffrances poignantes provoque la compassion : M. de Clèves est tourmenté physiquement et moralement, sa femme est accablée de chagrin.

  1. La souffrance et la mort

M . de Clèves est malade et le récit, bien qu’aucune description d’ordre physiologique ne soit donnée, montre la proximité de sa mort : « presque abandonné des médecins »l.1, « Un des derniers jours de son mal »l.1. De plus, son discours et ses déclarations amères montrent la conscience de son état : « Vous versez bien des pleurs (…) pour une mort… ». Conscience d’abord extérieure dans sa formulation  (article indéfini une), mais qui devient intérieure et traduit par sa répétition la solitude du personnage : « je meurs » l.12, « je mourrai » l.17, « ma mort » l.28…

Le réseau lexical est également tourné vers l’évocation de la souffrance. C’est bien sûr la souffrance de la maladie qui est décrite : « une nuit très fâcheuse » l.2, « je ne suis plus en état» l.10, « une voix affaiblie par la maladie et par la douleur »l.11. Mais c’est surtout la souffrance des passions qui prédomine : M. de Clèves est tourmenté par ses sentiments. Tout d’abord, la confusion qui l’anime l’empêche de « se reposer » l.3. L’antithèse exprimée sous la forme d’un parallélisme révèle ses « sentiments si opposés » l.6 à l’égard de sa femme : « son affliction, qui lui paraissait quelquefois véritable et qu’il regardait aussi quelquefois comme des marques de dissimulation et de perfidie » l.6-7. Et en effet, le prince est en proie à la torture de la jalousie. Ses sentiments sont évoqués de manière systématiquement hyperbolique : « il avait beaucoup d’inquiétude » l.3, « violent chagrin » l.5,  « si opposés et si douloureux » l.7-8, « cruel déplaisir » l.11, « la vie me ferait horreur » l.19, « cruellement » l.20, « violences » l.21… Ces hyperboles rendent compte du cri de la passion, cause de la souffrance et de la mort.

  1. Le cri de la passion

M. de Clèves avoue que ne pas connaître son malheur est infiniment préférable au fait de savoir que l’on est trompé : « Je vous aimais jusqu’à être bien aise d’être trompé (…)j’ai regretté ce faux repos dont vous m’avait tiré » l.14-15, dit-il à sa femme. C’est dire que l’amour du prince n’était pas seulement « de l’estime et de la tendresse » l.18. Pour la première fois, il révèle toute l’étendue d’une passion que la bienséance et la délicatesse lui faisaient cacher : « Elle a été au-delà de ce que vous en avez vu, Madame ; je vous en ai caché la plus grande partie par crainte de vous importuner, ou de perdre quelque chose de vote estime, par des manières qui ne convenaient pas à un mari. » l.22-24.La jalousie a détruit l’estime, mais pas la passion ; aussi c’est contre lui-même en quelque sorte que le prince retourne « des violences si opposées à mon humeur » l.21. Il meurt d’amour, mais sans apaisement, ce qui ressort d’ailleurs d’une antithèse doublée de deux oxymores : « la mort agréable » l.18 s’oppose à « la vie me ferait horreur » l.19. Cette double figure montre l’étendue de la douleur morale de M. de Clèves .

La description de la passion du prince de Clèves pour sa femme est éminemment pathétique également parce qu’elle est évoquée au passé, à cause de la proximité de la mort et pas parce qu’il ne l’aime plus: « je vous aimais » l.14, « une personne que j’ai tant aimée » l.20, « la passion que j’avais pour vous » l.21.

Il argumente sur la valeur de son amour, « je méritais votre cœur » l.24, « une passion véritable et légitime » l.26, qu’il oppose à celle supposée de M. de Nemours ou d’autres prétendants : « vous connaîtrez la différence d’être aimée, comme je vous aimais, à l’être par des gens qui, en vous témoignant de l’amour, ne cherchent que l’honneur de vous séduire » l.27-28.

Le cri de la passion est déchirant comme en témoignent d’ailleurs, dans le discours de M. de Clèves, la valeur fortement émotive des exclamations : « Ah ! Madame » l.39…

  1. L’injustice des accusations

La princesse de Clèves est décrite dans une attitude de profonde peine « le visage tout couvert de larmes » l.4. Mais à cette peine s’ajoute l’incompréhension devant les violentes accusations de son mari : « une mort que vous causez » l.9, « je meurs du cruel déplaisir que vous m’avez donné » l.11.Il y a dans les paroles du prince une volonté de culpabiliser la princesse et de la toucher au point sensible : sa sincérité, d’où le reproche de fausseté : « vous versez bien des pleurs » l.9, « la douleur que vous faites paraître » l.10.

Les griefs particuliers du prince éclatent ensuite dans une série d’interrogations douloureuses qui fustigent l’attitude de Mme de Clèves après l’aveu ; accusation de faiblesse, de faute morale « si votre vertu n’avait pas plus d’étendue pour y résister » l.14. Le reproche reste vague, l’accusation précise d’infidélité ne viendra qu’à la l.39 : « des nuits que vous avez passées avec M. de Nemours » car M. de Clèves souffre d’être amené à parler en termes durs de sa disgrâce. L’injustice l’aveugle au point qu’il en vient même à reprocher à sa femme l’aveu qu’elle lui a fait : « Que ne me laissiez-vous dans cet aveuglement tranquille dont jouissent tant de maris ? » l.15-16. 

Les nombreuses interrogations du prince (l.13, 14, 16, 21, 39, 40) sont d’ailleurs oratoires et montrent sa souffrance et son indignation. Même si la princesse est présente, ces questions s’adressent plus au prince lui-même et ne souffrent pas de réponse : « N’en dites pas davantage, interrompit M. de Clèves » l.44.

M. de Clèves se révèle être le héros souffrant du roman. Il aime son épouse d’un amour fou mais elle ne partage pas sa passion même si elle l’estime et l’apprécie. Ainsi ce mariage entraînera un malheur permanent pour lui causé par l’insatisfaction d’une passion qui n’est pas réciproque. Par sa noblesse morale, sa délicatesse, son humanité qui ne lui épargne pas les souffrances de la jalousie, M. de Clèves gagne la compassion du lecteur.

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