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Philosophie Cour Sur Le Language

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'utiliser à diverses fins (donner un ordre, écrire des poèmes, etc.), ils maintiennent cependant le plus souvent, comme G. Mounin, que « la fonction communicative est la fonction première, originelle et fondamentale du langage, dont toutes les autres ne sont que des aspects ou des modalités non-nécessaires ».

Mais cette façon de décrire le langage ne doit-elle pas être questionnée ?

2. Le langage n'est pas un « instrument » dont la « fonction » serait de communiquer

a. La communication est une fonction que le langage remplit souvent bien mal

Combien de fois en effet, voulant exprimer une idée nouvelle, un sentiment particulier, nous sommes nous exclamés : « je n'arrive pas à dire ce que je ressens ».Souvent, le langage semble en effet incapable de communiquer ce que nous voulons dire, et ce pour deux raisons :

1) le langage n'est que conventionnel, de sorte qu'il ne peut jamais représenter avec exactitude nos pensées ou sentiments ;

2) les mots sont généraux, de sorte qu'ils ne disent pas ce qu'il y a de particulier dans ce que nous cherchons à exprimer.

b. Le langage n'est pas un instrument

Le langage n'est pas à vrai dire un « outil » extérieur à moi que j'utilise dans un but déterminé (comme on utilise un marteau pour planter un clou).

Pour le comprendre, il suffit de se référer à la façon dont nous expérimentons le langage : quand j'écoute quelqu'un parler, je n'ai pas à m'interroger longuement pour savoir quelles pensées me sont ainsi communiquées dans les mots, je n'ai pas à « traduire » ces mots en idées ; mais le sens, les idées me sont données instantanément dans et par les paroles mêmes de l'autre.

Le langage n'est pas un instrument extérieur à nous ; par suite, il ne saurait être défini par une fonction unique – et moins que toute autre peut-être par celle qui consisterait à « communiquer ». Comment alors déterminer la nature du langage ?

3. Les multiples fonctions du langage humain

a. Le langage ne sert pas à communiquer notre pensée : il est cela même qui la constitue

Tant qu'elle n'est pas mise en mots, organisée sous la forme d'énoncés clairs,notre pensée demeure floue ou évanescente : « abstraction faite de son expression par les mots, notre pensée n'est qu'une masse amorphe et indistincte », écrit en ce sens le linguiste Ferdinand de Saussure, « prise en elle-même, la pensée n'est qu'une nébuleuse où rien n'est délimité. Il n'y a pas d'idées préétablies, et rien n'est distinct avant l'apparition de la langue ».

Autrement dit, la pensée ne précède pas le langage ou les mots, qui ne serviraient qu'à l'extérioriser dans un second temps : mais c'est dans et par les mots qu'elle se constitue. C'est pourquoi Hegel dira que « c'est dans les mots que nous pensons », et que « vouloir penser sans les mots est une tentative insensée ».

b. Par là, le langage structure notre perception du monde

Les anthropologues E. Sapir et B. L. Whorf ont montré que des langues différentes entraînent des conceptions ou des perceptions du monde différentes (c'est la thèse de la « relativité linguistique ») : des peuples qui n'ont qu'un seul mot pour désigner l'ensemble des nuances qui vont du bleu au vert n'auront pas exactement la même perception du monde que nous, pour qui un objet « bleu » est absolument différent d'un objet « vert ». Aussi des peuples qui ont une multitude de mots pour désigner ce que nous considérons comme un seul et même objet (ainsi des Esquimaux qui ont un vocabulaire très riche pour distinguer les diverses sortes de neiges) auront-ils une perception du monde plus riche et variée que la nôtre.

c. La fonction créatrice, ou poétique, du langage

Disposer d'un mot nouveau, c'est disposer d'une idée nouvelle : ainsi le mot « animal » permet de disposer de l'idée abstraite d' « être vivant », regroupant toute la diversité des animaux connus.

Et le poète (dont le nom vient d'ailleurs du mot grec poïèsis : fabrication, production, création) est celui qui est capable de faire surgir en nos esprits des représentations de ce qui pourtant jamais n'exista ; c'est ce que tente nous faire comprendre le poète Mallarmé dans les vers suivants :

« Je dis : une fleur ! et [...] musicalement se lève, idée même et suave, l'absente de tout bouquet. » (Divagations).

Ecrire ou prononcer ce simple mot : « une fleur », fait surgir l'idée de cette fleur qui pourtant ne fut jamais présente en aucun bouquet auparavant rencontré.

d. L'usage « appellatif », ou « performatif »

L'usage « appellatif » ou « performatif » du langage consiste à provoquer en autrui un sentiment, une action ou une réaction. Ainsi quand le général d'une armée crie à ses hommes « à l'attaque ! », il ne cherche pas tant à communiquer avec eux, qu'à les faire agir : le langage implique une dimension de pouvoir sur autrui.

C'est ce qu'avaient bien compris les sophistes de l'Antiquité (que critique Platon), qui

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