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n d'exclamations et d'interjections qui ressemblent à des cris de souffrance (« Non ! » ; « oh ! ») et d'interrogations dans lesquelles il apostrophe ceux qui ont pu connaître la douleur du deuil d'un enfant : « Pères, mères […] / Tout ce que j'éprouvais, l'avez-vous éprouvé ? ». Le poète recourt également au discours direct, et rend ainsi sensible au lecteur une souffrance qui confine à la folie : « Tenez ! voici le bruit de sa main sur la clé ! » Le poème de René-Guy Cadou (texte 2) évoque une rencontre et la naissance du sentiment amoureux à travers un jeu complexe d'analogies, mêlant comparaisons (« Je t'attendais ainsi qu'on attend les navires »), allégories (« cette solitude / qui posait ses mains de feuilles »), métaphores (« pas brûlant ») et personnifications (« ces millions d'astres qui se levaient »). On observe également un abondant lexique de la nature, notamment celui du monde végétal : « blé » ; « herbe » ; « feuille », associé au motif de l'eau (« pluie » ; « vin ») ou à l'idée de son absence (« sécheresse » ; « sèche » ; « brûlant »). Le poème de Tardieu exprime, au moyen de tournures grammaticales et verbales, le lien amoureux autour du thème de la rupture (« je partirai ») et de l'absence (« tu n'es pas là »). Derrière la fantaisie verbale − le poète s'amuse à décliner des verbes et à jouer avec diverses tournures de phrases −, le poète interroge (« interrogations ») les rapports amoureux, les diverses formes de « conjugaisons » entre les hommes, notamment entre lui et l'être aimé. Pour cela, il construit son poème sur un système de répétitions et de variations légères (« Toi tu es là Est-ce que tu es là ? Quelquefois tu n'es pas là. »). Dans la dernière strophe, l'anaphore de la tournure interrogative « Est-ce que […] ? » trahit, au-delà du jeu verbal, l'angoisse obsessionnelle du poète. Dans son poème (texte 4), Eluard attribue une fonction différente à la poésie : le lyrisme est bien présent, mais il est mis au service d'un engagement politique clair et d'un appel à la résistance contre l'oppresseur. Pour cela, il a recours à l'anaphore « Au nom de » et au lexique de l'émotion : « larmes » ; « plaintes » ; « rires » ; « peur ». La femme aimée est également évoquée sous la forme d'un blason : « front » ; « yeux » ; « bouche ». L'idée de révolte est, quant à elle, exprimée par la métonymie « se lever le fer ».

On peut donc voir que le lyrisme poétique, dans sa variété, permet d'exprimer des sentiments personnels, mais qu'il peut également devenir parole d'engagement dans le réel.

Travaux d'écriture

Sujet 1 : commentaire de texte

Introduction

L'œuvre du poète René-Guy Cadou est résolument marquée par la célébration d'Hélène, qui fut, dans les dernières années de sa courte existence, sa femme et sa muse. Dans l'un des Quatre poèmes d'amour à Hélène, le poète évoque au passé cette rencontre vitale avec l'être aimé et la transformation de son existence. En quoi cette évocation lyrique, adressée directement à la femme aimée, prend-elle la dimension d'un hymne amoureux ? Nous nous intéresserons d'abord à la manière dont le poète rend compte de sa rencontre avec la femme aimée. Nous nous demanderons ensuite comment le poète associe cette femme au monde.

I. Rencontre avec l'être aimé et naissance du couple

1. Une quête amoureuse

Ce poème est marqué par le motif de la quête amoureuse. Les deux premières strophes s'ouvrent ainsi sur une déclaration à la femme aimée qui traduit, à l'imparfait duratif, l'idée d'une frustration que seule l'arrivée de l'être désiré pouvait combler : « Je t'attendais ». La comparaison de cette attente avec celle des « navires » ouvre d'ailleurs sur l'idée d'un voyage : le poète semble prendre acte de l'altérité radicale de la femme attendue, identifiée implicitement à un autre « continent ». Pour autant, la quête du poète n'est pas immobile : la deuxième strophe suggère au contraire un mouvement obsessionnel, un espace terrestre investi dans sa totalité, comme le souligne la répétition de l'indéfini inscrite dans un trimètre régulier : « Je t'attendais // et tous les quais // toutes les routes ». Dans les deux vers suivants, un rejet met en valeur l'unique objet de cette quête, la préposition, suivie du pronom désignant la destinataire, soulignant encore l'idée de mouvement : « qui s'en allait / Vers toi ». À travers ce motif du voyage vers l'autre, le poète semble vouloir donner à son histoire d'amour un caractère prédestiné.

2. Un amour prédestiné

Ce poème d'amour est structuré par deux mouvements. Le poète évoque d'abord le temps de l'attente de la femme aimée (« Je t'attendais »), puis celui de l'union avec elle. Le temps de l'attente est marqué par l'idée que l'amour du poète préexiste à l'union qui va les lier, comme le suggère l'image qui ouvre le poème : « ainsi qu'on attend les navires ». Cette comparaison donne l'impression d'une certitude, comme si l'être aimé, bien qu'encore inconnu, devait arriver à une date donnée. L'idée de fatalité amoureuse est confirmée avec plus de clarté dans la seconde strophe, à travers une analogie de la femme avec « une douce pluie » que le poète « portai[t] déjà sur [ses] épaules ». L'adverbe « déjà » indique l'intemporalité d'un sentiment qui aidait le poète à rester en vie (la pluie « qui ne sèche jamais » empêche le blé de brûler dans la « sécheresse ». Il s'agissait seulement pour le poète de reconnaître la femme de sa vie. La tournure emphatique « Et pourtant c'était toi » qui ouvre la quatrième strophe met en évidence l'unicité et la singularité de la femme aimée, qui, avant même d'être reconnue par le poète, bouleverse son univers, marqué par le dessèchement et la stérilité.

3. De la sécheresse au pétillement

La rencontre de la femme aimée modifie en profondeur l'univers du poète. Les deux premières strophes traduisent d'abord l'idée d'un espace sec et stérile : l'attente est une « sécheresse », le « blé » est peu fécond, « ne mont[ant] pas plus haut qu'une oreille dans l'herbe ». Le motif de la sécheresse, liée à un être desséché par le manque, se retrouve dans la strophe suivante à travers l'image du « pas brûlant », caractérisant la quête d'amour ardente du poète. La femme est alors identifiée au motif liquide : elle apparaît comme une « douce pluie » aux pouvoirs perpétuels (« qui ne sèche jamais »). Le thème de l'absence d'eau est complété par celui du faible mouvement : le poète met beaucoup de temps à dessiller ; c'est un long processus de reconnaissance, et la vibration amoureuse est d'abord fragile et ténue, comme l'indiquent l'image du remuement de « paupières » et la métaphore des traces de « pattes d'oiseaux dans les vitres gelées », qui rendent sensible l'idée de légèreté, mais aussi celle d'un sentiment encore figé dans le « gel », un « hiver » amoureux. Si les « paupières » évoquées appartiennent à la femme, il semble que l'éveil amoureux soit le fait du poète : son univers est bousculé par « un grand tapage matinal », et universel : le sentiment amoureux agit sur la totalité de l'être, comme le suggère le trimètre rythmé par la reprise anaphorique du déterminant « Tous » : « Tous mes oiseaux tous mes vaisseaux tous mes pays ». Dès lors, l'union devient ouverture (« les portes s'ouvraient ») ; le « t' » et le « je » se résolvent et se confondent en un seul pronom « nous » (« Nous allions tous deux enlacés »). La femme aimée éveille le monde intérieur du poète, sans doute parce qu'elle-même est en résonance avec le monde.

II. Une femme associée au monde

1. Femme associée à la nature

La femme aimée est associée à la nature. Ce motif est, dès la première strophe, lié à l'attente du poète, qui s'identifie à du « blé » qui « ne monte pas plus haut qu'une oreille dans l'herbe ». La destinataire est perçue implicitement comme un principe de vie, un élément vital, ce que confirme la comparaison du vers 8 avec « une douce pluie qui ne sèche jamais ». La métaphore végétale est également présente dans la troisième strophe, sous la forme de l'allégorie de la solitude : le poète semble, dans un premier temps, ne pas prendre la mesure de la vitalité de cette femme, qu'il perçoit d'abord comme une femme seule qui a besoin de « pos[er] ses mains de feuille sur [s]on cou ». Comme si le couple n'était d'abord vu que comme l'union de deux solitudes. L'entreprise de séduction féminine est également évoquée avec délicatesse par une métaphore qui identifie le mouvement de ses paupières en butte à l'indifférence du poète à des « pattes d'oiseaux dans les vitres gelées ». Cette subtile image poétique renforce l'identification

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