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Conférence Gruzinski

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rétations subjectives de ce qu’ils observeront chez d’autres civilisations, basées sur des notions ou des aprioris européens. Un exemple intéressant est le terme « Indiens » qui désignaient autrefois, selon les conquérants espagnols, les habitants des actuels Etats-Unis ; Christophe Colomb pensait arriver en « Inde », mais au fond, qu’était vraiment l’ « Inde » ? Ceci était une appellation européenne d’un territoire qui, sûrement, avait un nom complètement différent pour les autochtones. Mais aujourd’hui le terme européen est resté et désigne l’actuelle Inde.

On pourrait considérer cette appellation comme une « erreur historique ». Nombreux sont les historiens qui commettent des « erreurs historiques », dues à l’européocentrisme qui influence leur point de vue, et cela se reflète, volontairement ou inconsciemment, dans l’Histoire racontée au grand public ; par exemple, les Gaulois sont très souvent représentés, tant dans les films que dans les livres, avec une moustache plutôt fournie. Or, si l’on consulte des travaux d’historiens, on se rend compte que ceci est un préjugé[2].

Ainsi que le dit Richard Peet[3], la plupart de ces « erreurs historiques » ne sont pas involontaire ; je pense qu’elles sont le reflet de vices humains qui existent depuis la nuit des temps, comme la soif du pouvoir, l’essor économique, le contrôle sur les autres peuples, etc.

Un historien a toujours un point de vue personnel, aussi objectif qu’il veuille être, et cela se reflète dans son travail[4], donc sur les personnes qui le lisent.

Ainsi, il est par conséquent évident que la population occidentale ait une vision européocentrique du monde sans même le vouloir, car ce processus remonte à des générations d’historiens et il est, me semble-t-il, assez difficile de s’en débarrasser. Cependant, de plus en plus de spécialistes en histoire se rendent à l’évidence qu’ils doivent essayer tant bien que mal de faire abstraction de cet européocentrisme dans leurs analyses et leurs comptes rendus, et peut-être qu’un jour on découvrira alors des explications historiques complètement différentes de celles qui nous sont aujourd’hui offertes.

Peut-être que cela changera la vision du reste du Monde qu’ont les européens, et que ça aura des répercutions, concernant par exemple les relations internationales, la tolérance, le respect de la culture de l’autre, etc., qui se reflèteront dans un métissage de plus en plus important.

De nos jours, comme le dit Jacques Marseille[5], la politique influence bien souvent les différentes visions du reste du monde aujourd’hui présentes dans notre société occidentale, et notamment en ce qui concerne les « missions civilisatrices modernes» dont les Européens se disent chargées ; je pense par exemple au port du voile islamique qui a créé une gigantesque polémique en France cette année : comment faire la part des choses entre ne pas le tolérer car il fait partie de la culture arabo-musulmane et que la France est un pays laïc qui ne veut pas de distinction religieuse dans la vie quotidienne, et le tolérer car la France est « le » pays des droits de l’Homme et que la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme mentionne la liberté de culte pour chacun ; quoiqu’il en soit, ces deux points de vue sont inévitablement européocentriques, fondés sur des valeurs purement occidentales alors que le sujet dont il est question ici nous renvoie à une autre culture.

Cet exemple nous amène d’ailleurs au « choc des cultures »[6], traitant d’une cohabitation entre personnes ayant différentes cultures, tant en petit groupe de personnes qu’en société ; je pense qu’une des limites au bon mélange des cultures est justement l’européocentrisme qui nous pousse à comprendre « les autres » en se comparant à eux et à aborder leur manière de vivre selon nos valeurs et notre histoire. Or il me semble nécessaire pour réussir à comprendre un autre mode de vie que le notre de faire abstraction de notre « monde ».

Je vais à présent parler des effets de l’européocentrisme sur le plan individuel, car lorsque nous agissons en société, il y a certes presque inévitablement un effet de groupe qui, par le biais de la communication, fait interagir les différentes idées, et fait en sorte que les uns et les autres se font influencés par les plus déterminés.

Mais au fond, même si on ne l’exprime pas toujours, chacun se construit à travers son expérience personnelle fondée sur les aspects familial, culturel, social, politique ou même économique de son mode de vie, et se créé ainsi sa propre image du monde qu’il projettera sur son entourage ; cela a parfois des répercutions qu’on ne pourrait même pas imaginer.

Or, comme nous l’avons vu précédemment, la population est globalement touchée par un européocentrisme fort présent dans notre culture occidentale ; c’est pourquoi je trouve qu’il est important, ainsi que le développe Dominic Sachsenmaier dans un de ses articles[7], que chacun reste critique et se fonde sa propre opinion en essayant de consulter tant que possible des sources originelles sur tel ou tel sujet, afin de ne pas être trop influencé par le point de vue d’un historien.

Cependant, une barrière majeure nous sépare de cette opportunité qui pourrait changer bien des mentalités, celle de la langue. Certes, il existe aujourd’hui des traducteurs hors normes, mais malheureusement il est toujours délicat de traduire un texte, surtout qu’une langue est le reflet d’une culture, et il me semble qu’il est donc important pour bien traduire un texte d’être presque totalement imprégné de la culture concernée, afin de commettre le moins d’erreurs historiques et de contexte possible.

Ainsi, pour répondre à la question de départ qui était « Quelles sont les conséquences possibles d’une vision européocentrique du monde, tant sur le plan collectif que sur le plan individuel ? », il me semble judicieux de mentionner un effort individuel qui certes, peut paraitre un peu banal ou un peu inutile pour certains, mais qui selon moi est essentiel pour sortir de cette omniprésence de l’européocentrisme : la critique des sources.

C’est, il est vrai, un effort qui peut prendre de l’ampleur si l’on décide de le faire sérieusement, mais je pense que si l’on habituait les élèves dès le secondaire, quand ils commencent à analyser des textes, qu’à se renseigner rien que sur l’auteur, sur ses opinions politiques, son statut social, et son expérience personnelle, alors peut-être que l’on cesserait d’avoir ce réflexe de prendre comme acquis ce que l’ont lit – ou voit – et que notre manière de voir le monde changerait.

Bibliographie

ASSOULINE Pierre, Qu’est-ce qu’un historien, in Vingtième Siècle Revue d’histoire, Paris, Sciences Po Presses Universitaires, n°15, juillet-septembre 1987, pp. 110-111 ; URL : http://www.jstor.org/stable/3769637, http://www.jstor.org.ezproxy.ulb.ac.be/stable/3769637?&Search=yes&term=assouline&term=pierre&list=hide&searchUri=/action/doBasicSearch%3FQuery%3Dassouline%2Bpierre%26wc%3Don%26acc%3Don&item=1&ttl=134&returnArticleService=showFullText, consultée le 2 novembre 2010

JEUGE-MAYNART Isabelle dir. de publication, Larousse.fr est un site de la société Éditions Larousse, http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/européocentrisme/31733, consultée le 3 novembre 2010

KHADRA Yasmina, Le choc des cultures, un choc d’inculture, in Revue internationale et stratégique, n°74, février 2009, pp.7-13 ; URL : www.cairn.info/revue-internationale-et-strategique-2009-2-page-7.htm, consultée le 4 novembre 2010

MARSEILLE Jacques, La gauche, la droite et le fait colonial en France, des années 1880 aux années 1960, in Vingtième Siècle Revue d’histoire, Paris, Sciences Po Presses Universitaires, n°24, octobre-décembre 1989, pp.17-21 ; URL : http://www.jstor.org/stable/3769123, http://www.jstor.org.ezproxy.ulb.ac.be/stable/3769123?&Search=yes&term=marseille&term=jacques&list=hide&searchUri=/action/doBasicSearch%3FQuery%3Dmarseille%2Bjacques%26wc%3Don%26acc%3Don&item=2&ttl=4723&returnArticleService=showFullText, consultée le 2 novembre 2010

PEET Richard, Review of “BLAUT J. M., Eight Eurocentric Historians, New York, The Guilford Press, 2000, xii and 228 pp, maps, notes and index”, in

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