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n ne cherche pas à tout dire, on dit l'essentiel, l'évident, l'intéressant. - On conclut en récapitulant très sommairement ce que l'on vient de dire, puis on propose une ouverture. Pour cela deux méthodes: soit on met un texte en particulier à l'honneur parmi les textes du corpus en se prononçant rapidement sur son originalité, son efficacité ... OU BIEN (solution que personnellement je préfère): on propose (en restant modeste et prudent !) un texte qui aurait eu sa place, selon nous, dans ce corpus, parce que lui aussi pose le problème ou apporte un éclairage intéressant.

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Rappels : 1/ on reste dans l'objet d'étude, 2/ et comme pour le commentaire ou la dissertation, on veille à respecter une énonciation neutre : pas de "je", on reste dans l'impersonnel ou l'anonymat d'un "on": "on note que", "on pourrait ajouter au corpus ce texte " ...

A suivre : un extrait de question de corpus et un exemple de réponse à la question de corpus par un élève de première, puis la correction proposée, en guise de modèle.

1/3 : CORPUS DE TEXTES OBJET D’ETUDE : L’argumentation. Question de corpus : comparez et commentez l’art de l’argumentation dans ces trois textes.

Texte A. VOLTAIRE, Candide (1759) Rien n’était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu’il n’y en eut jamais en enfer. Les canons renversèrent d’abord à peu près six mille hommes de chaque côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi la raison suffisante de la mort de quelques milliers d’hommes. Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu’il put pendant cette boucherie héroïque. Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum, chacun dans son camp, il prit le parti d’aller raisonner ailleurs des effets et des causes. Il passa par-dessus des tas de morts et de mourants, et gagna d’abord un village voisin ; il était en cendres : c’était un village abare que les Bulgares avaient brûlé, selon les lois du droit public. Ici des vieillards criblés de coups regardaient mourir leurs femmes égorgées, qui tenaient leurs enfants à leurs mamelles sanglantes ; là des filles, éventrées après avoir assouvi les besoins naturels de quelques héros, rendaient les derniers soupirs ; d’autres, à demi brûlées, criaient qu’on achevât de leur donner la mort. Des cervelles étaient répandues sur la terre à côté de bras et de jambes coupés. Candide s’enfuit au plus vite dans un autre village : il appartenait à des Bulgares, et les héros abares l’avaient traité de même.

Texte B. VOLTAIRE, Dictionnaire philosophique, article « guerre » (1764) Un généalogiste prouve à un prince qu'il descend en droite ligne d'un comte dont les parents avaient fait un pacte de famille, il y a trois ou quatre cents ans avec une maison dont la mémoire même ne subsiste plus. Cette maison avait des prétentions éloignées sur une province dont le dernier possesseur est mort d'apoplexie : le prince et son conseil concluent sans difficulté que cette province lui appartient de droit divin. Cette province, qui est à quelques centaines de lieues de lui, a beau protester qu'elle ne le connaît pas, qu'elle n'a nulle envie d'être gouvernée par lui ; que, pour donner des lois aux gens, il faut au moins avoir leur consentement : ces discours ne parviennent pas seulement aux oreilles du prince, dont le droit est incontestable. Il trouve incontinent un grand nombre d'hommes qui n'ont rien à perdre ; il les habille d'un gros drap bleu à cent dix sous l'aune, borde leurs chapeaux avec du gros fil blanc, les fait tourner à droite et à gauche et marche à la gloire. Les autres princes qui entendent parler de cette équipée y prennent part, chacun selon son pouvoir, et couvrent une petite étendue de pays de plus de meurtriers mercenaires que Gengis Khan, Tamerlan, Bajazet n'en traînèrent à leur suite.

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Des peuples assez éloignés entendent dire qu'on va se battre, et qu'il y a cinq à six sous par jour à gagner pour eux s'ils veulent être de la partie : ils se divisent aussitôt en deux bandes comme des moissonneurs, et vont vendre leurs services à quiconque veut les employer. Ces multitudes s'acharnent les unes contre les autres, non seulement sans avoir aucun intérêt au procès, mais sans savoir même de quoi il s'agit. Il se trouve à la fois cinq ou six puissances belligérantes, tantôt trois contre trois, tantôt deux contre quatre, tantôt une contre cinq, se détestant toutes également les unes les autres, s'unissant et s'attaquant tour à tour ; toutes d'accord en seul point, celui de faire tout le mal possible. Le merveilleux de cette entreprise infernale, c'est que chaque chef des meurtriers fait bénir ses drapeaux et invoque Dieu solennellement avant d'aller exterminer son prochain.

Texte C. CELINE, Voyage au bout de la nuit (1932) La torture du régiment continuait alors sous la forme nocturne, à tâtons dans les ruelles bossues du village sans lumière et sans visage, à plier sous des sacs plus lourds que des hommes, d’une grange inconnue vers l’autre, engueulés, menacés, de l’une de l’autre, hagards, sans l’espoir décidément de finir autrement que dans la menace, le purin et le dégoût d’avoir été torturés par une horde de fous vicieux devenus incapables soudain d’autre chose, autant qu’ils étaient, que de tuer et d’être étripés sans savoir pourquoi. Le colonel, c'était donc un monstre ! A présent j'en étais assuré, pire qu'un chien, il n'imaginait pas son trépas ! Je conçus en même temps qu'il devait y en avoir beaucoup des comme lui dans notre armée, des braves, et puis tout autant sans doute dans l'armée d'en face. Qui savait combien ? Un, deux, plusieurs millions peut-être en tout ? Dès lors ma frousse devint panique. Avec des êtres semblables, cette imbécillité infernale pouvait continuer indéfiniment... Pourquoi s'arrêteraient-ils ? Jamais je n'avais senti plus implacable la sentence des hommes et des choses. Serais-je donc le seul lâche sur la terre ? Pensais-je. Et avec quel effroi ! ... Perdu parmi deux millions de fous héroïques et déchaînés et armés jusqu'aux cheveux ? Avec casques, sans casques, sans chevaux, sur motos, hurlants, en auto, sifflants, tirailleurs, comploteurs, volants, à genoux, creusant, se défilant, caracolant dans les sentiers, pétaradant, enfermés sur la terre, comme dans un cabanon, pour y tout détruire, Allemagne, France et Continents, tout ce qui respire, détruire, plus enragés que les chiens, adorant leur rage (ce que les chiens ne font pas), cent, mille fois plus enragés que mille chiens et tellement plus vicieux ! Nous étions jolis ! Décidément, je le concevais, je m'étais embarqué dans une croisade apocalyptique. On est puceau de l'Horreur comme on l'est de la volupté.

2/3 : REPONSE POSSIBLE par un élève de PREMIERE (validée, conforme à la méthode) Nous avons affaire ici, à un corpus de trois textes, portant tous sur l’argumentation : les deux premiers textes sont de Voltaire (auteur incontournable des Lumières), tantôt pour un conte philosophique avec Candide et tantôt pour un article du Dictionnaire philosophique ; le troisième texte est de Louis Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, datant du début du 20eme siècle. Il s’agira ici de comparer et d’étudier l’argumentation pour chacun des textes. Les textes A et C cherchent à persuader le lecteur, tandis que le texte B entend plutôt le convaincre. Les textes A et C cherchent à choquer le lecteur par un effet de surprise : le texte A est composé de deux paragraphes, le premier tendant vers l’apologie de la guerre (champ lexical de la beauté : l.1 « beau, leste, brillant ») tandis que le deuxième paragraphe consiste en une critique de la guerre (champ lexical de la mort l.7 « mort », « mourant », « mourir »). Le texte C veut également persuader et choquer le lecteur en misant tout sur l’expressivité, de sorte à créer un effet d’accumulation : dans un seul paragraphe on a déjà dix exclamations. En revanche, le texte B cherche à convaincre le lecteur de l’inutilité de la guerre : il utilise pour cela des arguments historiques (« Gengis khan, Tamerlan, Bajazet »), ainsi qu’un présent de vérité générale

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