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L'Artisanat Au Maroc

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ous leurs talents. Manque de créativité, absence d’innovation, poids des réseaux de distribution et de ses nombreux intermédiaires… sont autant de maux qui le caractérisent et qui ternissent son image depuis bien longtemps maintenant.

local ne demande qu’à s’exprimer à condition qu’on lui en donne l’occasion. Mais en baptisant son entreprise « Les Forges de Versailles », Charles Ranchin a d’emblée choisi de ne pas mettre en avant l’origine de ses produits dont le design s’éloigne d’ailleurs de la référence à la culture ancestrale marocaine. Il suit plutôt la tendance anglophone, plus adaptée aux goûts du marché visé, comme l’indiquent les résultats d’une étude de marché qu’il a mené quelques mois auparavant. Référence à la culture ancestrale Aujourd’hui même, c’est de ce réflexe qui lie l’artisanat à la culture ancestrale dont le ministère du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Economie Sociale tente de s’éloigner dans le cadre de sa vision Le travail du bois de thuya représente 75 % de la production artisanale de la ville d'Essaouira 2015. Parce que l’artisan se cantonne à s’élevait à près de 530 millions en L’artisanat participe à hauteur de 19 % vendre ce qu’il produit et non pas à 1995. Selon Mohamed Sairi, directeur au PIB et emploie environ 20 % de la produire ce qui se vend, alors que les de la Préservation du patrimoine, de population active. Après l’agriculture, goûts et les besoins des consommal’Innovation et de la Proil est le deuxième secteur teurs évoluent en permanence. Pour pourvoyeur d’emplois. 1/3 Mohamed Saïri « le processus de créae CA global du sec- motion au sein du minisde la population marotion s’est arrêté le jour où le secteur teur de l'artisanat est tère, « la rareté des caine vit grâce aux revenus estimé à 13,7 milliards de chiffres dans le secteur n’a plus recruté que par le bas. Aupadénote du peu d’imporde l’artisanat. Le ministère dirhams dont 700 millions ravant, un atelier était organisé tance qui lui a été du Tourisme, de l’Artisa- seulement à l'export. autour d’un patron, d’un compaaccordée par les précénat et de l’Economie gnon et d’un ou plusieurs apprentis, dents gouvernements. sociale évalue à 300 000 le généralement les enfants du patron. L’artisanat a souffert d’un traitement nombre d’artisans qui exercent selon Ces derniers travaillaient dans l’ateessentiellement social, considéré des pratiques traditionnelles (chiffres lier tout en allant à l’école et, plus comme étant porteur des vestiges de obtenus à partir des inscriptions tard quand ils le pouvaient, à l’unila civilisation marocaine ». auprès des chambres d’artisanat) et à versité. Grâce à cette formation Pourtant, « l’artisan marocain a de une centaine le nombre de PME strucduale, l’artisanat s’est enrichi de l’or dans les mains », affirme Charles turées du secteur. Enfin, le chiffre d’afcréations telles que la mosaïque par Ranchin, créateur de l’enfaires global du secteur est estimé à exemple. L’artisan formé treprise « Les Forges de 13,7 milliards de dirhams dont 3 mila disparu au 20ème siècle 'adapter aux goûts Versailles » dont l’activité liards pour l’artisanat à vocation utiliet les opérateurs du secet aux besoins des consiste à exporter des taire (produits utilisés essentiellement teur se contentent, produits artisanaux en fer clients est devenu une depuis, de reproduire ce en milieu rural par besoin), 10 milforgé en direction du nécessité pour se déveliards de dirhams pour l’artisanat à qui existe. Or, l’artisaCanada. Le concept est lopper. contenu culturel et 700 millions de nat est un process de récent, l’activité démarre dirhams pour l’export. Un dernier création, et la création à peine mais, pour son fondateur, il ne chiffre qui a peu évolué au cours de d’aujourd’hui constitue le patrifait aucun doute que le savoir-faire ces dix dernières années puisqu’il moine de demain. C’est la maîtrise

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CONJONCTURE N° 877 - DÉCEMBRE 2006 - 20

manque d’innovation est flagrant et de du métier qui permet d’évoluer. En toute façon difficile à envisager en l’abAllemagne par exemple, le secteur a sence de maîtrise de techniques nouété tiré vers le haut par une loi qui velles. Et de citer « le séchage du bois date de 1900 et qui impose une qualià l’air libre, par exemple, entraîne fication préalable à l’exercice du des fêlures lorsque les conditions métier. Même avec un diplôme, il d’humidité changent. Le séchoir élecfaut une expérience de cinq années trique disponible n’est auprès d’un maître d’appas utilisé ». Pour comprentissage avant d’ouvrir son propre atelier ». lus du tiers des pléter le tout, chaque Selon une étude menée coopératives déclarées année de nouveaux par l’ONUDI (Organisa- seraient inactives et une opérateurs intègrent le secteur, des anciens tion des Nations Unies poignée seulement pêcheurs par exemple pour le Développement dynamiques. qui voient là un meilleur Industriel) auprès des artimoyen pour faire vivre sans spécialisés dans la leur famille. Tous travaillent dans des marqueterie à Essaouira, 11 % seuleateliers étroits, exposés à la pollution ment des artisans possèdent une foret sans l’application d’aucune norme mation professionnelle. La formation continue n’existe pas et les outils utilide sécurité. Ce schéma qui décrit les conditions de travail des marqueteurs sés sont simples, voire démodés. d’Essaouira concerne en fait la majoConséquence, les produits ont tous la rité des acteurs du secteur de l’artisamême forme et les mêmes motifs. Le

nat bien que les études sur le sujet soient assez rares ou en tout cas peu divulguées. L’artisan assisté L’essentiel des actions menées jusque là a permis le développement du mouvement coopératif, mais les échecs sont lourds et nombreux. L’idée était de mettre à la disposition des artisans des moyens (équipement et outillage, locaux, formation…) et de leur octroyer des avantages fiscaux pour leur permettre d’évoluer dans un contexte favorable. Mais plutôt que de favoriser l’esprit entrepreneurial des artisans nécessaire à l’émergence d’un tissu économique viable, les coopératives les ont incités à s’asseoir sur un modèle basé sur l’assistance et la dépendance. Résultat, plus du tiers des coopératives déclarées seraient inactives, et une poignée seulement réelle-

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Portraits

Avec ou sans la vision, ils font leur chemin

Fondateur de Manu Carpet, Ahmed Tagmouti a démarré son activité dans le domaine de l’artisanat dès 1966. En 1973, il créé Manu Carpet dont l’activité est alors uniquement dédiée à la fabrication de tapis. Dès 1992, date à laquelle les exportations de tapis marocains entament leur déclin, il diversifie son activité pour l’étendre à la fabrication d’artisanat de luxe destiné à la décoration. Il travaille le bois, le tissu, le fer forgé… et s’adapte à l’évolution des goûts des consommateurs. Lorsque le zellige était très à la mode par exemple, Ahmed Tagmouti a introduit un nouveau procédé de collage à partir de la résine, moins lourd que le ciment. Si, autrefois, son activité était destinée à 100 % à l’export, aujourd’hui, la tendance s’est inversée. 80 % de sa production est orientée vers le marché local. Les 20 % restants vont à l’export. « Nous travaillons beaucoup avec les particuliers et notre marché s’étend au fur et à mesure que les villes se développent. L’engouement Marrakech, par exemple, a ouvert un nouveau marché ». S’il n’a pas attendu la vision 2015 pour innover, il est convaincu de son intérêt pour le développement et la mise à niveau du secteur tout entier. Tout comme Azzedine Krafess, manager d’Artco (Art Contemporain du Tapis). « Avant, nous travaillions dans le flou. Aujourd’hui, derrière la vision il y a un plan d’actions avec des échéances précises et une véritable volonté d’aller de l’avant ». Créée en 1992, Artco est spécialisée dans la conception et la réalisation du tapis « tuft », une technique importée de Chine. La force de l’entreprise est d’avoir su combiner le savoir-faire manuel à l’utilisation d’outils permettant de faciliter la tâche de l’ouvrière. « Il faut six mois pour apprendre le métier et deux ans pour le maîtriser », affirme Ibtissam Mansour, responsable marketing. L’entreprise a également choisi de se démarquer par l’utilisation de la conception assistée par ordinateur pour dessiner chacun des 800 modèles qui constituent sa collection. Cet outil permet en outret de concevoir des tapis sur mesure que le client peut visionner sur écran avant le lancement de la production. Tout comme pour Manu Carpet, sa production était initialement majoritairement destinée à l’export. La tendance s’est inversée et, grâce à sa participation au programme d’appui lancé dans le cadre de la vision 2015, Artco espère bien nouer de nouveaux liens à l’étranger. « Nous envisageons de créer un service export, et profiter du tremplin mis en place par le gouvernement dans le cadre de l’appui à la commercialisation qui vise à identifier de nouveaux réseaux de distribution à l’étranger », indique Azzedine Krafess. Pascal Capdevielle, qui gère l’entreprise Turbigo installée à Fès, travaille essentiellement

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