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Lecture Analytique

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gumentation qui procède par induction. L'exemple du chien va permettre d'exposer une thèse visant à redéfinir la lecture comme un acte d'interprétation et surtout comme une véritable assimilation.

I. Définition d'un prologue qui induit une situation d'énonciation particulière (lien privilégié entre la figure de l'auteur et la figure idéale du lecteur.)

Comme tout pédagogue, Rabelais instaure une relation de confiance avec ses lecteurs, condition sine qua non de tout art de persuasion. C'est bien l'auteur qui prend la parole comme l'atteste l'expression « notre invention » à la ligne 3. Il s'adresse donc directement et ouvertement à nous lecteurs, et son discours exprime ses attentes.

Le lecteur est représenté dans cet extrait comme un interlocuteur privilégié auquel l'auteur lui-même rend hommage par l'apostrophe inaugurale « mes bons disciples » d'où l'expression de captatio benevolentiae. D'emblée, il nous flatte et par la seule mention de « disciples », nous place dans la positions d'élèves choisis, élus. Par conséquent, il s'érige en maître. Le registre didactique est donc présent avec un présent de vérité générale, des sentences et des notions abstraites : « connaître, interpréter ». Les lecteurs doivent se sentir flattés de cette forme d'éclection, de privilège.

Les nombreuses occurrences de la deuxième personne du pluriel sous forme pronominale ou adjectivale aux lignes 1 et 2 désignent une masse indéterminée de lecteurs à laquelle s'oppose de manière plus discrète la figure de l'auteur : on notera l'atténuation de sa présence et de son autorité par la faible représentation de la 1ère personne (avec le déterminant « mes » à la ligne 1) et de l'emploie de l'impératif à la ligne 14.

L'adhésion tacite du lecteur apparaît à deux reprises par l'emploi du pronom « nous » aux lignes 2 et 29 désignant tant le locuteur que ses destinataires. La situation d'énonciation est significative de l'enjeu d'un tel prologue : l'auteur prend ses lecteurs comme des interlocuteurs privilégiés et les convie à une démarche active qui leur permettre d'adhérer à sa vision de la lecteur. Il s'agit d'une leçon donnée sur l'art de bien lire : les termes renvoient à cette activité « titre », « livres » et également « soigneuse lecture ».

D'autre part, le choix du discours (énoncé et ancré) et donc de la proximité avec ses lecteurs s'accompagne d'une habile recherche de séduction. Les questions de rhétorique à la ligne 1 attirent l'attention ; le choix du registre comique voire burlesque perceptible grâce aux titres des oeuvres énumérés aux lignes 4 et 5 et au champ lexical représenté tout au long de l'extrait du rire « joyeux » aux lignes 3, 7 et 18, « raillerie » aux lignes 6 et 7, « bagatelles frivoles » et « gaité » à la ligne 21, « plaisanterie », « dérision » à la ligne 9, séduit ; l'emploie constant de métaphores filés ont l'air de rendre concrète, savoureuse l'idée de la lecture.

Ces procédés rendre cette adresse à la fois plaisante et facile d'accès : les sensations gustatives agréables et le rire sont effectivement appréciés de tous.

On en conclut sans mal que notre auteur sait habilement nous prédisposer à sa vision de la lecture et de l'apologue. Son art de la persuasion est indéniable.

II. Une nouvelle vision paradoxale de la lecture du récit en appelant au registre didactique : à la conquête des sens possibles d'un texte refus de toute interprétation univoque. Au-delà du discours séduisant, Rabelais veut nous faire adhérer à sa conception de la lecture.

Son argumentation s'appuie sur des connecteurs logiques : « mais » à la ligne 9 et « c'est pourquoi » à la ligne 12, il s'appuie également sur des verbes d'opinion tels que « juger » ligne 10, « en supposant » à la ligne 18, et à la ligne 1 : « estimez ».

Ce discours didactique est une sorte de mise en garde contre des attitudes à proscrire. Ainsi, le premier paragraphe rejette la vision commune et superficielle qu'ont certains lecteurs de l'oeuvre de Rableais. Le champ lexical de la dérision et de la parodie et la citation de plusieurs de ces ouvrages renvoient à un jugement de valeur négatif.

Les verbes et adverbes appréciatifs tels que « jugez », « supposant », « pensiez » ou « trop facilement », « assez », « mais » opposent à cette lecture hâtive une lecture du « sens plus élevé ». L'aversatif « mais » accentue cette exhortation à l'approfondissement. Le verbe « interprêter » introduit par l'expression de l'obligation « il faut » vient alors se substituer à ceux qui précédaient et devient l'acte pivot de la lecture : dans la contruction syntaxique même, le sens littéral est détrôné par le sens transcendant sosu la forme d'une figure d'opposition, le chiasme : « Au sens littéral, vous trouviez une matière assez joyeux (...) mais interpréter dans un sens plus élevé ».

La références extrêmement péjorative aux Sirènes de la mythologie grecque et le sens très fort du terme « enchanté » au sens de « ensorcelé » achêve la condamnation de ce type de lecture.

Cette thèse une fois regutée, l'auteur va donc proposer une nouvelle vision de ce qu'il nomme l'interprétation selon une démarche analogique et humoristique. Cette argumentation procèdera par analogie avec l'attitude du chien dégustant un os.

L'intérêt des lecteurs est relancé par une série de questions oratoires qui renvoient toutes à des réjouissances de la chair (voracité canine et saveurs de la moelle). Elle nous impose donc l'analogie entre nos instincts et ceux du chien. On retrouve le registre parodique dans l'alusion à l'oeuvre de Palton sorte d'argument d'autorité fréquemment invoqué dans l'art de la rhétorique. On pourrait même y lire une allusion voilée à Diogène, ce grand Cynique.

A partir de la ligne 15 début ce tableau devenu célèbre qui associe tout lecteur à un chien rongeant son os. C'est l'éloge qui domine, jouant ainsi sur ce que cette analogie a de paradoxal. Ainsi la phrase se déploie en une cadence plus ample et établit des parallélismes mettant en valeur les efforts fournis par l'animal face à la promesse d'« un peur de moelle ». Cette affirmation est immédiatement corrigée par la célèbre épithète « substantifique ».

Aussi la ténacité du chien est-elle offerte en exemple et le champ lexical de la dégustation établit une analogie entre la délectation gustative et le plaisir intellectuel « humer », « sentir », « apprécier », « haute graisse » (il y a un rythme ternaire et des sensations olfactives agréables). L'emploi des mêmes termes pour des réalités différentes

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