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Pour Ou Contre La Vision Libérale Du Coprs ?

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de violence faite au corps des femmes (ou des personnes), un contrôle abusif de leur sexualité? Et l’autre qui considère le travail du sexe comme une situation de travail légitime réclamant le respect des droits, la non-discrimination ou la justice ?

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Manifestation d’association féministe contre la légalisation de la prostitution

I- Une vision libérale qui dérange

Le discours le plus rependu au près des personnes contre cette libéralisation du corps reste celui évoquant un problème d’éthique à savoir que le sens de la sexualité humaine relève des relations entre des personnes qui sont des sujets en tant qu’êtres à la fois corporels et spirituels, c’est-à-dire capable de connaître, d’aimer, de créer, d’agir librement. Le corps n’est pas qu’instrument monnayable, la sexualité non plus en tant qu’elle renvoie aux relations personnelles les plus intimes.

La libération sexuelle réagirait à une morale étroite, négative, obsessive. Mais elle ne serait pas pour autant une pure licence sexuelle. Elle aurait pu faire en sorte qu’il y ait une morale plus personnelle, plus respectueuse et aussi plus égalitaire entre les femmes et les hommes. Mais on sait que le vécu humain n’est pas toujours à la hauteur de ce qu’il vise. C’est ainsi qu’il y a nécessité d’une morale du « moindre mal » sans pour autant proposer comme un bien ce qui reste un mal.

Dans cette optique, faire commerce de son corps et de la sexualité reste alors un mal qu’il faudrait tendre à éviter.

Il apparaît que nous ne sommes pas devant deux réalités complètement différentes. Même si une femme dit choisir le travail du sexe pour « gagner sa vie », il reste que, historiquement, des femmes ont été contraintes à la prostitution, comme d’autres l’étaient, pendant longtemps et le sont encore, dans le mariage, dans bien des sociétés de notre planète. Autrement dit, la prostitution est une institution qui fait des femmes les servantes des besoins des hommes, qu’ils soient d’ordre domestique, conjugal, familial ou sexuel... Situation analogue à l’esclavage. Encore aujourd’hui, on ne peut oublier la réalité envahissante et inacceptable de la prostitution juvénile, particulièrement féminine, tout autant que les nouvelles formes de « traite des blanches » dans cette industrie d’une main d’œuvre venant des pays de l’Est ou des pays asiatiques et qu’on oriente dans les couloirs de la prostitution. Il s’agit d’une réalité indigne pour des êtres humains. A cela on peut ajouter le grand nombre de jeunes vivants dans la précarité qui sont contraints à se prostituer pour payer leur études, ce phénomène de prostitution estudiantine prend de plus en plus d’ampleur dans notre société (Cf le film « ELLES » de Malgorzata Szumowska).

Enfin l’idée de mettre en place des « maisons close », sous administration de l’État ou d’une quelconque organisation de contrôle, pourrait être dans les faits une sécurité en plus pour les prostituées mais en réalité, quel fonctionnaire pourrait contrôler ces institutions, quel garde ne fermerait pas les yeux sur les dérives en échange de quelques billets de la pègre?

« Les voix des quelques prostitués de luxe ne méritent pas d’être entendues devant les gémissements de souffrances que poussent la majorité silencieuse des exploités du sexe. »

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Ce jour là des prostituées manifestaient pour leurs droits au niveau de la santé à Paris

II- Un avis favorable à cette libéralisation

La question de la prostitution rejoint une nouvelle fois la problématique du libéralisme. Souvenons-nous des révolutions libérales de 1689 en Angleterre, de 1776 aux États-Unis et de 1789 en France. Ces révolutions affirmaient le droit de l’individu d’être respecté et de disposer de son corps, de son esprit et de ses biens de façon totalement libre. Or la question de la prostitution découle directement de cette réalité et des acquis de ces révoltes populaires aux conséquences tellement importantes qu’elles structurent aujourd’hui nos sociétés occidentales.

D’un point de vue purement libéral, un individu est libre de faire ce qu’il veut de son corps. Cette liberté lui donnerait donc la possibilité de s’en servir pour gagner sa vie honnêtement en le vendant à qui il le souhaiterait. Ce commerce respecte donc en principe les libertés individuelles et garanties à tous la possibilité de profiter d’un autre individu en échange d’une compensation financière. C’est ce que l’on appelle communément le salariat.

Aujourd’hui, le fait de considérer comme un « travail » l’utilisation de son corps pour rendre un service sexuel, amène à évaluer cette situation selon les droits de la personne : on peut réclamer de pouvoir exercer son métier dans des conditions sans risque pour sa santé ou selon la justice. On pourrait dire alors que , selon la morale, il s’agit d’un moindre mal, à la fois pour résoudre le dilemme que représente le choix d’un individu par rapport à une réalité par ailleurs jugée inacceptable objectivement, à la fois pour l’individu (homme ou femme) qui doit gagner sa vie de cette manière parce qu’il ne le peut autrement.

Il y a quelques mois, le Conseil national du sida a attiré l'attention sur la santé des personnes prostituées. Dans un rapport, il est fait mention, entre autres, de la pression policière, laquelle entraîne plus de clandestinité. Le Conseil s'attaque notamment à la loi sur le racolage passif qui contribue à déplacer la prostitution vers «des lieux plus discrets, plus isolés et donc plus dangereux». Qu'en sera-t-il avec cette nouvelle loi qui vise la clientèle? Pour éviter de se faire prendre, les clients vont exiger des endroits toujours plus à l'écart du monde. Et ces femmes que l'on dit vouloir protéger, vont courir encore plus de risques. Pour les mêmes raisons, leur suivi médical est quasi inexistant. Il y a quelques jours, la Haute autorité de la santé a d'ailleurs tiré le signal d'alarme en demandant le renforcement de la surveillance épidémiologique des gonococcies (la chaude-pisse), notamment dans les milieux à risques.

Mais avant tout, chacun est libre de faire ce qu’il veut avec son propre corps. Personne n’est en mesure de juger à la place d’autrui, et chaque individu possède des droits moraux propres sur son propre corps et sur l’exercice de celui-ci. C’est le «self ownership» qui doit prévaloir. Ce dernier est d’ailleurs le principe premier du libéralisme: la propriété privée commence par la propriété de soi.

Car le plus inacceptable n’est pas de définir ce qui est moral ou non; le plus inacceptable c’est bel et bien la négation et la confiscation des libertés individuelles.

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Mais cela est-il vraiment raisonnable, d’avoir une double éthique? Cela voudrait dire qu’on accepte, d’une part, que la prostitution est un mal en tant que les femmes sont contrôlées, obligées, contraintes, que c’est uniquement l’oppression des femmes qui est un mal et non l’usage de la sexualité comme monnaie d’échange. D’autre part, le « travail du sexe » serait un bien en autant qu’il se fait dans des conditions justes, sans trop de risques, comme pour n’importe quel travail, admettant donc que l’utilisation de son corps, de sa sexualité, ne relève que de la volonté personnelle d’un individu. Parler d’éthique, veut dire autre chose que la loi, la réglementation pour le bon ordre social. L’éthique concerne la signification de l’humain, de son devenir, de ses actions. Et la sexualité, l’usage de la sexualité, n’échappe pas à l’éthique : en même temps que dans le concret, il est laissé à la conscience personnelle éclairée de juger de la moralité de ses actions.

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En France c’est le racolage passif qui est interdit.

III- Une question qui divise

La prostitution indépendante (et non forcée) relève-t-elle de la liberté de chacun? Chez les féministes, la question fait débat entre ceux qui prêchent le fait de pouvoir disposer de son corps, et les autres, qui visent à la protection de la femme.

Aux Etats-Unis, autour de 1973, une prostituée a créé une organisation nommée COYOTE Call Off Your Old Tired Ethics. (L’appel a Votre Vieille Ethique) Un nouvel enjeu va alors se présenter. C’est l’arrivée de la question raciste puisque de plus en plus de Noires essaient de s’intégrer. En 1975, en France, par suite de meurtres dans le milieu, des prostituées occupent des églises à Lyon et constituent un groupe de défense réclamant le libre exercice de leur profession, des avantages fiscaux, le choix d’un médecin pour leurs examens de santé et autres mesures sociales pour elles et leurs enfants.

Pour ce qui est du contexte canadien, c’est dans les années 1980 qu’apparaissent

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