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Zola La Bête Humaine Agonie De La Lison

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du train : train, wagon, roues, portières, chaînes, tampons, rails, vapeur, robinets, tuyaux, foyer, cheminée, châssis, longerons, bielles, cylindres, tiroirs, excentriques. Les derniers termes sont très techniques et ne pouvaient être connus que des spécialistes. Pour le lecteur qui ignore ces détails, une telle précision prouve le caractère quasi scientifique de l'approche du sujet par l'auteur (on sait le temps que Zola passait à enquêter sur un sujet avant de rédiger ses romans ; Cf. ses Carnets d'enquête). Cette précision prouve aussi l'ampleur de la destruction, par le passage de termes qui évoquent les grandes parties du train (train, wagon, machine...) à des mots qui désignent des pièces (bielles , cylindres, …), ce qui montre à quel point la destruction est complète : sur la partie avant du train, et en particulier la loco qui a subi le choc frontal, et les 3 premiers wagons, rien n'est épargné.

b) Le récit d'une catastrophe ferroviaire

- Caractère spectaculaire de cet extrait, en ce qu'il contient à la fois le récit de l'accident lui-même et l'évocation du spectacle de désolation qui suit immédiatement la collision du train avec un chariot transportant des pierres de taille (fardier). La rapidité même de la collision explique que le récit de l'accident lui-même soit réduit à deux lignes (l. 3-4) et à trois actions exprimées à l'infinitif : le train qui se dresse, 7 wagons qui se chevauchent puis retombent. L'accident ne dure donc qu'un instant, tout le reste du texte est déjà le récit de ce qui se passe immédiatement après. Cependant à plusieurs reprises le texte revient sur certaines particularités du sinistre, en utilisant le plus que parfait (temps de l'action antérieure dans le passé, qui permet d'évoquer une action qui a eu lieu avant le moment de l'histoire évoqué) : « on avait entendu » (l. 7) ; « 6 wagons s'étaient arrêtés » (l. 11-12) ; « la cheminée était entrée en terre … à l'endroit où il avait porté, les chassis s'était rompu » (l. 21-22). La précision de ce tableau, avec notamment le détail presque incroyable des 6 wagons restés intacts, laisse à penser que Zola s'est peut-être trouvé présent sur le lieu d'un tel drame ou, chose plus probable, a lu de très près des comptes rendus journalistiques de telles catastrophes ferroviaires.

- La spécificité d'un tel époisode, assez rare dans un roman du XIXe siècle, explique l'importance dans le texte des termes appartenant au champ lexical de la destruction : débris, miettes, défoncées, brisées, morceaux, broiement, écrasement, fendues, volaient en éclats, arrachés, crevés, tombées, rompu, tordues, cassés, écrasés + une comparaison : « comme sous un coup de mine » l. 10 (= charge explosive). Autant de termes qui insistent sur « la violence du choc » (l. 21) et sur la force de l'impact sur tous les éléments du train (sauf les derniers wagons), qui a perdu toute forme normale (il est devenu « informe » l. 4).

- Enfin, même si la description est loin d'être complète (plusieurs pages supplémentaires ensuite sur ce thème dans le même chapitre), le récit inclut la mention des premières victimes. Victimes humaines pas encore visibles, mais audibles grâce à un unique passage au discours direct qui synthétise les cris de souffrance et les appels à l'aide de plusieurs voyaggeurs indistincts (l. 15) ; victimes animales, les 5 chevaux attelés au chariot, 4 tués net (l. 11), le dernier à l'agonie (l. 27-30).

c) L'importance du point de vue

- repères spatiaux marquant la progression de la description : « à vingt mètres d'eux, du bord de la voie » ; « à gauche, par-dessus le fardier » ; « au ras du sol » ; « en terre » ; « à l'endroit où il avait porté » ; « près d'elle » : ces indications supposent un ordre d'observation des conséquences de la catastrophe, et donc la présence d'un regard qui recueille ces perceptions visuelles. C'est donc par l'intermédiaire de ces trois témoins que nous assistons à cet accident (parmi lesquels figure Flore, qui a provoqué volontairement l'accident par jalousie, en empêchant le chariot de dégager la voie).

- Habituellement cette fonction de point de vue interne est focalisée sur le personnage de Jacques. Ici, le mécanicien n'est plus opérant comme source de point de vue : il a eu tout juste le temps de sauter de la machine avant le choc, il est coincé sous une partie de la locomotive, et miraculeusement protégé par une pièce métallique qui le recouvre sans l'écraser. La fonction est donc reportée sur les 3 autres personnages, qui se partagent la focalisation : Misard, Cabuche et Flore (l. 2). Le verbe voir au passé simple (même ligne), introducteur de description, leur confie le rôle d'introduire et de justifier la présence d'un passage descriptif ici, comme le rappellent par moments certains passages : « et surtout on avait entendu » (l. 7) ; « on le voyait » (l. 29).

- L'analyse des perceptions dans le texte montre non seulement le caractère incroyable du spectacle qui s'offre à la vue horrifiée des 3 témoins, mais aussi le caractère assourdissant et insoutenable du vacarme de l'accident : craquement, broiement, écrasement sourd, cri, cris, appels, hurlements inarticulés de bêtes, grondaient, râles, fracas, hennissement, tonnerre. Mélange effroyable de sons venus de la machine, des hommes et de l'animal (les uns couvrant les autres) ; spectacle visuel aussi de l'enchevêtrement (l. 6) horrible des débris du train.

- Les notations sensorielles servent aussi au romancier à exprimer la confusion qui suit immédiatement la collision, notamment par l'imposibilité de distinguer quoi que ce soit dans un premier temps à cause de la vapeur qui s'échappe de la loco : « On n'entendait plus, on ne voyait plus » (l. 16). On peut se demander enfin si l'expression « on le voyait râler » n'est pas un signe de confusion des sensations, sous l'effet de l'émotion des témoins ou du désordre total qui règne (ici, on voit quelque chose que normalement on entend : la respiration du cheval agonisant est seulement perceptible visuellement).

II – La métamorphose poétique de la Lison

a) La personnification de la machine

- Le texte repose sur une personnification. Au début, verbes à l'infinitif (se dresser, monter les uns sur les autres, retomber) qui pourraient s'utiliser normalemeny pour des êtres vivants, et non pour des machines ; le cri d'agonie (l. 8-9) pourrait être celui de la machine ; la machine est éventrée (l. 9). Notons aussi des « reins » l. 16, un « ventre » l. 16, une « haleine » l. 18, du « sang » l. 20, des « entrailles » l. 20. Des caractères propres aux êtres vivants sont attribués à une machine (une locomotive à vapeur) : champ lexical du corps. Comparaison avec le cheval, dont l'agonie est parallèle à la sienne : « semblable à une cavale monstrueuse » l. 23 (NB cavale = synonyme poétique de jument).

- Ce sont même des caractéristiques humaines que le texte accorde à la locomotive : un prénom de femme « la Lison » l. 9 (même si Zola a précisé au début du roman que la loco portait le nom d'une commune de Normandie, ce qui est exact) ; la matière est animée, éprouve des sentiments : une « âme » l. 26, un sentiment de « désespoir » l. 26.

- Rappeler que cette personnification n'est pas spécifique à ce passage, mais se retrouve dans tout le roman ; relation particulière entre Jacques, Pécqueux et la machine, dont ils parlent comme d'une femme.

b) Le registre pathétique

- Premier élément qui introduit l'émotion dans le texte : l'épouvante impuissante des témoins : « épouvante » l. 1, « les bras en l'air » l. 2, « les yeux béants » l. 2 ; certains adjectifs, notamment concernant les percepctions auditives connotent l'horreur de ceux qui assistent tétanisés à cette colision : « abominable craquement » l. 4. Lexique du bruit (déjà étudié) qui accentue encore le registre pathétique de l’extrait (notamment les cris déchirants des victimes).

- Mise en valeur de l’agonie de la machine : « râles furieux » l. 18 ; « agonisante » 1. 31 ; « râler » l. 29

- Champ lexical de la blessure physique et morale pour désigner la machine, qui impose l'image d'une blessure

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