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Commentaire Mort De Manon Lescaut

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éalité de son chagrin «Je vous raconte un malheur qui n’eut jamais d’exemple » l .1-2. Le discours l’emporte sur le récit : Le narrateur multiplie les adresses à son interlocuteur «Pardonnez» l.1, «Je vous raconte» l.1, «n’exigez» l.14. Des Grieux exprime ses sentiments, sa difficulté à s’exprimer; la souffrance vécue à nouveau à l’évocation de cette mort «mon âme semble reculer d’horreur, chaque fois que j’entreprends de l’exprimer » l.3-4. Il y a des hyperboles « Un récit qui me tue » l.1, « Un malheur qui n’eut jamais d’exemple » l.2.

Il n'y a aucune longue scène manifestant l’agonie de Manon. Seuls quelques signes corporels révèlent à des Grieux l’approche de la mort : des mains «froides et tremblantes» l.6, «Voix faible» l.9, «Soupirs fréquents, son silence à mes interrogations, le serrement de ses mains» l.12-13 avec une allitération en «S».

Nous avons une toute nouvelle image de Manon, elle accepte son destin. Les efforts de Manon pour s’exprimer se réduisent à une annonce à laquelle, tout d’abord, il n’accorde pas d’importance qui est rapportée au style indirect « Elle me dit, d’une voix faible, qu’elle se croyait à sa dernière heure » l.9-10, puis à des « expressions » l.15 et « marques d’amour ». l.16.

De Grieux reste très bref sur cette perte qui le fait beaucoup souffrir, il est incapable de raconter en détail : il s’en excuse auprès de ses auditeurs par deux fois à travers des impératifs de prière « Pardonnez si j’achève en si peu de mots » l.1, « N’exigez point de moi que je vous décrive mes sentiments, ni que je vous rapporte ses dernières expressions » l.14-15, « C’est tout ce que j’ai la force de vous apprendre de ce fatal et déplorable événement. » l.16-17. Cette difficulté à dire l’indicible de la séparation, est surtout perceptible dans la phrase la plus lapidaire, qui intervient au moment fatal : « Je la perdis » l.16. Le mot « mort » n’est jamais prononcé, seul apparaît le verbe « expirer » l.16. Des Grieux recourt en revanche à de nombreux euphémismes « Un malheur » l.2; « A sa dernière heure » l.10; « La fin de ses malheurs approchait » l.14; « Je la perdis » l.16; « Fatal et déplorable évènement » l.17; « Mon âme ne suivit pas la sienne » l.18. Le seul à mourir serait des Grieux, en tout cas il le souhaiterait « Mon âme ne suivit pas la sienne » l.18.

Un style noble et soutenu avec les figures classiques de l’atténuation telles que l’euphémisme. La mort n’est pas décrite mais suggérée selon la règle de bienséance qui proscrit toute violence.

Nous allons maintenant étudier l’aspect pathétique de la mort de Manon. On voit dans cette scène un couple uni, par les gestes d’amour de Manon. Nous avons vu la douceur et la résignation touchantes de l’héroïne « Elle sentit ce mouvement, et, faisant un effort pour saisir les miennes » l.8-9. L’amour, l’abnégation ont pris possession d’elle au point que son dernier acte est un don, une preuve ultime de son attachement : « Je reçus d’elle des marques d’amour, au moment même qu’elle expirait » l.15-16. La mort survient dans le calme du « silence » l.12 et dans la douceur des gestes à peine esquissés « Le serrement de ses mains » l .12-13. Les attentions réciproques sont multiples et pleines de délicatesse « Crainte de troubler son sommeil » l.6, « Je les approchais de mon sein » l.8. L’attachement réciproque est réaffirmé, notamment par les mots « Ma chère maîtresse » l.6, « Les tendres consolations de l’amour » l.11-12 et les marques d’amour. Les lexiques du corps et de l’amour sont associés : « Les tendres consolations de l’amour » l.11-12, « Je reçus d’elle des marques d’amour » l.16. Le vocabulaire des soins corporels et les signes de la souffrance sont indissociables du vocabulaire amoureux.

On voit par De Grieux, le récit d’un mort-vivant : « Un récit qui me tue » l.1, « Toute ma vie est destinée à la pleurer » l.2; « J’ai trainé, depuis, une vie languissante et misérable. Je renonce volontairement à la mener jamais plus heureuse » l.19-20. Trois références temporelles se mêlent : le moment de la mort de Manon, le moment du récit à Calais et l’avenir : il permet de constater à quel point la vie de des Grieux est à jamais dévasté par la mort de Manon. Le pathétique est accentué par le sens que Des Grieux donne à cette mort et au supplice supplémentaire qu’il subit en survivant, en se remémorant constamment cette scène d’agonie. En effet, il la « porte sans cesse » l.3 dans sa mémoire et le recul « d’horreur » l.3 qu’elle provoque en lui reste intact. La personnification « Mon âme semble reculer » l.3 montre la puissance du sentiment.

Il y voit, avec une ironie amère, le châtiment infligé par Dieu pour ses fautes « Le Ciel ne me trouva point, sans doute, assez rigoureusement puni. Il a voulu que j’aie traîné, depuis, une vie languissante et misérable » l.18-19. On voit clairement l’aspect religieux de ce paragraphe lorsqu’il dit que son « âme ne

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