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Cours technique

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re abondante, assurant par là la sauvegarde de leur espèce. Cependant, comme il n'était pas précisément sage, Epiméthée sans y prendre garde avait dépensé toutes les capacités pour les bêtes qui ne parlent pas; il restait encore la race humaine qui n'avait rien reçu, et il ne savait pas quoi faire. Alors qu'il était dans l'embarras, Prométhée arrive pour inspecter la répartition, et il voit tous les vivants harmonieusement pourvus en tout, mais l'homme nu, sans chaussures, sans couverture, sans armes. Et c'était déjà le jour fixé par le destin où l'homme devait sortir de terre. Face à cet embarras, ne sachant pas comment il pourrait préserver l'homme, Prométhée dérobe le savoir technique d'Héphaistos et d'Athéna, ainsi que le feu – car sans feu, il n'y avait pas moyen de s'en servir – et c'est ainsi qu'il en fait présent à l'homme. C'est ainsi que l'homme se retrouva bien pourvu pour sa vie, et que par la suite, à cause d'Epiméthée, Prométhée, dit-on, fut accusé de vol […].

Ensuite, grâce à l’art, il ne tarda pas à émettre des sons articulés et des mots, et il inventa les habitations, les vêtements, les chaussures, les couvertures, et les aliments qui viennent de la terre. Ainsi équipés, les hommes vivaient à l’origine dispersés, et il n’y avait pas de cités ; ils succombaient donc sous les coups des bêtes féroces […]. Ils cherchaient bien sûr à se rassembler pour assurer leur sauvegarde en fondant des cités. Mais à chaque fois qu’ils étaient rassemblés, ils se comportaient d’une manière injuste les uns avec les autres, parce qu’ils ne possédaient pas l’art politique, de sorte que toujours, ils se dispersaient à nouveau et périssaient. Aussi Zeus, de peur que notre espèce n’en vînt à périr tout entière, envoie Hermès apporter à l’humanité la Justice pour constituer l’ordre des cités et les liens d’amitié qui rassemblent les hommes. »

Le mythe de Protagoras dans le Protagoras de PLATON.

Qu’est-ce que la technique ?

La technique suppose

# une intelligence technicienne, capable de réfléchir à des moyens pour arriver à des fins d’ordre utilitaire (survie, confort), ie une capacité d’innovation susceptible d’orienter des opérations de modification de la nature au profit de l’homme, capacité qui s’oppose aux instincts rigides régissant les conduites animales.

Cette capacité induit :

# des savoir-faire corporels, qui font l’objet d’un apprentissage – des « techniques du corps », selon l’expression du sociologue Marcel Mauss. Ces savoir-faire peuvent être en prise directe sur la nature (savoir nager ou grimper aux arbres pour accéder, par exemple, à une source de nourriture) ou concerner l’usage d’outils (savoir se servir d’un tour de potier), ou d’artefacts (savoir tenir une jarre en équilibre sur sa tête ; savoir conduire une voiture).

# la conception d’outils, c’est-à-dire d’artefacts dont la fonction est la production d’autres artefacts (le tour de potier, la lime, le marteau, les robots d’usine…).

# la conception d’artefacts (via les techniques du corps et/ou les outils) dont l’usage permet la satisfaction d’un besoin quelconque (habitations, lits, fours micro-ondes, automobiles …)

Le mythe de Protagoras:

Il s'agit d'un mythe que Platon attribue à Protagoras, un adversaire de Socrate aussi bien dans la réalité historique que dans le dialogue éponyme (Protagoras) dont le texte est extrait.

Il ne faut pas prendre ce mythe au pied de la lettre: le Protagoras réel était agnostique, mais il arrivait souvent que les penseurs grecs utilisent la forme du mythe (plus facile à comprendre et à retenir que le discours strictement rationnel) pour transmettre un certain nombre d'idées philosophiques.

Le mythe de Protagoras est une adaptation, une réélaboration d'un mythe traditionnel sur l'origine de la maîtrise du feu, par laquelle Protagoras cherche à montrer, entre autres, que:

# l'ingéniosité technicienne est un bien inestimable auquel l'homme doit sa survie.

# elle est le propre de l'homme…

#... car l'homme est en quelque sorte le laissé-pour-compte de la nature: lui seul, poussé par le besoin, a développé la technique pour compenser ses handicaps physiques naturels (absence de fourrure, de griffes, de crocs, de force, de vitesse, d'agilité, de "progéniture abondante", etc.).

# l'ingéniosité technicienne est à l'origine non seulement d'artefacts concrets, mais d'artefacts abstraits, le langage et la justice – conditions artificielles de la coexistence pacifique des hommes en société.

La technique est-elle le propre de l’homme ?

On considère aujourd’hui que c’est globalement le cas, dans la mesure où la plupart des conduites animales qui semblent revêtir une apparence de technicité s’expliquent en dernière instance par l’instinct (comportements génétiquement programmés, innés, rigides et propres à l’espèce).

L’abeille est sans doute l’exemple le plus fameux. La différence entre l’abeille et l’ingénieur humain, disait déjà Marx, c’est que la ruche n’est pas d’abord dans la tête des abeilles qui la construisent. En outre, toutes les ruches des abeilles d’une espèce donnée sont stéréotypées, tandis que les habitations humaines sont extrêmement diverses de par le monde : ce sont des solutions consciemment élaborées, en fonction des matériaux disponibles dans l’environnement local, pour s’abriter et se protéger, contrairement aux ruches. Les éthologues ont pu démontrer expérimentalement ce point. Ainsi, Rhynchium Nitidulum est une guêpe dont le nid ressemble à une grappe. Chaque cellule de la grappe est faite de terre glaise puis enduite de résine. Double opération donc, relative à la construction d'un nid efficace semblant impliquer un raisonnement instrumental ( les parasites menacent, et la résine est un moyen efficace de les repousser). Mais si l'on place une petite boule de terre glaise sur le rebord d'une cellule en cours de construction, et ce en l'absence de la guêpe bâtisseuse, celle-ci à son retour refuse un temps de continuer la construction, puis se met à badigeonner de résine la cellule à demi terminée. C'est là de sa part une manière de faire inaccoutumée car elle n'enduit normalement de résine que les cellules achevées. Or en l'occurrence, son ardeur à badigeonner est exceptionnelle. Pourquoi ce coup de folie? Enduire le pot de résine est un acte de protection. Il s'agit d'empêcher les parasites de pénétrer dans une cellule achevée. Or pour la guêpe, la boule de glaise apparue en son absence est un signe d'intrusion. Intrusion appelle protection. Protection appelle badigeonnage. Il va sans dire que le badigeonnage en catastrophe qu'elle opère est un acte parfaitement inutile. La cellule est largement ouverte, à moitié construite: il n'y a rien à protéger. Mais la guêpe est incapable de raisonner à ce propos. Son « programme » associe protection à badigeonnage, et la guêpe badigeonne… Il en va de même pour ce qui constitue sans doute le trait le plus impressionnant de ces insectes sociaux, à savoir leur système de communication (une abeille qui a détecté un champ de fleurs est capable de revenir à sa ruche, d’exécuter une sorte de « danse » signalant aux abeilles la distance et la direction du champ par rapport à la ruche) : il ne s’agit pas d’un instrument de communication consciemment élaboré ni appris (contrairement aux langues humaines), mais d’un instinct.

On notera qu’une « innovation » qui apparaît et se transmet dans une espèce ne doit pas forcément être assimilée à une technique au sens humain. En effet, certains mécanismes d’imitation innés, même rigides, dans une espèce donnée, peuvent parfois générer la transmission d’une innovation. Le cas le plus fameux est celui des mésanges anglaises, dans la première moitié du 20ès, dont quelques-unes avaient réussi à percer du bec la capsule d’aluminium couvrant les bouteilles de lait et à en déguster la crème. Ce pseudo « savoir-faire » s’était généralisé en quelques années, à cause d’une disposition instinctive dans l’espèce à picorer de façon exploratoire ce que les autres mésanges picorent. Le geste initial de percement n’était pas une « technique », car un coup de bec standard suffisait à produire le résultat, et la transmission du pseudo-savoir-faire n’était pas culturelle, mais relevait d’un mimétisme inné. La récompense obtenue incitait chaque mésange à recommencer ce qui avait une fois payé.

On relève cependant un certain nombre d’exceptions dans le règne animal, concernant notamment les primates les plus proches de l’homme, ce qui a conduit les primatologues à parler de prototechniques ou de protocultures matérielles chez les chimpanzés notamment : après des milliers d’heures d’observation sur le terrain, ils ont dressé une impressionnante carte d’Afrique de ces « techniques », d’abord parue dans

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