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Femme Et Société

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r contre, il est évident qu’en de nombreuses sociétés, ce sont les tabous qui interdisent aux femmes jusqu’à l’approche et même la simple vue de certains instruments de musique. De nombreux peuples vivant au plus profond de l’Amazonie ont un certain nombre de flûtes ou clarinettes qui expriment la voix des esprits. Les jours de rites importants où sont sortis ces instruments, les femmes restent à l’intérieur de leur logement d’où elles peuvent écouter et même dialoguer avec ces “esprits”, mais en aucun cas elles ne peuvent les voir et donc en jouer. Dans des sociétés beaucoup plus proches des nôtres, c’est souvent l’éducation qui s’est mêlée de cette répartition des rôles dans l’exercice des musiques de tradition. Prenez les pays anglo-saxons ou la France. Peu de musiciens professionnels, de ménétriers, de maîtres à danser ont été des femmes. La norme est de voir un violoniste, accordéoniste, cornemuseux, etc. La femme pouvait éventuellement recevoir une certaine éducation qui la dirigeait alors vers la harpe ou peut-être le violon, mais en aucun cas pour un répertoire de danses populaires. Par contre, beaucoup de femmes, de n’importe quelle couche sociale, chantaient et parfois accompagnaient leurs chants sur l’un ou l’autre instrument (encore une fois, la harpe était de bon ton). Et c’est parmi les couches sociales les plus défavorisées qu’apparaissaient les artistes féminines les plus intéressantes et les plus hors norme. Margaret Barry, chanteuse d’origine gitane irlandaise, accompagnait son remarquable chant sur un banjo rugueux et cahotant comme les essieux d’un vieux chariot.

l a fallu attendre des années pour voir apparaître de nombreuses instrumentistes capables de rivaliser avec les hommes sur n’importe quel instrument.

Une question de fonction.

Bien sûr, en certaines sociétés, la femme peut tenir une série de rôles plus ou moins importants, parfois essentiels et sans distinction de sexe. Le cas le plus important est certainement celui des chamans. Au Chili, en Sibérie, dans l’Arctique, en Mongolie..., les femmes peuvent être chamans et donc pratiquer instruments, chants, incantations et autres “exercices musicaux” liés directement aux cérémonies chamaniques et aux séances de guérison. Il semble même qu’au Chili la fonction chamanique soit principalement féminine. La machi détient ce rôle important et est la gardienne du kultrun, le tambour aux pouvoirs chamaniques. En d’autres endroits, le chaman est homme ou femme, sans distinction liée au sexe puisque ce “métier” important d’intercesseur entre hommes et esprits dépend essentiellement d’aptitudes particulières qui relèvent plutôt de l’ordre psychique.

En d’autres sociétés, les femmes ont accès au statut de musicien professionnel ou officiel. L’Afrique occidentale et la place qu’elle réserve aux griots, ces musiciens, conteurs, historiens, n’en a pas exclu les femmes.

En Mauritanie, les iggiw, musiciens et chanteurs professionnels, griots du pays, sont femmes ou hommes. Les femmes jouent les percussions et la harpe ardin, les hommes jouent les luths. Les deux chantent mais de nombreuses voix célèbres sont féminines.

Parfois, dans les sociétés qui ne connaissent pas la caste des griots, les répartitions des tâches musicales accordent cependant une place importante aux femmes. Les Touaregs par exemple sont exemplaires à ce titre puisque les hommes ne jouent traditionnellement aucun instrument de musique. Ils dansent et guerroient, les femmes s’occupant des instruments et des chants poétiques. Elles jouent la vièle imzad et le tambour tindé et chantent ces chants extraordinaires qui s’éclatent en voix superposées, en sons de gorge, en hululements. Ce qui ne signifie pas qu’aucun homme ne joue, aujourd’hui, d’un instrument de musique. On les voit parfois au luth tidinit et de plus en plus à la guitare, tandis que l’imzad et le tindé restent l’apanage des femmes.

En d’autres endroits, les femmes ont un rôle beaucoup plus discret, à peine visible, mais d’une subtilité importante. Si les chants à tambours ou chants dits personnels étaient réservés aux hommes dans les communautés inuit, par contre les femmes aidaient leurs maris à retenir le chant. Elles chantaient donc en général avec lui, le secondant et lui soufflant en quelque sorte les paroles qu’il avait composées. Ce qui fit dire à Rasmussen que chez les Inuit “la femme est la mémoire de l’homme”. Elle ne jouait pas le tambour, elle ne composait qu’exceptionnellement, mais elle chantait et intervenait dans l’exécution du chant.

On voit à ces exemples, que tous les cas sont possibles et que l’organisation de la société est évidemment déterminante dans le rôle et la place de la femme en ce qui concerne les pratiques musicales. Les cas les plus fréquents montrent une division très précise entre les tâches musicales comme entre les tâches quotidiennes. Chacun, homme et femme, tient un rôle précis fait de fonctions diverses, et la conjonction de ces différentes fonctions soit masculines soit féminines fait en principe fonctionner la société de manière optimale. Ce qui est en général vrai aussi longtemps que le système est respecté et qu’aucun ne tente de franchir les limites de son territoire. En musique, les règles sont les mêmes. La femme a traditionnellement son terrain, celui qui lui est réservé, celui dont elle ne s’éloignera pas pour ne pas entrer sur celui de l’homme. En de nombreuses sociétés, les femmes sont confinées aux activités les plus domestiques et les plus familiales. Elles ont donc dans leurs attributions, le rôle de chanter les berceuses, les chants et les jeux pour enfants. Elles ont une série d’activités journalières auxquelles elles associent des chants ou sortes de jeux musicaux qu’elles pratiquent entre elles. C’est ainsi que les femmes Are’Are des Iles Salomon pratiquent d’étonnantes percussions sur l’eau lorsqu’elles traversent une rivière ou lorsqu’elles ont terminé un travail aux plantations. On retrouve d’ailleurs le même type de jeu chez les Pygmées, sans qu’il soit le fait de femmes uniquement (du moins me semble-t-il). Les femmes inuit ont développé leurs techniques de chants de gorge que ne pratiquent jamais les hommes. On peut en dire autant des femmes Xhosa d’Afrique du Sud et de leurs étonnants chants harmoniques. A cela, il faut ajouter une série de pratiques sociales, rites ou cérémonies, dans lesquelles les femmes ont une place à tenir, y compris musicalement. Elles ont alors le devoir d’exprimer, selon des codifications précises, une socialisation féminine, c’est-à-dire représentant cette partie de la société, du moment à vivre et à partager ensemble. L'exemple le plus évident vient de la place importante des rites funéraires dans de nombreuses sociétés. Les lamentations sont très souvent le propre des femmes. Il est quelques exemples rares où l’on entend des lamentations masculines, comme en Géorgie, mais ce sont en général les femmes qui s’occupent d’extérioriser le drame qui touche pourtant l’ensemble du groupe. On parle d’ailleurs de pleureuses dans certaines sociétés.

Parfois, le rôle de la femme et sa fonction de gardienne de la tradition, prennent des proportions importantes du fait d’absences plus fréquentes des hommes. En Russie, par exemple, les hommes étaient souvent appelés à travailler ailleurs, à louer leurs services en ville, à servir vingt-cinq années dans les armées du Tsar (sous Pierre le Grand au XVIIe siècle). Les femmes restaient attachées à leurs traditions comme à leurs terres. Elles en ont conservé, aujourd’hui encore, un répertoire très ancien qui parle comme parle une mémoire tenace lorsque l’histoire est cruelle. Elles chantent, par exemple, des chants de recrutement d’une tristesse extrême qui datent de cette époque de Pierre le Grand.

Enfin, faut-il signaler que les travaux réservés aux femmes ont souvent entraînés la création de styles musicaux propres (et pareillement dans le cas des hommes). Les fameux chants de foulage du tweed pratiqués jadis par les femmes des Hébrides leur étaient propres. Seuls les groupes de travailleuses qui s’esquintaient à rendre la maille du tweed plus serrée pratiquaient cet ensemble de mouvements et de chants gaéliques. On peut trouver beaucoup d’autres exemples, comme tous les chants associés au filage, au tissage, etc. Sans oublier que dans certaines sociétés, les femmes cultivent pendant que les hommes chassent ou pêchent et que dès lors les chants entonnés pendant le travail de la terre peuvent être exclusivement féminins en certains endroits.

Voix musicales - instruments vocaux

La femme instrument est aussi celle qui prête sa voix à une vocalisation fonctionnelle qui n’est pas une chanson à paroles mais plutôt un chant, un appel, une utilisation notamment musicale de la voix. Les femmes des pays scandinaves ont toujours utilisé des appels extrêmement aigus mais en même temps mélodiques, pour appeler ou guider les troupeaux. Le système n’est pas propre aux pays du Nord, sa caractéristique féminine bien. Ce type de chant est passé outre-Atlantique où il a rencontré les field-hollers et autres moyens de communication employés sur les plantations du sud. Les hollers ont toujours été et sont restés un ensemble complexe de techniques vocales (falsetto, yodel, etc.) et de fonctions différentes : appel au travail, appels à la maison, communications de danger, appels du bétail, etc. Femmes et hommes se les ont partagés aux Etats-Unis. Ces vocalisations de mélodies,

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