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Festival De Deauville 2011

Note de Recherches : Festival De Deauville 2011. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires
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re à ses collègues réalisateurs coréens (Park Chan Wook, Bang Joon Ho, Hang Sangsoo), on remarque qu’il s’agit d’un réalisateur très mystérieux et discret qui partage avec eux le même goût pour le polar et le film noir. Quand on demande à Kim Jee-Won ce qui lui a donné envie d’être réalisateur, il répond : « J’ai toujours aimé voir les films mais je n’avais pas envie d’en faire mon métier. J’ai passé une dizaine d’années sans emplois et durant la huitième année, je me suis séparé de ma copine et été victime d’un important accident de voiture. Peut-être parce que je n’arrivais pas à vaincre la tristesse qui m’avait envahi à la suite de cette séparation, mais aussi à cause d’un besoin d’argent du fait de l’accident, j’ai alors écrit un scénario, finalement primé lors d’un concours. Aujourd’hui, le cinéma est aussi important que l’air que je respire, je n’imagine pas faire autre chose. Ce n’est donc pas une réflexion profonde qui m’a mené au cinéma mais un certain hasard ».

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Master-Class de Kim Jee-Won (Crédit Photo : x.luong)

Une des particularités du cinéma de Kim Jee Won résulte dans la qualité esthétique de chacun de ses plans. Celle-ci a sûrement pour origine une passion du réalisateur : la peinture. Il ajoute : « Quand j’étais petit, je dessinais très souvent des bandes dessinées. Je voulais même en faire mon métier mais en Corée du Sud, devenir peintre ou dessinateur est très mal perçu. Je me rappelle que mon père me déchirait mes dessins. J’essayais par la suite de recomposer toutes les images une par une dans l’ordre chronologique. C’est sûrement à ce moment là que j’ai développé le sens du montage… ».

Quand Kim Jee-Won réalise un film, sa référence primaire reste la photographie. C’est d’ailleurs le point de départ du film 2 SŒURS. « Je suis tombé sur un poster photographique KODAK où l’on voit deux très belles jeunes filles de dos, sûrement sœurs, qui se tiennent main dans la main dans une prairie. C’est une image fixe mais ce qui m’intéressait était ce qui pourrait arriver avant et après cette photo ». On peut se demander pourquoi à partir d’une si belle photo, le réalisateur a pu faire un film aussi sombre et triste : « Si ces deux filles sortent du cadre de l’image, qu’est ce qui pourrait leur advenir si elles devaient faire face à certains événements ? ».

L’origine du film A BITTERSWEET LIFE est quelque peu similaire, cette fois-ci à partir d’un tableau d’Edward Hopper, où l’on voit un homme de dos assis seul dans un restaurant (peinture ci-dessous). « J’ai ressenti dans ce tableau la solitude profonde de cet homme, j’ai alors commencé à explorer ce qu’il pouvait ressentir au fin fond de lui. Pour moi, A BITTERSWEET LIFE est presque un film sur le dos d’un homme. » Il dit par ailleurs s’être inspiré pour ce film de la noirceur des films de Jean-Pierre Melville et de la violence des KILL BILL de Quentin Tarantino.

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Peinture de Edward Hopper qui a inspiré THE BITTERSWEET LIFE

L’humour dans ses films est tout de même présent, un humour noir dit ‘KIMCHI’, à la fois épicé, tenace et fermenté, particulièrement dans sa dernière œuvre I SAW THE DEVIL, avec un duo d’acteur emblématique au sommet, Lee Byung-hun, son acteur fétiche, déjà vu dans BITTERSWEET LIFE, et Choi Min-Sik, aussi époustouflant que dans OLD BOY, qui livre une performance d’ordure inoubliable. De ses propres mots, le réalisateur se dit heureux de présenter son film cruel, violent et sanguinolent dans une ville telle que Deauville. Le film a en effet défrayé la chronique en Corée du Sud à cause des scènes de violences. Il a été jugé deux fois, bannis par les salles de cinéma et interdit au moins de 18 ans. Le film raconte l’histoire d’un homme qui a perdu l’amour de sa vie, assassiné par un tueur en série, et qui cherche vengeance. Ce thème, qui exprime selon lui un sentiment triste et désespéré, est très récurrent dans les films coréens. On peut citer naturellement le chef d’œuvre de Park Chan-Wook, OLD BOY. Il reproche aux autres films qui traite le thème de la vengeance de ne pas l’explorer jusqu’au bout. « Il arrive trop souvent que le personnage principal réalise la vanité de la vengeance et devienne alors gentil. Je voulais au contraire que l’âme de mon personnage ne soit pas sauvée dans son monde et qu’il devienne un monstre en chassant un autre monstre ». Ce sixième long métrage, à la fois sombre, violent, sadique mais d’une beauté incroyable, nous prend aux tripes, nous choque, sans que l’œil du spectateur et son attention en soient détournés une seule seconde des 141 minutes du film (oui oui, avec pour seul synopsis : Un agent secret recherche le serial killer qui a tué sa fiancée). Du grand art. Le réalisateur a ajouté avec humour juste avant la projection : « Je vous souhaite bon courage pour rester jusqu’à la fin ! ». Devant la violence, jamais gratuite, de certaines scènes, on aurait pu s’attendre à ce que des personnes quittent la salle mais au final, les 800 personnes de l’auditorium de Deauville sont restées clouées dans leur fauteuil. On assiste à un film efficace qui répond aux attentes du public avec des scènes d’actions ultra réalistes et un duo d’acteurs effrayamment bluffant. Le réalisateur signe là son meilleur film, avec des scènes déjà cultes, notamment celle du taxi, superbe. La projection s’est terminée avec plusieurs minutes d’applaudissement. Une chose à se demander à présent : à quand le prochain Kim Jee-Won ?

Ma note : 5/5

NIGHT FISHING de Park Chan-Wook et Park Chan-Kyong

Première projection du samedi, et pas des moindre, le nouveau court métrage du talentueux Park Chan-Wook, devenu une référence en matière de cinéma coréen, accompagné de son frère Park Chan-Kyong. Park Chan Wook qui a déjà réalisé des œuvres telles que OLD BOY, THIRST ou encore JOINT SECURITY AREA.

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Les deux frères reviennent cette fois avec NIGHT FISHING, un moyen métrage de 33 minutes entièrement filmé avec deux iPhone 4, et qui a reçu cette année l'ours d'argent du meilleur court métrage à Berlin. Cela pourrait peut-être ressembler à un coup de pub pour la marque à la pomme (le film ayant été financé par le distributeur exclusif de l’iPhone en Corée), mais le rendu technique est saisissant. Sur le grand écran, on ne sent quasiment pas la différence avec une caméra numérique. La scène nocturne est particulièrement réussie, le flou donnant un certain réalisme à la scène. Le film démarre par un concerto d’un groupe de rock totalement barré, pour faire place à la partie de pêche d’un homme, seul, qui tourne vite au cauchemar et à l’horreur parfois burlesque (scène du filet de pêche à la fois dramatique et très drôle). Cet homme finit par découvrir au bout de son hameçon le corps agonisant d’une femme. Démarre à ce moment là un voyage dans le temps du personnage. La scène de pêche, très réussie, n’est tout de même pas assez exploitée, on en demande encore. La partie musicale du début et la cérémonie de fin prennent le dessus sur le concept même du court métrage. Au final, les frères Park signent là un film très (trop ?) expérimental, dont la partie de pêche nocturne mérite tout de même de s’y attarder. Park Chan-Wook ajoute : « Les nouvelles technologies sont souvent sources de merveilles et de fonctions utiles. Les essayer fait partie du jeu. C’était une expérience très différente de celle de tourner un film traditionnel, méticuleusement préparé. Mais même des scènes tournées simplement et de manière spontanée révélaient des surprises ».

Ma note : 3,5/5

COUP DE COEUR - COLD FISH de Sono

Après la Mostra de Venise 2010, le nouveau film de Sono Sion fut projeté en compétition au Festival du film Asiatique de Deauville. Adaptation du crime le plus terrible et le plus sanglant de l’histoire du Japon, Sono Sion se penche sur une série de meurtres d’une grande brutalité (le nombre exact n’est pas connu avec certitude, on parle de 50 à 100 victimes…). On suit donc les mésaventures de Shamoto, propriétaire d’une petite boutique de poissons tropicaux. Il s'est remarié et sa deuxième femme ne s'entend guère avec sa fille, Mitsuko. Un jour, cette dernière va trouver en la personne de Monsieur Murata, non seulement un sauveur, mais aussi un homme exerçant le même métier que son père, mais à grande échelle. Il poussera sa bonté jusqu'à lui offrir un travail dans son magasin. Mais si M. Murata s’intéresse tant à Mitsuko et sa famille, c’est pour mieux les embarquer dans un voyage au bout de l’horreur…

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Après le très réussi (et long !) LOVE EXPOSURE, le réalisateur signe un film encore plus exigeant et personnel qui ose littéralement « fracasser » les règles et codes de bonne conduite en se dirigeant vers l’immoralité, le gore profond et la folie pure.

Le thème de la famille domine ce film très édulcoré, de part la jeunesse désorientée ou encore et surtout le rôle du père, interprété par Fukikoshi Mitsuru. Regarder ce film sans connaître ni le thème, ni le fait divers qu’il concerne peut remuer les esprits.

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