L'exposition Coloniale De 1931

comporte également, de part et d’autre du dessin l’expression « LE TOUR DU MONDE EN UN JOUR » qui renvoie implicitement au célèbre roman de J. Vernes Le Tour du monde en 80 jours. Cette référence littéraire permet certainement d’instaurer au cœur du phénomène de colonisation une notion d’aventure, un caractère innovant et inventif. L’auteur de l’affiche modifie l’expression, probablement pour appuyer sur le fait que l’exposition permet de se rendre compte de l’histoire de la colonisation française en seulement quelques regards et que le visiteur « voyage » en une seule visite.

2) L’artiste a préféré représenter des êtres humains plutôt qu’une faune et une flore exotique. En fait, c’est probablement parce que l’empire colonial français, c’est avant tout une emprise et une autorité exercé sur un peuple qui s’en retrouve alors « élevé ». Ainsi que l’a exprimé Jules Ferry, les Européens ont le devoir de civiliser les « races inférieures ». Le principe d’assimilation a été au cœur de la colonisation française : il s’agit d’élever les populations colonisées (considérés comme des peuples sauvages « mi-diables mi-enfants », selon les termes de R. Kipling) au niveau de civilisation de la métropole. Cette « civilisation » s’est souvent effectuée par la violence et, par le biais d’une certaine négation d’identité, de culture, de religion,...

Néanmoins, et bien que les expositions coloniales aient remporté un franc succès, des réserves et de farouches oppositions ont été exprimées : il y a entre autre des communistes et des Surréalistes mais également des hommes politiques tels que Clemenceau. Malgré tout, même si l’auteur de l’affiche a mis en avant des êtres humains, l’exposition de Vincennes de 1931 est restée célèbre par la création d’un zoo d’espèces animales des régions colonisées.

3) Les valeurs exaltées par cette affiche sont tout d’abord un sentiment de fierté de la part des colons, sentiment exprimé notamment par les couleurs françaises qu’arbore un monument arabe.

Cette fierté est également exprimée par le biais de l’exposition même. On expose, on montre : cela signifie qu’une satisfaction est éprouvée. Les expositions coloniales sont d’ailleurs largement répandues et visiblement très impressionnantes : celle de Vincennes a permis la reconstitution d’une des façades du temple d’Ankgor, celle de Marseille en 1922 a construit une mosquée dont le minaret s’élève à 70 mètres de hauteur,...

Mais cette fierté a peut-être ses racines dans un sentiment d’humiliation : en effet, en 1870, la France est vaincue par la Prusse (désastre de Sedan) ce qui entraîne la chute de Second Empire. La France est mutilée par la perte de l’Alsace et de la Lorraine, d’où la volonté de reconstruire un empire, garanti de l’image française au regard étranger, et preuve de sa puissance dans une heure où le Royaume-Uni entreprend déjà la conquête d’un nouvel empire.

D’autre part, en 1931, période de l’entre-deux-guerres, le sentiment relativement positif (dans le sens où la France et ses alliés ont été déclarés « vainqueur » à l’issu de la Première Guerre mondiale) est altéré par la crise économique de 1929 qui s’étend au monde entier. Il y a donc peut-être la volonté de montrer la France sous un autre visage, un visage ambitieux, conquérant et prometteur.

Cette affiche, et plus généralement cette exposition, a pour but de susciter de la fierté et de communiquer un enthousiasme