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La Religion Dans Gargantua

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analyser toute parole, écrite, professée, dite religieuse ou non, et en estimer la validité ou l’hérésie par rapport à la doctrine de l’Eglise. Ils sont à la fois gardiens mais également créateurs de cette doctrine, qui est née des traductions, puis des commentaires sans fin des textes sacrés. L’appareil judiciaire de l’Etat est en mesure d’appliquer des sanctions à l’encontre des personnes qui enfreignent les dures lois de la religion chrétienne (le Parlement de Paris, les forces de police, bourreaux, etc.) Il existe même des tribunaux ecclésiastiques. Le « coupable » est ainsi condamné à brûler avec ses textes dans le pire des cas. L’organisation de la répression était donc très développée.

I. Une critique de la religion

1) La critique des pratiques religieuses superstitieuses

- Rabelais critique les pratiques qui ne sont pas utiles à la religion, comme les chants religieux débités sans compréhension réelle de son sens :

(p.315, ch.38) « Ils marmonnent une masse d’antiennes et de psaumes qu’ils ne comprennent nullement. Ils débitent force patenôtres, entrelardées de longs Je vous salue Marie sans y penser ni rien y comprendre. Et j’appelle ça moque-Dieu, non prière », ou bien (p.225, ch.25)

« Les pauvres diables de moines ne savaient à quel saint se vouer. A tout hasard ils firent sonner le rappel des moines au chapitre. Là on décréta de faire une belle procession, renforcée de beaux sermons et de litanies contre les assauts ennemis, et de beaux répons pour la paix. »

ou encore : « En constatant qu’ils vendangeaient l’enclos dont dépendait leur boisson de toute l’année, il s’en retourne dans le chœur où étaient réunis les autres moines, tout ahuris comme fondeurs de cloches ; en les voyant chanter Im, im, im, pe, e, e, e, e, e, tu, um, in, i, ni, mi, co, o, o, o, o, o, rum, um (…) » Ici, le bégaiement des moines dans leur chant et l’appellation « les autres moines, tous ahuris comme des fondeurs de cloches » (fondeurs de cloches : fondre = démolir et ahuri = étourdi) rend les moines ridicules et lâches.

- Il critique également avec force la superstition, la peur illégitime du diable due au peu d’éducation à travers une phrase ironique (p.335, ch.41) « Il envoya donc en reconnaissance, sous la conduite de Tyravant, seize cents chevau-légers comme avant-garde, tous bien aspergés d’eau bénite et portant en guise d’enseigne une étole en écharpe, pour que, à tout hasard, s’ils rencontraient les diables, la vertu tant de l’eau grégorienne que des étoles les fasse disparaître et s’évanouir. »

2) La critique du clergé

- Rabelais ridiculise totalement l’Eglise en faisant des moines un sujet qui prête à rire :

Par exemple (p.315, ch.38) : L’auteur compare les moines à divers animaux, d’abord à des frelons paresseux :

« Comment se fait-il qu’on rejette les moines de toutes les bonnes compagnies, en les traitant de trouble-fête, comme les abeilles chassent les frelons de leurs ruches ?

‘ La troupe paresseuse des frelons,

dit Virgile,

elles les chasse de leurs demeures.’ »

On notera que cette comparaison prend une valeur légitime grâce à la citation de Virgile, grand écrivain latin. On peut presque dire que Rabelais invite Virgile à témoigner contre les moines.

Puis ensuite à des singes :

« Et si vous comprenez pourquoi un singe dans une maison est toujours raillé et harcelé, vous comprendrez pourquoi les moines sont fuis par tous, vieux et jeunes. Le singe ne garde pas la maison comme un chien ; il ne tire pas la charrue comme un bœuf ; il ne produit ni lait ni laine comme la brebis ; il ne porte pas le fardeau comme le cheval. Tout ce qu’il fait, c’est de conchier et d’abîmer tout, ce pourquoi il ne recueille que des moqueries et coups de bâton. De la même façon, un moine (je veux parler de ces moines oisifs) ne laboure pas comme le paysan, ne défend pas le pays comme l’homme de guerre, ne guérit pas les malades comme le médecin, ne prêche ni n’instruit le pays comme le bon docteur évangélique ou le pédagogue, n’assure pas les aises et les besoins de la collectivité comme le marchand. C’est pourquoi ils sont raillés ou détestés de tous. »

- Rabelais les ridiculise également grâce au rapport de taille très contrasté entre Gargantua, vu comme un géant, et les six pèlerins « Comment Gargantua mangea six pèlerins en salade » :

(p.299-303, ch.36) : Tout d’abord il leur donne une taille minuscule, dans un environnement qui prête à rire :

« Il faut ici raconter ce qui arriva à six pèlerins venant de Saint-Sébastien près de Nantes qui, pour s’abriter pendant la nuit de peur des ennemis, s’étaient cachés dans le potager, sur les petits pois, entre les choux et les laitues. » La vision du potager et des légumes ainsi que des pèlerins cachés fait immédiatement penser à de petits animaux, voire des insectes que Gargantua mange avec sa salade :

« Le sixième était dans le plat, caché sous une feuille de laitue, sauf son bâton qui apparaissait par-dessus. A cette vue, Grandgousier dit à Gargantua :

‘Je crois que c’est là une corne d’escargot ; ne la mangez pas.’»

- Rabelais montre également leur incompétence intellectuelle de diverses manières :

D’abord en prêtant une intelligence commune aux pèlerins : ils sont six, et ne semblent pas avoir de pensée individuelle. En effet, Rabelais prend soin de les faire parler à la première personne du pluriel en utilisant constamment le « nous ».

(p.335, ch.52) « Tandis qu’il les lavait d’abord à la fontaine, les pèlerins se disaient à voix basse : ‘Que faire ? Nous allons nous noyer ici, au milieu de ces laitues. Allons-nous parler ? Mais si nous parlons, il va nous tuer comme espions.’ Et comme ils délibéraient ainsi, Gargantua les mit avec les laitues dans les plats de la maison, aussi grand que le tonneau de Cîteaux et, assaisonnés d’huile, de vinaigre et de sel, les mangea pour se rafraîchir avant le souper (…) »

On retrouve par la suite, et plusieurs fois dans le roman les pèlerins à qui il arrive toujours malheur. Rabelais les utilise comme élément d’humour, et le lecteur prend pitié d’eux tout en riant de leur caractère ridicule. Leurs apparitions lui rappellent constamment l’opinion de l’auteur sur les religieux.

De même, les exemples étudiés dans le 1) témoignent également de la stupidité de ceux-ci, qui par leurs litanies et leurs prières inutiles prouvent leur manque d’éducation.

3) La critique de la Sorbonne

Enfin, Rabelais critique avec passion les théologiens de la Sorbonne.

- Il utilise un représentant de la Sorbonne, Maître Janotus de Braquemardo, pour mieux la tourner en dérision. Il utilise un personnage au nom déjà drôle de par sa sonorité. Maître Janotus, afin de récupérer les cloches de Notre-Dame, est envoyé par la Sorbonne. Il tient un discours qui n’a ni queue ni tête :

(p.161, ch.28) La Harangue que Maître Janotus de Braquemardo adressa à Gargantua pour récupérer les cloches.

- Tout d’abord, il hésite et tousse pour se faire entendre, mais aussi pour manifester sa gêne sans doute : « Ahem, hem, hem ! », ou bien « Hem, hem, hash ! »

- Il fait également preuve de familiarité : « Ahem, hem, hem ! bien l’bonjour, Monsieur, bien l’bonjour ! »

- De plus, l’utilisation de phrases longues et incompréhensibles montre qu’il a appris sans comprendre :

« Dans le temps, nous en avons refusé du bon argent à ceux de Londres en Cahors, et aussi à ceux de Bordeaux en Brie, qui voulaient les acheter en raison de la qualité substantifique de la constitution élémentaire qui siège en la matérialité de leur nature intrinsèque pour expulser les halos et les tourbillons de dessus nos vignes – à vrai dire pas les nôtres mais celles près d’ici. » On notera que cette phrase rejoint en un sens l’éducation de Gargantua avec son premier précepteur Thubal Holoferne qui lui faisait apprendre par cœur des livres, à l’endroit et à l’envers :

« Et il le connaissait si bien que, mis à l’épreuve, il le récitait par cœur à l’envers (…) », ou encore avec ce que dit Gargantua au Ch.38

« Ils marmonnent une masse d’antiennes et de psaumes qu’ils ne comprennent nullement. Ils débitent force patenôtres, entrelardées de longs Je vous salue Marie sans y penser ni rien y comprendre. Et j’appelle ça moque-Dieu, non prière »

Rabelais en effet, humaniste et évangéliste est contre l’apprentissage sans réflexion, propre à l’université de la Sorbonne. D’abord, il prône un retour aux textes religieux originaux, mais il veut aussi une éducation qu’il juge importante même dans la religion.

- Maître Janotus de Braquemardo, représentant de la Sorbonne, est également montré comme stupide. En effet, il est comparé à un âne dans une référence à Crassus et à Philémon.

« A peine le théologien eut-il achevé que Ponocrates et Eudémon

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