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Le Concept D'Histoire Chez Schelling

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s sur la philosophie de la nature, 1797, De l’Ame du monde, 1798, Première esquisse du système de la philosophie de la nature, 1799, Système de l’idéalisme transcendantal, 1800, Exposé de mon système de philosophie, 1801. Dans ces ouvrages, Schelling y explique les lois de la nature physique et cherche à démontrer leur identité avec celles de la nature spirituelle. Selon la conception schellingienne développée dans sa philosophie de la nature, la nature et l’esprit coexistent et se développent parallèlement dans une parfaite identité: l'électricité a son pendant dans l'irritabilité, le magnétisme dans la sensibilité. L'univers tout entier y apparaît comme l'expression de l’unité, et lui est identique. Schelling pense qu’il est possible pour l’homme d’appréhender le monde suprasensible par ce qu’il appelle l’intuition:

« En nous tous est présente une faculté mystérieuse et merveilleuse, celle de nous retirer dans la partie la plus intime de nous-mêmes (...) afin d'avoir une intuition de l'éternel en nous, sous la figure de l'immutabilité. Cette intuition est l'expérience la plus intime, la plus proche, celle dont dépend tout ce que nous savons et croyons quant au monde suprasensible »

Le système de l’Idéalisme transcendantal est conçu pour être un système de la connaissance tout entière, à savoir une science théorique et pratique. Schelling écrit à propos du but de son système:

« Der Zweck des gegenwärtigen Werks ist nun eben dieser, den transscendentalen Idealismus zu erweitern, was er wirklich seyn soll, nämlich zu einem Systems des gesamten Wissens, also den Beweis jenes Systems nicht blos im Allgemeinen, sondern durch die That selbst zu führen.»

Cette connaissance est accessible par la triple activité de la nature (philosophie de la nature), de l’art (esthétique romantique) et de la philosophie (philosophie transcendantale), trois puissances construites sur le paradigme d’une théogonie transcendantale.

L’originalité du système schellingien réside dans la tentative de concilier l'idéalisme et le réalisme, la nécessité et la liberté , le matérialisme et le spiritualisme et de concevoir ainsi l'ordre même des choses. Le Système de l’Idéalisme transcendantal a donc l’intention de dépasser la théorie transcendantale de Fichte en lui prêtant une genèse naturelle. Certains commentateurs diront que celle-ci a toutes les caractéristiques du panthéisme spinozien (Dieu est tout en tous ), mais que son panthéisme se veut plus savant, car inspiré de toutes les découvertes de la science moderne. Pourtant la pensée schellingienne se veut être le dépassement de la philosophie rationnelle et de la philosophie de la religion. En tout cas, la profondeur de sa pensée a ouvert des portes inexplorées à la philosophie moderne, enfermée dans une méthode dont l’axiome principal est la raison.

Cet essai se propose d’expliquer en quoi consiste le système schellingien de l’Idéalisme transcendantal dit objectif et le rôle particulier qu’y joue le concept d’histoire dans sa structure générale et dynamique. Nous aborderons également les implications anthropologiques et philosophiques qu’une telle conception a engendrées.

Dans son œuvre Les Âges du Monde, 1811-1813, Schelling déclare: « le passé est su, le présent est connu, le futur est pressenti » . Nous verrons comment Schelling conçoit ces trois moments de l’histoire.

1. Le système de l’Idéalisme transcendantal de Schelling

Dans son ouvrage le Système de l'idéalisme transcendantal, 1800, Schelling y expose non seulement la doctrine de Fichte, mais aussi et surtout il y poursuit trois objectifs :

- déterminer le statut du moi (des Ichs) comme principe de l’idéalisme transcendantal, comme unité théorico-pratique contenant toute réalité infinie et finie. Cette unité est atteinte dans la conscience de soi (Selbstbewusstsein) par soi, de la pensée d’elle-même par elle-même.

Schelling écrit (Vom Ich, par. X) : « Le Moi contient tout être, toute réalité.»

- définir le concept d’une histoire transcendantale du moi constituée par les époques de l’auto-objectivation du moi, dont l’aboutissement est l’identité parfaite entre le moi objectif (fini) et le moi subjectif (infini).

- investir l’art du rôle de clef de voûte de l’idéalisme transcendantal compris comme système.

Schelling propose ainsi une véritable alternative à l’idéalisme transcendantal de Fichte, dont le but est de déterminer ce qui rend possible la connaissance universelle et nécessaire. L’auto-objectivation du moi poursuit, dans le système schellingien, l’objectif d’amener la conscience, vécue comme séparation entre la conscience philosophique subjective et la conscience naturelle objective à leur unité, et ce par la conscience philosophique elle-même. Le moi devient chez Schelling le fondement, non pas seulement de la philosophie pratique (liberté morale comme nécessité de l’espèce) comme chez Kant, mais de la philosophie théorique et donc de la philosophie entière (liberté pure de la conscience). Schelling, à l’encontre du formalisme reproché à la doctrine fichtéenne inspirée de Kant (Idéalisme subjectif), insiste sur la nécessaire production du contenu du savoir, à savoir l’auto-objectivation du moi, pour pouvoir fonder le principe de l’idéalisme transcendantal (Idéalisme objectif). Ce processus d’auto-objectivation du sujet va de degré en degré, de moment en moment, jusqu’à ce que le moi devient pour soi ce qu’il était en soi, c’est à dire liberté pure. Cette identité signifie l’unité de l’être et du savoir et donc l’achèvement du système transcendantal. Pourtant, la liberté pure récuse toute détermination, car elle ne se reconnaît que dans l’indétermination sans borne, « même l’impossibilité de s’en donner » . La philosophie est selon Schelling l’histoire de la conscience de soi, de l’auto-conscientisation par l’auto-objectivation. Nous verrons ultérieurement comment Schelling compte résoudre l’indétermination des limites de l’histoire.

Dès ses Premiers écrits, Schelling expose la différence entre le dogmatisme (vision spinozienne) et le criticisme (vision kantienne). Selon lui, cette différence se situe dans la conception du moi. Pour le dogmatisme, le sujet est absorbé dans un objet : absolu, dieu, substance; pour le criticisme, l'objet est résorbé dans un sujet: le moi.

Le système de l’Idéalisme transcendantal de 1800 est divisé en deux parties reliées en leur point d’équilibre par le langage: la nature, l’inconscience, le désir forment la partie théorique, la raison, la conscience, l’action/volonté la partie pratique. En d’autres termes, la philosophie de la nature y tient la partie théorique et la philosophie de l’histoire, l’autre partie principale de la philosophie , la partie pratique de son système. L’histoire y apparaît en effet comme l’achèvement de la philosophie pratique, comme la reprise par la volonté consciente du devenir inconscient de l’intuition, de la pulsion.

Dès 1802, Schelling reprochera à son système son formalisme, c'est-à-dire sa portée exclusivement théorique, au détriment de la portée pratique. Schelling prendra peu à peu conscience qu’il s’agit d’un problème de méthode et constatera que l’Idéalisme transcendantal est un processus de subjectivation (intuition intellectuelle) et non d’objectivation (intuition esthétique). L’intuition intellectuelle occupe toute la place et a effacé l’intuition esthétique du système. Il cherchera à désubjectiver le concept d’histoire, à réobjectiver le sujet, c'est-à-dire à trouver le mécanisme d’objectivation pour comprendre le sens du monde, comme théâtre de la liberté. Pourquoi cette objectivation de la conscience est-elle nécessaire ? Pour y répondre, il faut procéder à l’analyse de la démarche philosophique schellingienne dite objective. La philosophie repose d’abord sur la reconnaissance du sujet de son non-savoir. Le philosophe doit se défaire de son savoir fini, pour accéder à la connaissance, à l’être. Pour parvenir à la conscience de soi, le sujet est obligé de se sacrifier soi-même, de s’objectiver, c'est-à-dire de se poser hors de soi, hors de son lieu. Cette objectivation n’est possible selon Schelling que dans l’extase et non dans l’intuition intellectuelle, où le moi reste sujet du savoir.

2. La théorie des trois puissances, les axiomes de son système transcendantal

Voyons à présent comment Schelling conçoit les principes ou les puissances de la nature et leurs effets sur le monde. Ces puissances sont de nature dynamique et conflictuelle. Notons que cette théorie sera surtout développée dans sa dernière philosophie, entre 1821-1841, dans une œuvre restée inachevée, écrite une dizaine d’années après son Système de l’Idéalisme transcendantal, à savoir les Âges du monde.

1. La première puissance est le désir aveugle, la sourde volonté d'être, de se vouloir soi-même, qui n’a d’autre objet qu’elle-même (volonté objective). Cette puissance est la nature, la matière de tout devenir, le fond illimité de la volonté indéterminée. Aristote

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