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Le Pont Mirabeau

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un effet particulier de rythme lent et languissant, accentué par les deux heptasyllabes du refrain.

UN POEME CLASSIQUE ET MODERNE

1) Classique

-Apollinaire a choisi le grand vers lyrique : le décasyllabe. Chaque strophe se compose de trois vers aux rimes féminines suivies qui auraient du former un tercet.

-L’ensemble est composé comme une chanson avec son refrain sur l’amour malheureux et la fuite du temps.

-Le sujet (l’amour) est traditionnel.

-Certaines tournures présentent des formes archaïques «Faut-il qu’il m’en souvienne », « nos amours ». On peut remarquer l’ambiguïté du subjonctif « Vienne la nuit » qui peut correspondre soit à un souhait (que vienne l’heure du RDV) soit à une opposition (bien que l’heure vienne, je suis seul).

Cette ambivalence des mots et des constructions fait basculer le poème vers la modernité.

2) Moderne

-Le grand vers lyrique est rompu, brisé en deux (4+6), ce qui donne une rime masculine isolée, comme le poète. Le vers est à l’image de la rupture amoureuse.

-L’absence de ponctuation favorise la fluidité du poème et son ambiguïté en multipliant les sens possibles.

-Un calembour est composé par la diérèse « vi-o-lente » = vie-eau-lente et évoque la lenteur de la vie qui passe.

-« Comme », lui-même a plusieurs valeurs : adv. exclamatif, conj. de cause, temps, comparaison.

- Le poème est à l’image de ce Paris qui se transforme, qui se tourne vers la modernité, alors que la ville repose totalement sur le passé. D’autant que la pont Mirabeau était relativement récent pour l’époque d’Apollinaire : il a été construit entre 1893 et 1896. C’est un pont léger, bâti en métal, composé de trois arches et décoré de quatre statues (ville de Paris, abondance, génie du commerce, navigation). Il relie Grenelle à Auteuil, dans le XVIème arrondissement.

La capitale repose sur son histoire, et est tournée vers l’avenir = mélange tradition + modernité.

Nous allons voir que le même jeu suggère à la fois un temps immobile et circulaire, éternel et passager.

II. LE TEMPS QUI FUIT

1) Un présent éternel

- « Sous le pont Mirabeau coule la Seine » : Vérité générale, présent immuable. Répétition du vers comme un refrain : rassurant, immuable.

- Certains adverbes renforcent cette éternité : « toujours » ; les deux négations « Ni temps passé ni les amours reviennent » jouent le même rôle. Rien ne revient, tout s’échappe. Enfin nous avons les « éternels regards ».

_ Le pont est immuable, solide, inébranlable à l’opposé de cet amour perdu.

2 ) Le temps cyclique

-Le dernier vers et le premiers sont les mêmes : ils forment une boucle.

-Le refrain revient après chaque strophe et évoque le retour des heures.

-La temporalité est circulaire. Elle emprisonne le poète sur le pont pendant que l’heure tourne et que le fleuve coule.

« Je demeure » = je reste/réside/meurs.

Strophe 4 : Le dernier vers répète le premier vers du poème, évoque l’image du pont immobile et crée un effet de boucle qui se referme sur le début. Le temps passe dans le rythme de l’eau qui coule et, comme elle, il ne revient pas ainsi que l’amour heureux. La conjonction de négation " Ni ", répétée 2 fois martèle le sentiment de désespoir que provoque le destin irréversible du non-retour.

3) Le pont / l’eau qui fuit

-L’amour s ‘en va comme l’eau courante, comme la vie, et les allitérations en –l- la font couler plus vite. « des éternels regards l’onde si lasse ».

-La répétition des mots, des verbes de mouvement souligne ce flot continu.

-Seul le pont est immobile et le poète le fixe dans son vers.

-La construction est solide, à partir de formules fixes et symétriques (cf. vers 7). L’impératif « restons » durcit encore le vers. Reprend la construction du pont avec ses piliers.

-Ils se font face, sans doute comme Marie et Guillaume à une époque.

-« comme l’Espérance est violente », comme elle est forte : On ne renonce jamais à espérer. Seule note positive du texte avec ce mot, chargé d’une majuscule. On tente de fixer le temps dans le poème et la mémoire. Attention à la diérèse « vi-o-lente » et à son jeu de mots : vie/eau/lente…

Le poème assimile la fuite de l’eau à celle du temps et donc à la perte de l’amour.

III. DES SYMBOLES RECURRENTS

1) La Seine.

L’eau, depuis des siècles, véhicule certains symboles : tout d’abord celui de la maternité (la mer = la mère), de la renaissance, donc. Elle est symbole de vie, de purification. Dans de nombreuses croyances et de nombreux mythes, il faut traverser un cours d’eau, se baigner pour accéder à la connaissance, ou à un niveau vital autre (fleuve, baptême, le Gange, ablutions islamiques, Lourdes et sa source chaude, Vénus née de l’écume de la mer, etc).

Dans ce texte, l’eau du fleuve a été source de vie puisqu’elle permettait l’amour, mais elle devient presque une image négative : l’amour a fui avec l’eau, qui semble l’avoir emporté.

Les sonorités - très particulières aussi - sont incluses dans ces effets de rythme.

Les sons liquides (L- M- N) englobent les rares consonnes sifflantes (S) et fricatives (R-F). Le son et le sens de " Seine " appellent ceux de " souvienne ", " peine ", " Vienne ", " reviennent ", " semaines " dans un mouvement de flux et de reflux.

Le rythme lent du poème reprend celui de la Seine, qui n’a pas un flot puissant mais continu. On sent une sorte de flux et de reflux, une alternance entre les vers longs et courts. Le rythme de l’eau est bien présent, immuable lui aussi, tout comme le pont.

2) Le pont.

Un pont sert à relier deux éléments entre eux, à éviter l’obstacle de l’eau. Entre le poète et la femme aimée, il permet les rencontres, les rendez-vous amoureux. Il sert de lien et se rapproche beaucoup de l’image des bras des amoureux.

Le poète se

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