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bord porté à négliger » ; - « Un raisonneur inexpérimenté ne pourrait absolument pas raisonner s’il était absolument inexpérimenté »

 L’expérience est-elle un guide suffisant pour la conduite de sa vie ?  Dégagez l’idée principale du texte. Quelles sont les différentes étapes de son argumentation ?

L’idée principale du texte peut s’énoncer ainsi : la raison humaine n’est pas une faculté indépendante de l’expérience, elle est au contraire tout entière issue de l’expérience. Cette thèse centrale du texte est très clairement exposée au début de la dernière phrase : « La vérité est qu’un raisonneur inexpérimenté ne pourrait pas raisonner s’il était absolument inexpérimenté ». Les différentes étapes de l’argumentation sont les suivantes : 1) Le début du texte (« Il n’y a pas…la conduite de la vie ») se présente comme un constat selon lequel même un jeune homme très « inexpérimenté » a, en réalité, tiré de sa vie, par « observation », des leçons, des « maximes » nombreuses. Vivre, c’est observer et observer, ce n’est pas regarder au hasard mais examiner avec attention. L’observation n’est pas passive mais active et, nous dit Hume, elle nous permet de former des « maximes générales ». « Maxime » signifie ici à la fois une proposition appuyée sur l’observation (par exemple : les gens qui se vantent beaucoup de leurs exploits sont souvent des menteurs ou, au moins, des gens qui exagèrent) et une règle de comportement (il est sage de ne pas croire les vantards sur parole). La notion de maxime comporte donc l’idée d’une utilité pratique de la maxime : il ne s’agit pas de former des maximes pour le plaisir mais pour mieux vivre. La maxime, c’est un condensé d’expérience et un condensé utile qui nous aidera à nous orienter dans les « affaires humaines et la conduite de la vie ». Ces maximes sont « générales », parce qu’elles ne concernent pas seulement un ou deux individus, ni une ou deux situations et circonstances, mais l’ensemble d’une catégorie ; si, par exemple, j’ai constaté que deux ou trois vantards de mes relations exagéraient beaucoup leurs exploits, j’en conclurai que tous les vantards (même ceux que je ne connais pas) ont tendance à exagérer et je me comporterai en conséquence. Cette formation de maximes est spontanée dans l’esprit humain et cela dès la plus petite enfance. Même le petit enfant a déjà une expérience et façonne des maximes (même s’il n’est pas, pour autant, capable de les formuler) : il évitera, par exemple, les chiens si un jour un chien lui a fait peur. Ainsi, l’observation est active mais la tendance à observer est spontanée. 2) Le problème est, toutefois, de savoir faire usage de ces maximes et, dans une deuxième étape, (« mais on doit avouer…discernement voulus ») Hume donne quatre raisons expliquant que le jeune homme fait inévitablement des erreurs. La première raison est le peu d’ampleur de son expérience (« mais on doit avouer…les appliquer correctement ») : il s’agit du cas de maximes trop simplistes ou trop généralisatrices. Une maxime trop peu étendue va se révéler inefficace ou dangereuse quand on voudra l’appliquer dans la vie ; la maxime « un vantard ment toujours et sur toutes choses », par exemple, est une maxime trop grossière, qui nous expose à de mauvais comportements. Une expérience plus étendue permet de former des maximes plus solides et plus subtiles. La deuxième raison (« Dans toute situation…en dépendent entièrement ») réside dans l’embrouillement des circonstances, Hume soulignant ici la nécessité de maîtriser la complexité des situations où on doit utiliser les maximes. La troisième raison (« Sans compter…occasions convenables »), insiste sur la difficulté de trouver, de « découvrir », les bonnes maximes : dans beaucoup de situations, ce ne sont pas les bonnes maximes qui se présentent à l’esprit, on réagira « à côté de la plaque » (si on nous passe l’expression). La quatrième raison (« et qu’il ne peut …discernement voulus ») souligne, enfin, qu’à supposer même que les bonnes maximes, adaptées à la situation, se soient présentées à l’esprit, reste la difficulté à les appliquer « immédiatement avec calme et discernement ». Cette difficulté tient au rapprochement des mots « immédiatement « d’un côté, « avec calme et discernement » de l’autre : rester calme et réfléchi alors qu’on agit dans l’urgence, voilà qui est très difficile. 3) La dernière étape du texte (« La vérité…imparfait ») tire la conclusion de ces analyses et propose une nouvelle interprétation du mot « inexpérimenté » : au sens strict, aucun être humain, même le plus jeune et le moins réfléchi, n’est inexpérimenté ; ce que nous voulons dire en disant de quelqu’un qu’il est inexpérimenté, ce n’est pas qu’il n’a aucune expérience, mais c’est qu’il n’a qu’une expérience limitée.

 Expliquez :

- « Dans toute situation et dans tout évènement, il y a de nombreuses circonstances particulières et des circonstances en apparence menues que l’homme du plus grand talent est tout d’abord porté à négliger ». Hume expose ici la seconde difficulté à laquelle on se heurte pour user correctement des maximes de l’expérience : la nécessité de bien maîtriser la complexité des situations concrètes où on doit utiliser les maximes. Cette complexité, Hume la décrit et la pense par une formule très importante : « les circonstances particulières ». Etymologiquement, « circonstances » désigne « les choses qui se tiennent (stare) autour (circum) », c’est tout ce qui entoure l’objet principal. Les situations concrètes sont toujours un écheveau d’éléments divers. Il est donc parfois difficile de déterminer ce qui est important, et surtout de savoir si telle ou telle maxime s’applique bien au cas en question. Ces « circonstances particulières » sont « menues » au sens où petites elles sont difficiles à voir, mais elles ne sont menues qu’ « en apparence » parce qu’en réalité leurs conséquences sont très importantes ; elles sont donc à la fois menues et pas menues du tout dans leur réalité, de peu et de très grande importance à la fois. C’est pourquoi même « un homme du plus grand talent », ce qu’on appelle couramment un homme d’expérience, peut s’y tromper, avec de graves conséquences. Le monde de notre expérience concrète est d’une gigantesque complexité ; c’est un monde dont les paramètres sont extraordinairement nombreux, et dans lequel nous ne pouvons, au début, que tâtonner. - « Un raisonneur inexpérimenté ne pourrait absolument pas raisonner s’il était absolument inexpérimenté ». Cette phrase constitue la leçon philosophique principale du texte. Hume l’expose en choisissant une formulation un peu paradoxale afin de mieux souligner que l’expression « raisonneur inexpérimenté » est contradictoire si l’on prend « raisonneur » et « inexpérimenté » dans toute leur rigueur conceptuelle. Un homme totalement « inexpérimenté » n’aurait aucune maxime générale et n’aurait donc aucun moyen de raisonner. Tout raisonnement suppose en effet, pour Hume, une inférence à partir de maximes issues de l’observation : si j’ai expérimenté que les vantards étaient le plus souvent des menteurs, quand je rencontrerai un vantard, j’infèrerai qu’il a bien des chances de mentir un peu ou beaucoup. Si je n’avais aucune expérience, je l’écouterais passivement sans pouvoir supposer quoi que ce soit à son sujet, sans pouvoir raisonner à son sujet et sans savoir quel comportement adopter. Donc, jeunes ou vieux, nous raisonnons et nous sommes donc expérimentés. Quand nous disons de quelqu’un qu’il est inexpérimenté, nous ne voulons pas en fait dire qu’il est « absolument » sans expérience, mais que relativement à la nôtre, son expérience est faible et imparfaite.

 L’expérience est-elle un guide suffisant pour la conduite de sa vie ?(a)

[Introduction] Savoir « conduire sa vie » ne relève pas chez l’homme d’une aptitude immédiatement et automatiquement donnée. Il ne va, en effet, nullement de soi pour l’être humain d’apporter des réponses toujours adaptées aux situations diverses (et parfois très problématiques) dans lesquelles il peut se trouver. Qu’il s’agisse de « vivre » ou, au-delà de la seule survie biologique, de « bien vivre » (c’est-à-dire conformément à un idéal à atteindre), l’expérience semble donc jouer un rôle déterminant pour la conduite de la vie humaine, constituant progressivement un savoir compensant un manque de réponse instinctive. Mais, suffit-il pour autant d’être confronté à une grande diversité de situations et d’évènements ou d’accumuler des observations pour disposer de repères fiables nous indiquant où nous devons aller et comment ? L’expérience ne doit-elle pas plutôt être éclairée et complétée par une réflexion issue de la raison pour constituer un véritable guide dans la conduite de notre vie ? [I] « Avoir de l’expérience » semble constituer un atout déterminant pour bien maîtriser une pratique (« c’est en forgeant qu’on devient forgeron »), prendre une décision ou encore analyser une situation de la manière la plus pertinente et adaptée possible. Le « manque d’expérience », de confrontations multiples avec le domaine que l’on veut maîtriser, apparaît, au contraire, comme un défaut majeur pouvant conduire à des erreurs importantes qui peuvent même être dramatiques s’il s’agit de la conduite de la vie.

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