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Relation Sino-Taiwanaise

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la scène internationale. La situation est donc délicate pour Pékin, dans la mesure où la situation peut à tout moment laisser place à un conflit qui risquerait d’impliquer les Etats-Unis et de remettre en cause la situation de la Chine.

Partie 1 : Origines de la confrontation et positions de la Chine et de Taiwan

Pour la Chine, Taiwan est à l’évidence une possession chinoise que l’histoire et le droit rendent incontestable. Pour Taiwan, son droit à l’existence est un fait acquis que rien ne saurait remettre en cause. Pour eux deux, la question de l’unification est une question cruciale de leur politique intérieure et extérieure et chacun entend bien faire valoir ses droits légitimes.

I/ Les origines de la confrontation : une appartenance contestable de l’île au continent

11. Bref historique de l’appartenance de l’île

111. Une île fortement disputée : de la découverte à la séparation

L’histoire de Taiwan démontre combien la possession de cette île fut disputée par le passé. Possession hollandaise en 1624 et en partie espagnole de 1626 à 1642, l’île devient propriété pour une vingtaine d’années de Cheng Cheng-Kung, un chef d’origine mi-chinoise mi-japonaise qui y installa un gouvernement. Elle fut ensuite conquise et administrée par les Mandchous pendant près de 212 ans, de 1683 à1895[ii] avant d’être cédée au Japon à perpétuité à l’issue de la première guerre sino-japonaise de 1894-1895 par le traité de Shimonoseki du 17 avril 1895[iii]. Ces derniers y établirent leur administration et procédèrent à une forte « japonisation » de la société insulaire. Taiwan ne revint à la République de Chine qu’à l’issue de la Seconde Guerre Mondiale. En 1949, les forces de Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek), chef du Kuomintang (KMT), battues par les forces communistes se retirent sur l’île de Taiwan où ils transférèrent provisoirement les institutions centrales de la République de Chine (RDC) tandis que les communistes fondaient sur le continent la République populaire de Chine (RPC)[iv]. Jiang Jieshi imposa sur l’île un retour aux traditions chinoises et se posa comme le seul et unique représentant de la Chine.

111. La séparation définitive, un accident de l’histoire[v]

L’année 1950 fut décisive dans la séparation « définitive » de l’île. En effet, l’éclatement de la guerre de Corée en juin 1950 mit un terme aux velléités communistes de reprendre l’île par la force et participa fortement à figer la situation entre les deux protagonistes. La RPC apporta en effet son soutien à la Corée du Nord de Kim II sung, tandis que les Etats-Unis envoyèrent dès l’été 1950 la VII° flotte dans le détroit de Formose et apportèrent leur aide militaire et économique à Taipei. Chacun des deux protagonistes put alors prétendre être le dépositaire exclusif de la souveraineté nationale et fit du recouvrement de cette souveraineté un objectif politique sacré.

12. L’émancipation de Taiwan et la question de son statu

121. Un statut jamais tranché

A l’origine, la question du statut de Taiwan se pose avant tout dans un contexte d’opposition Est/Ouest. En effet, seuls les Etats communistes et quelques pays neutres reconnurent la RPC tandis que la quasi totalité des nations occidentales[vi] a maintenu ses relations avec la République de Chine, sans pour autant la reconnaître. Le statut de l’île n’est en effet jamais clairement fixé, pas même dans les traités de San Francisco et de Taipei par lesquels le Japon renonce officiellement à tout droit et titre sur Taiwan et les îles Pescadores (Penghu).[vii] Ainsi, l’île devient-elle une zone non attribuée dont chacune des deux parties peut réclamer la légitime possession. Ce « non choix » aboutit, dans le cadre de la guerre civile chinoise entre communistes et nationalistes, au maintien de relations étroites[viii] avec Taiwan, sans reconnaissance de jure. Ce statut ambigu est aujourd’hui toujours valable et nourrit l’opposition entre la Chine continentale et les autorités de Taiwan.

122. Le statut de « non Etat reconnu »

L’accession de la RPC comme représentant unique et légal de la Chine à l’ONU en lieu et place de Taipei,[ix] n’apporte aucune réponse à la question de Taiwan dont le statut international n’est pas réglé. Dès lors, « […] l’ambiguïté politique ou stratégique de ses principaux partenaires […] ou de son unique protecteur (Etats-Unis) devait remplacer l’appui diplomatique et militaire sans faille des années précédentes »[x] dont l’île avait bénéficié. Le communiqué sino-américain du 28 février 1972[xi] reconnaît ainsi que les Chinois des deux côtés du détroit soutiennent le principe « d’une seule Chine » et que Taiwan fait partie de la Chine. Les Etats-Unis normalisent leurs relations avec la RPC dès 1979 mais s’engagent à maintenir des relations non officielles avec Taiwan. Convaincus que la Chine a abandonné toute velléité de régler la question par la force, le traité de 1954 est aboli et les bases américaines à Taiwan sont fermées. Néanmoins, en avril 1979, le Congrès américain approuvait le « Taiwan Relation Act », en dépit des protestations chinoises et des réductions de livraison d’armes impliquées par le 3° communiqué sino-américain de 1982. Cette loi permet de donner une base légale aux relations américano-taiwanaises mais aussi et surtout à la clause informelle mais réelle de sécurité qu’ils souhaitent lui assurer[xii]. Depuis lors, Taiwan bénéficie d’un statut particulier qui fait de l’île un « non-Etat reconnu »[xiii] et n’entretient des relations officielles qu’avec 27 Etats de moindre importance, contre 167 pour la RPC.[xiv]

Ces quelques faits démontrent que l’appartenance de l’île à la Chine continentale n’est pas aussi évidente que le prétendent les dirigeants chinois dans leurs nombreuses déclarations réclamant le retour de la Taiwan dans le giron continental sur fond de justification historique. Mais au-delà de cette seule question, il apparaît que la crise trouve avant tout ses origines dans l’incapacité des nations à choisir et à définir un statut clair et à l’imposer aux parties prenantes. Dès lors, le statut ambigu de l’île justifie à lui seule toutes les postures politiques des autorités des deux rives du détroit, chacun pouvant arguer de son bon droit historique, les uns en se référant aux traités existants et les autres aux soutiens dont ils bénéficient davantage pour des raisons politiques et géostratégiques qu’historiques.

II/ Les principes défendus par la Chine et Taiwan à propos de l’unification

21. La position chinoise sur la question de l’unification et de l’indépendance

211. « Une seule Chine » et «un Etat, deux systèmes »

Pour les autorités chinoises la question de la réunification de la patrie est un enjeu majeur, qualifié « d’intérêt fondamental de la nation chinoise »,[xv] ce que confirme une décision prise par le 15ème Comité central du Parti communiste chinois en 1995, affirmant que « la réunification de la patrie est une des trois grandes tâches à accomplir par le peuple chinois au 21ème siècle […] il serait impossible […] de demeurer en suspens sans délai. »[xvi] Dans un tel contexte, la politique chinoise se concrétise par les concepts « d’une seule Chine » et « d’un Etat, deux systèmes » mis en application dès 1979 par Deng Xiaoping. Ces principes fondateurs s’opposent formellement à l’indépendance et proposent le retour de l’île à la Chine continentale par le biais de la négociation et son intégration au système socialiste, tout en lui assurant la conservation de son système capitaliste et une grande autonomie. Ils sont aujourd’hui toujours valables et les autorités font régulièrement preuve de leur volonté de négocier avec Taiwan. Une déclaration du Bureau des Affaires de Taiwan du Parti communiste chinois (PCC) et du Conseil des Affaires d’Etat de mai 2005 stipule ainsi que « [...] tout problème peut être discuté sur la base du principe d’une seule Chine. Pourvu que les autorités de Taiwan s’engagent clairement à ne pas soutenir la « Thèse de deux Etats » […] Toute séparation de la patrie […], ainsi que la voie de l’indépendance de Taiwan, sont toutes des impasses, qui ne sont pas tolérées par le peuple chinois dans l’ensemble du pays y compris les compatriotes de Taiwan »[xvii].

Pour autant, et malgré cette volonté de négociation, il apparaît clairement que ces principes sont non négociables et s’appliquent à tous les intervenants du conflit, y compris les Etats-Unis, invités à marquer clairement leur opposition à l’indépendance de l’île et à observer fidèlement les engagements pris. Dès lors, toute initiative favorisant ou allant dans le sens de la position taiwanaise de relations « d’Etat à Etat

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