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Ronsard - Derniers Vers

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aitres ensemble » : rupture entre l’évocation très réaliste du corps et la mention antique d’Apollon et d’Esculape, même les Dieux ne peuvent le sauver.

« Ne me sauraient guérir, leur métier m’a trompé » : présente une forme d’hostilité. Ronsard ne se présente plus victime que de la mort, mais aussi d’une illusion : la poésie qui pouvait transformer le corps mortel en rose dans l’Ode à Cassandre ne parvient pas à éviter la déchéance. C’est une forme d’objectivité, qui permet de s’orienter vers une espérance.

« Adieu, plaisant soleil ! Mon œil est étoupé » : contraste entre la réalité physiologique et l’adieu traditionnel, de posture, au soleil. L’œil couvert de pansements dit à la fois le caractère réaliste face à la maladie, l’aveuglement qui l’empêche de voir le soleil (renforçant ainsi l’impression artificiel du premier adieu), et l’analogie au naufrage : l’étoupe sert normalement à calfater la coque des navires en mauvais état.

« Mon corps s’en va descendre où tout se désassemble » : le corps qu’on n’osait plus regarder devient sujet d’un mouvement ; la périphrase de l’enfer fait pénétrer le corps dans un lieu où il perd son unité, lui qui était squelette et donc construit. Quasi paronomase qui exprime l’analogie entre enterrement et décomposition.

Ainsi le narrateur envisage son départ dans l’anonymat, plus rien de son corps ne sera plus à lui. De cette dislocation, la syntaxe de la 2e strophe est témoin : enjambement au 2e vers, pluralité des temps de conjugaison, adresse au soleil qui change la narration, contraste entre le prosaïsme de la maladie et l’évocation antique divine. Avec quoi, avec qui le poème se fait-il lien ?

Tercets :

« Quel ami, me voyant en ce point dépouillé » : reprise du thème du regard en changeant de point de vue, Ronsard ose imaginer le regard des amis quand il ne peut le faire pour lui-même : nouvelle phase de l’expérience, au moment où sa solitude semblait complète il se souvient qu’il est aimé.

« Ne remporte au logis un œil triste et mouillé » : l’émotion des amis fait écho à la déchéance : la rime plate donne l’impression d’une immédiateté entre le dépouillement et les larmes. On revient de l’enfer souterrain, l’espace humain reprend ses droits avec l’évocation des logis : l’émotion des amis n’est pas feinte car se prolonge jusqu’à chez eux. L’émotion qu’évoque Ronsard n’est pas marquée temporellement, elle se transforme déjà en souvenir.

« Me consolant au lit et me baisant la face » : pour contrer cet éloignement, rapprochement soudain : répétition de la sollicitude amicale, grâce à ses amis le poète a retrouvé une face.

« En essuyant mes yeux par la mort endormis ? » : a cette question rhétorique, on répond « tout ami » : le présent de la question est un le pont entre la situation d’agonie et le moment de la mort, euphémisé par le sommeil. On a donc pour le locuteur, qui est ici poète, une vision proleptique : le narrateur envisage un moment qui ne correspond pas au moment de l’énonciation, la mort est annoncée dans un futur proche mais c’est encore le soin du visage qui fait de la mort un passage doux, qui permet encore un lien amical (« en essuyant mes yeux »). L’inversion « par la mort endormis » rappelle en essuyant mes yeux : la mort agit avec une même douceur.

« Adieu, chers compagnons ! Adieu, mes chers amis ! » : l’imagination des amis permet d’accepter la mort. Reprise de l’adieu au soleil, mais qui n’est pas cette fois-ci une construction toute faite : le futur proche permet de comprendre l’adieu comme un au revoir, un rendez-vous donné par-delà la mort. Le mot de « compagnons » montre un accompagnement traduit dans les vers précédents, « amis » lui, contient l’amour, d’autant qu’il est accolé à « mes chers » : un rapprochement sa fait grâce à la mort.

« Je m’en vais le premier vous préparer la place » : cette citation reprend Saint Jean, 14, 2-3 : discours prononcé par Jésus à ses disciples la veille de sa passion : « je vais vous préparer une place ». Ronsard se fait lui-même disciple pour retrouver une forme de vie. Le « je m’en vais » contraste avec le « mon corps s’en va » du vers 8 : le moi a repris ses droits, il a de nouveau une prise sur son destin et se retourne sur autrui : ce n’est plus vers leurs logis que doivent se tourner

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