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Discuter est-ce renoncer à la violence ?

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Par   •  5 Novembre 2021  •  Dissertation  •  3 189 Mots (13 Pages)  •  1 787 Vues

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DEVOIR N°1 – PHILOSOPHIE – Clara DESHAYES

Discuter est-ce renoncer à la violence ?

INTRODUCTION

Liminaire + thèse : Les conflits violents paraissent liés à la condition humaine – que ce soit entre individus, groupes sociaux ou nations. Leur caractère onéreux et destructeur incite néanmoins à y chercher des alternatives « pacifiques » - dont notamment l'échange raisonné de revendications, arguments, points de vue... dans la discussion, qui peut prendre la forme de la négociation, du dialogue ou du débat. C'est ainsi que la démocratie atténue les violences sociales par la culture du débat démocratique, de la concertation, de la recherche du compromis entre partis adverses.

Objection : L'expérience montre néanmoins que bien souvent la négociation n'intervient que lorsque la violence ne peut pas aboutir – soit que les forces en présence s'équilibrent ; soit que l'on présuppose le cadre d'un état de Droit, qu'on s'efforce de respecter.

Objection à l'objection : La possibilité subsiste néanmoins d'espérer qu'une éducation morale adéquate forme les esprits aux vertus pacifiantes de la parole échangée et à une non-violence radicale – encore faudrait-il voir à quelles conditions.

Problème : On peut donc se demander si la discussion implique un renoncement complet à la violence, ou si elle n'est qu'un moyen de l'atténuer temporairement. Pour cela, il faut voir si la violence est essentielle aux rapports humains, ou si la « raison » peut la surmonter ? Quelles sont les conditions d'une véritable « discussion » ? En quoi recouvrent-elles (ou non) les conditions morales de la non-violence ?

On voit que l'enjeu de ce sujet est d'évaluer la capacité de la parole raisonnée/raisonnable à surmonter les maux multiples liés à la guerre et aux conflits entre individus.

        On peut voir la violence comme accidentelle. D’après Jean-Jacques Rousseau, l’homme serait « naturellement bon » et c’est la société qui l’aurait corrompu et donc rendu « violent ». Cette idée affirme que, par nature, l'homme naît avec des qualités morales supérieures et que celles-ci sont abimées, affaibli par la société donc les lois, les institutions et les traditions de la société dite civilisée. Rousseau parle de « l’homme qui naît » ce qui signifie qu’il veut parler de l'homme originel, à l’état de nature. Le philosophe avance donc une idée fondamentale de la philosophie des Lumières : l’homme qui était à l’état de nature, il ne connaissait ni le bien, ni le mal et ne se préoccupait que de la nature sans émettre des droits de propriétés sur celle-ci, c’est le mythe du bon sauvage. Ce n’est donc qu’au moment où la propriété est apparu et où par conséquents des inégalités et une concurrence est née, chacun voulant mettre la main sur ce que la nature avait à offrir. Tout cela a eu pour résultat d’amener la violence en réponse première au sentiment d’injustice, l’homme est devenu conscient et mauvais.

        « La discipline nous fait passer de l'état animal à celui d'homme », c’est ce que dit Kant dans Idée d’une Histoire universelle du point de vue cosmopolitique, la discipline étant des règles de conduite communes aux membres d'un corps, d'une collectivité. Selon Aristote, le logos est une capacité qui différencie l’homme de l’animal, encore faut-il que l’homme s’en serve correctement. Si l’on veut discuter il faut se soumettre à certaines obligations, il faut notamment discuter raisonnablement. Il est nécessaire que chaque partis laisse parler l’autre, ne l’interrompt pas constamment. Il faut aussi que les deux partis écoutent ce que l’autre dit, pour ne pas se retrouver dans ce que l’on appelle familièrement « un dialogue de sourds ». Mais si l’on veut discuter c’est à dire échanger, pour régler des différents ou des conflits, cela présuppose déjà un dépassement du conflit et l'idée qu'il peut faire l’objet d'une discussion ou d'un débat. Discuter ce n’est pas disputer. Discuter c’est, nous l’avons vu, examiner, débattre avec quelqu'un une question avec soin, avec exactitude, et en résumer c’est considérer le pour et le contre de la question alors que derrière le mot disputer on trouve l’idée d’un dialogue certes mais un dialogue fermé sans réel débat qui vise à remplir des d'intérêts personnels. L’échange, le dialogue permet l'établissement d'un univers commun, la discussion raisonnable pourrait donc objectivement éradiquer la violence sociale, la naissance du dialogue, de la discussion, du débat constitue une renonciation à la violence puisque comme nous l’avons dit discuter c’est déjà avoir mis ses différents de côté et être prêt à écouter l’autre au lieu de commettre des actes de violence, comme le vol par exemple (en lien avec la volonté de posséder).

        Comme nous l’avons dit précédemment la parole et la discussion permet de créer la paix car la violence est occulté, mise de côté. Si l’on applique cela au monde, on peut dire que la discussion entre Etats peut empêcher ou arrêter la guerre. Par ailleurs, on peut se dire que la guerre ne peut pas être éternelle, il faut à un moment que l’un des camps flanche militairement. Mais même dans ce cas, la guerre est fini certes en terme de combats mais idéologiquement deux pays qui se sont fait la guerre ne vont pas en écrasant l’un l’autre devenir d’accord. Alors si la violence a échoué peut être que la parole est la solution, même si elle avait surement déjà échoué avant la guerre elle reste la seule option si l’on veut que l’humanité continue d’exister. La parole se présente donc comme un moyen d’opprimer la violence. Le Droit international est donc une solution pour amener la paix dans le monde, selon Spinoza : « le meilleur État est celui où les hommes passent leur vie dans la concorde ». Donc il faudrait, à défaut de pouvoir avoir un « Etat mondial » au moins avoir des règles que tous les Etats s’engagent à suivre, il faut une uniformité : c’est le Droit International. Il empêche l’état de guerre constant puisqu’il définit la manière collective d’agir, c’est-à-dire conserver la paix.

        En revanche nous pouvons affirmer que de fait la discussion a toujours permis d’atténuer la violence mais jamais de l’éradiquer. En effet, nous l’avons vu la violence est seulement mise de côté par le biais de la discussion, cela est surement dû au fait que l’homme est comme le dit Pascal tiraillé entre ses passions et la raison, ce sont « les passions naturelles » dit Spinoza. Ces passions poussent l’homme à agir de façon irraisonnable et donc quand il est plus facile d’écraser son adversaire par la violence que par la force et le bon sens de ses arguments l’homme choisi la facilité. Nous pouvons affirmer que la discussion n’est pour l’homme que très rarement guidée par le seul souci de justice puisqu’il agit en ne pensant qu’a ces intérêts. De ce point de vue la justice n’intéresse l’homme que quand il est touché par l’injustice. Il n’est donc pas d’une bonté naturelle. Freud développe l’idée que « les passions instinctives sont plus fortes que les intérêts rationnel », l’homme ne fait en réalité pas le choix de la violence, elle est ancré en lui, il ne l’a contrôle que partiellement.

        Dans certain cas la violence peut apparaitre comme essentielle. Dans l’état de nature ont pourrait chacun user comme bon nous semble notre puissance. Le risque pour notre vie y est donc perpétuel, pour Hobbes « l’homme est un loup pour l’homme ». Hobbes développe l’idée que ce n’est que quand il contraint et forcé par la violence de son adversaire, poussé par la crainte de l’autre, que l’être humain décide de conclure un pacte avec les autres. La cause première de la violence n’est donc pas l’injustice mais l’orgueil de l’homme et son appétit de domination, l'homme se construit par sa conscience propre sa « nature », tout ce qu'il peut faire d'horrible n'est qu'une partie de cette « nature ». Par ailleurs, l'humain n’est donc radicalement pas opposé à l'inhumain. Il est non seulement indissociable de ce dernier, mais il en est une partie intégrante. En fait l’inhumain n’existe pas c’est une construction de nos civilisations pour expliquer ce que l’homme a fait d’horrible, pour ne pas blâmer tous les hommes ont dit que le côté sombre de l’humain, présent en chacun de nous et qui, au gré des circonstances, peut prendre le dessus est inhumain, hors de l’humain. De plus, l’inhumain est une conception qui a évolué à travers les siècles et qui diffère en fonction des sociétés.

        L’État de droit est un concept juridique, philosophique et politique. Il implique la dominance du droit sur le pouvoir politique dans un État, ainsi que l'obéissance de tous, gouvernants et gouvernés, à la loi. C’est donc un Etat qui par définition ne peut pas s’être construit par la guerre et par la violence, la discussion, a, elle seule permit de fonder cet Etat de Droit. Kant nous dit qu’il faut « que tous les individus d’un même peuple s’obligent entre eux à se soumettre à des lois de contrainte et établissent ainsi un état de paix où les lois soient en vigueur », ceci ne peut pas arriver avec la violence, la discussion est obligatoire pour que les lois soient établies justement et qu’elles correspondent à l’avis de l’ensemble de ce qui seront par la suite obligé de les suivre. En revanche, Kant nous dit aussi que « ce n’est pas à la moralité qu’il faut demander la bonne constitution de l’État, car c’est plutôt de cette constitution même qu’on doit attendre la bonne culture morale d’un peuple. ». En effet, l’établissement de lois a ses limites car cela permet d’endiguer les violences individuelles mais pas de les supprimer car il y aura toujours des gens pour transgresser les lois, cela serait d’ailleurs un monde idéal pour Spinoza qu’un Etat arrive à supprimer complètement les transgressions aux lois.

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