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Etre raisonnable, est-ce renoncer à ses désirs ?

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Par   •  24 Avril 2018  •  Dissertation  •  2 044 Mots (9 Pages)  •  4 103 Vues

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Pour être raisonnable faut-il renoncer à ses désirs ?

Intro :

Être raisonnable consiste dans le fait de se conformer à la raison. C'est aussi faire ce que l'on doit et non ce que l'on désire. En effet le désir, du latin desiderium, est ce qui nous porte vers une réalité que l’on se représente comme une source possible de satisfaction. Autrement dit, c'est un souhait exprimé par le sentiment d’un manque. On peut de ce fait, se demander si l’on doit renoncer à nos désirs afin d’être raisonnable. Or cette question révèle un paradoxe. En effet, elle vient à dire que tout les désirs sont établis de la même manière. Et donc, y renoncer reviendrait à renoncer à tous les autres.

I- Pour être raisonnable, il faut renoncer à ses désirs.

  1. Le désir comme surenchère

Lorsque je satisfais mon désir, il me semble que je désire toujours et encore malgré la satisfaction de ce désir. Par exemple, j’ai faim et je mange pour satisfaire ce besoin. Cependant, dans la gourmandise, je désire toujours manger alors que je n’ai plus faim. La satisfaction de ce désir de manger est éphémère, il m’apparait alors que je désire manger à nouveau, par gourmandise. En effet, le désir renaît renforcé de sa propre satisfaction comme le montre Hegel dans son Encyclopédie des sciences philosophiques. Ainsi je ne peux me contenter de la satisfaction du désir de satisfaire ma faim, car le désir ne se satisfait d’aucune satisfaction, l’objet du désir étant le désir lui-même. Dom Juan illustre bien cela, il ne s’intéresse plus aux femmes qu’il a conquis, son désir est de désirer toujours et encore. Le désir est donc illimité, contrairement au besoin qui s’estompe quand on le satisfait.  Le désir est un faux besoin dont l’objet est contingent et nous engage dans la surenchère. Il convient donc de renoncer à ses désirs pour être raisonnable, au sens où la raison fait le choix de la sobriété. En effet, je ne peux satisfaire tous mes désirs car ils sont infinis. On peut méconnaître son besoin, comme l’anorexique, qui ne mange pas tellement elle désire maigrir, pourtant elle en a besoin et peut s’avérer être mauvais pour elle. Le désir peut aussi déborder du besoin, si on reprend l’exemple de la gourmandise. Ainsi, ce désir excessif surpasse la raison, autrement dit nous ne sommes plus raisonnables. La gourmandise nous engage dans la surenchère, qui est une conséquence d’un mauvais usage du libre-arbitre, et donc une erreur pour Descartes.  Pour être raisonnable, il faut donc renoncer à ses désirs pour garder une certaine mesure et ne pas s’engager dans la surenchère.

Transition :

Nous avons vu qu’il fallait renoncer à ses désirs pour ne pas nous engager dans la surenchère pour être raisonnable. Cependant, devons nous renoncer à nos désirs? En quoi les désirs sont-ils utiles à la conscience et à l’homme ?

II- Il ne faut pas renoncer à ses désirs pour être raisonnable.

  1. La conscience de soi comme désir.

Nous avons vu dans la première partie la thèse de Hegel affirmant que l’objet du désir renaît du désir lui-même puisqu'il renaît toujours de sa propre satisfaction. Lorsque j'éprouve un désir, j'en prends conscience et je le fais mien. Quand ce désir est consommé, satisfait, il disparaît. Nous pouvons en déduire que le terme premier du désir n'est pas l'objet sensible car il disparaît après être consommé. Quel est donc l’objet premier du désir ? Dans La Phénoménologie de l'Esprit, Hegel nous dit que l’objet premier du désir est “l'unité du Moi avec lui-même” et non pas l'objet sensible. Autrement dit, c'est la prise de conscience de soi par soi. En effet, quand le désir porte sur un autre désir, il accède à “sa propre vérité” et devient conscience de soi. La conscience de soi se cherche elle-même dans le désir et se cherche aussi dans l’altérité, ce qui est autre, pour atteindre son unité ontologique. Autrement dit, la conscience cherche à s’atteindre elle-même comme Esprit. Le seul objet permettant de la satisfaire ne peut être qu’un autre désir, une autre conscience de soi. Chez Hegel, il ne faut pas renoncer à ses désirs pour être raisonnable car c’est le moyen par lequel ma conscience se retrouve elle - même comme Esprit. En effet, le désir ne peut désirer que lui-même puisqu’il ne peut s’atteindre comme Esprit que dans une autre conscience de soi, un autre désir. Alors, ma conscience ne peut s’atteindre elle - même que si elle trouve un autre désir, une autre conscience de soi.

 b) Les désirs permettent le développement des capacités humaines et surtout de la société <3

Qu’en est-il des désirs au sein de la société ? Si je désire des honneurs en étant en opposition avec d’autres hommes, j’augmente mes propres capacités puisque mon désir est faire mieux que les autres. En effet, la concurrence sociale, c’est-à-dire le fait que chaque homme soit en compétition avec d'autres hommes dans la société, nous pousse à nous développer. Autrement dit, c’est ce que Kant appelle “l’insociable sociabilité” dans l’Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique. Il prend l’exemple de « l'appétit des honneurs, de la domination et de la possession » et montre que le désir de faire toujours mieux permet d’augmenter mes capacités humaines. L’homme se trouve en opposition avec d’autres hommes et tout ce dont il désire est progresser pour montrer ce dont il est capable. Cet état d’opposition est aussi ce que l’on appelle l’antagonisme des hommes dans la société. C’est le moyen dont se sert la nature pour développer les dispositions des hommes et les rendre raisonnable au sens d’agir dans l’intérêt du progrès social. Si je ne cherche pas à satisfaire mes désirs au sein de la société en montrant ce dont je suis capable, je cache mes talents et ne fait pas progresser la société. Kant compare cette société sans talents à “une vie de bergers d’Arcadie”. Autrement dit, c’est une existence innocente et passivement satisfaite. Les talents de chaque homme “sommeilleraient éternellement sans se développer”. Chez Kant, il ne faut pas renoncer à ses désirs pour être raisonnable car ils permettent le progrès de la société.

Transition :

Nous avons vu que les désirs sont nécessaires, il ne faut donc pas y renoncer pour être raisonnable. Nous allons voir dans une troisième partie, que pour être raisonnable, il suffit de limiter ses désirs en renonçant à certains de ses désirs.

III- Il faut limiter ses désirs et renoncer à certains pour être raisonnable.

  1. Il faut choisir entre ses désirs. (être raisonnable c’est bien user de son libre-arbitre)

Nous allons voir à présent qu’il faut limiter ses désirs et renoncer à certains pour être raisonnable. Limiter sans y renoncer peut-être la solution pour préserver ses désirs et parvenir à être raisonnable. En effet, on peut difficilement s’en défaire. On distingue différents types de désir pour Épicure: les désirs naturels et les désirs vains. Dans les désirs naturels il y a les "désirs nécessaire", c’est-à-dire les besoins vitaux comme par exemple boire ou se nourrir. Ces désirs motivés par des raisons vitales sont donc considérés comme plus important. Parmi les désirs nécessaires, les uns le sont pour le bonheur, d’autres pour le calme du corps, et d’autres pour le fait de vivre. Ainsi parmi les désirs naturels, certains n’ont pas besoin d’être satisfait pour qu’on puisse atteindre le bonheur. D’une autre façon, contrairement aux désirs naturels qui sont facilement satisfaisable, les désirs vains eux, ne sont pas satisfaits montre Marcel Conche philosophe français dans Épicure en Corrèze. En effet, les désirs vains ne peuvent manquer de susciter de nouveaux désirs. Autrement dit, les désirs vains mènent à la douleur car ils ne peuvent pas tous être satisfait. Or notre but dans la vie, notre raison, est d’éviter la douleur et le chagrin. L’être raisonnable en quête du bonheur est à la recherche d’absence de troubles afin de mener une vie paisible. D’une autre manière, l’absence de bonheur serait synonyme de souffrance. Ainsi, il faut choisir ses désirs en fonction des deux caractéristiques qui permettent la vie heureuse, soit la santé de notre corps et la sérénité de notre âme. Une bonne santé physique et morale nous permettrait d’atteindre plaisirs et bonheur. Ces plaisirs ne correspondant pas aux plaisirs provoqués par une abondance de nos désirs, comme par exemple lorsqu’on reçoit des cadeaux à l’occasion d’un anniversaire. Le plaisir entendu par Épicure correspond à une absence de souffrance. En outre, certains désirs naturels ne sont pas nécessaires pour atteindre le bonheur, comme par exemple le désir sexuel. Le désir sexuel qui peut manquer de nous engager dans l’illimité, devient-il alors un désir vain? En effet, pour Épicure sont vains tous les désirs qui nous engagent dans l’illimité. Autrement dit, qui nous éloigne de la Nature et donc de la vie sous le règne de la limite par essence. De la même manière pour Marcel Conche, le désir ou la passion amoureuse peut être source de souffrance si elle n’est pas partagé avec l’être désiré. Cette attirance peut mener à une souffrance inutile, à une désespérance gratuite que l’on s’inflige et qu’aucun être raisonnable ne peut souhaiter pour lui-même. Ainsi, pour Épicure et Marcel Conche ce qui importe est de savoir hiérarchiser nos désirs, faire le choix entre ce qui est bon et/ou néfaste pour moi. Pour être raisonnable, autrement dit ne pas sombrer dans l’illimité et l’excès il est nécessaire de bien user de son libre arbitre.

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