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Faut-il s'abstenir de penser pour être heureux ?

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Par   •  11 Décembre 2021  •  Dissertation  •  2 665 Mots (11 Pages)  •  1 188 Vues

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Faut-il s’abstenir de penser pour être heureux ?

Le bonheur se définit souvent en philosophie comme un état de complète satisfaction, dans la philosophie antique, celui-ci se caractérisait même comme étant le but ultime de la vie. C’est une définition qui a souvent été contredite au fil des siècles puisqu’il a été ensuite vu de manière très pessimiste par beaucoup de philosophes. La pensée est souvent jugée comme un obstacle au bonheur, c’est-à-dire au fait d’être heureux, car elle peut amener à un prise de conscience et donc à des regrets par exemple. Nous pouvons alors nous demander qu’est-ce qu’un homme qui ne pense plus et qui par conséquent n’a plus conscience de la vie et du monde qui l’entoure ? Est-il réellement nécessaire de s’abstenir de penser alors que penser nous rend vivant ? Existons-nous encore sans la pensée ? Pouvons nous être heureux sans avoir pleinement conscience ? N’est-il pas possible de vivre heureux tout en pensant ?

Afin d’étudier cela, nous verrons que la quête du bonheur pourrait impliquer de renoncer de penser, car c’est un moyen de se remémorer de mauvaises choses ou d’angoisser sur celles à venir. Dans un deuxième temps, nous montrerons qu’il est aussi impossible d’être heureux sans jamais penser car l’homme est un être conscient qui est dans l’incapacité de s’arrêter de penser. Mais nous verrons dans la dernière partie que le bonheur est impossible à définir et est peut-être même un but inatteignable.

I.

Trop penser empêcherait l’homme d’être heureux. Alors, s'abstenir de penser afin d’être heureux c'est présupposer que, n'étant pas heureux, il faut s’empêcher de s'en rendre compte. Notre condition est-elle si misérable qu'il faille s'en tenir loin ? L’homme est ce que l’on pourrait appeler un « tonneau percé ». Selon Platon dans son œuvre « Gorgias », le tonneau représente l’âme de l’homme. Il existe pour lui deux sortes d’homme, l’homme tempérant c’est à dire quelqu’un de raisonnable et l’homme déréglé désigné comme un homme déraisonnable. L'homme qui adopte un genre de vie raisonnée parvient à remplir le tonneau de vin, de miel et de lait ; il accède ainsi à une certaine paix de l'âme : "une fois ses tonneaux pleins, notre homme n'aurait plus rien à y verser ni à s'en occuper". En revanche, un homme dont le genre de vie serait désordonné, se retrouverait dans une situation où il aurait en sa possession des tonneaux percés, ce qui le forcerait à "travailler nuit et jour à les remplir". Ces tonneaux sont une métaphore des désirs : dans le premier cas, ils sont contenus ; dans le second, ils doivent être satisfaits en permanence. L’homme cherche à se satisfaire en permanence, et désire constamment. En ce sens, il est comme un tonneau percé, et il pense sans cesse pour parvenir à ses fins, il serait alors malheureux. Penser c’est d’abord juger et préjuger, c’est prendre conscience de ce que sont réellement les choses et de qui nous sommes vraiment. De ce fait, la conscience peut être douloureuse, car on peut se rendre compte de notre faiblesse, ou de notre ignorance. La pensée peut aussi nous emmener à croire à l’absurdité de notre existence, à notre mortalité puisque nous finissons par nous rendre compte que l’on va mourir un jour et tout laisser derrière nous. La pensée fait mal et emmène alors au pessimisme, à un mauvais état d’esprit qui pense que chaque situation de la vie finira par mal tourner et que tout est de toute manière négatif, l’avenir est inéluctablement sans espoir. Finalement penser c’est affronter la réalité de la vie, c’est rechercher le vrai, et cela conduit parfois à des insatisfactions, de plus c’est un cycle infini car nous doutons et nous nous interrogeons sans fin, c’est une très grosse source d’angoisse pour l’homme. Certains philosophes ont trouvé des alternatives comme le philosophe Blaise Pascal qui pense que l’homme est misérable de par sa nature mortelle et parce qu’il est privé de Dieu, le seul être à pouvoir l’en sauver. Pour supporter cela, il n’a d’autre solution que de se distraire le plus possible afin de penser le moins possible. Selon Pascal, nous croyons poursuivre à travers nos actions un objectif que nous désirerions atteindre, mais ce qui nous pousse n’est en réalité rien d’autre que la nécessité de fuir l’ennui qui nous ramène à notre condition misérable. En effet, l’ennui pousse à la réflexion sur soi-même, et donc sur sa condition faible et mortelle. Il entraîne alors immanquablement vers la noirceur, le chagrin et le désespoir : de ce fait, l’homme n’est jamais heureux dans le repos, il lui faut sans cesse un nouveau but. Il cherche grâce au divertissement à échapper à la conscience et à faire diversion en se convertissant à la religion chrétienne.

Maintenant, prenons l’exemple d’un homme drogué, il est heureux en prenant une dose de n’importe quelle substance qui l’empêche de réfléchir sainement. Les drogues sont un des thèmes principaux dans les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire, effectivement pour lui, le vin (ou plus généralement l’alcool et les paradis artificiels) permet l’évasion, il permet d’échapper à la réalité et de vivre pleinement, c’est presque pour lui le seul espoir d’être heureux et d’échapper au « spleen » auquel il semble ne pas pouvoir se débarrasser. Cela reste en revanche une solution éphémère puisque les effets ne restent pas indéfiniment. Forcément, quelqu’un qui tomberait amoureux ou décrocherait une promotion serait bien plus heureux et connaîtrait un bonheur beaucoup plus intense. Jean-Jacques Rousseau, écrivain du 18e siècle, explique dans la 5e promenade des Rêveries du promeneur solitaire que le bonheur se trouverait dans l’instant présent, penser au passé amènerait au sentiment négatif de la nostalgie, et penser au futur amènerait à de l’inquiétude. Ainsi avec cette thèse il rejoint l’idée que penser est un obstacle au bonheur, pour lui notre seule préoccupation doit être le fait d’exister et nous devons avoir pleinement conscience de notre existence sans penser au reste. Le bonheur ne dépendrait alors que de nous et non de facteurs extérieurs.

Selon Horace, l’ignorant « cueille le jour sans se soucier du lendemain », c’est le « carpe diem ».

Ces personnages montrent le refus de réfléchir car une personne qui réfléchit pense au futur, ce qui génère de l’angoisse et de la peur ou bien au passé qui ressasse des souvenirs douloureux, des regrets et de la nostalgie. 

Mais peut-il y avoir du bonheur sans pensée ? Le bonheur n’est pas que le plaisir ni une addition de plaisirs, il est un état de satisfaction totale de l’être et cet état pour être vécu et reconnu pourrait exiger la pensée.

Renoncer de penser pourrait équivaloir à renoncer d’exister et accepter le fait de n’être « rien », il est dans la nature de l’homme de penser, c’est l’essence même de notre esprit. Cela peut nous emmener à nous questionner sur les pensées, sont-elles forcément négatives ? De plus, s’il faut s’arrêter de penser pour être heureux, cela ne veut-il pas dire que nous résidons dans l’ignorance et que nous renonçons à notre humanité ? Refuser de penser c’est donc refuser par conséquent de voir la réalité car nous ne pouvons pas être conscient et interpréter le monde autour de nous sans penser. Il est alors impossible de s’y adapter. En effet, il est agréable de croire que nous serions plus heureux si nous étions libérés des tourments et exigences de la vie mais la condition humaine nous oblige à constater que la conscience est une réalité qu’on ne peut pas exclure. Nous savons que le bonheur est le bien auquel tout homme aspire, mais nous savons aussi que les obstacles au bonheur sont nombreux. Parmi ces obstacles : la conscience, la conscience c’est agir, sentir et penser tout en sachant qu’on agit, qu’on sent et qu’on pense. Sans penser il est impossible de créer de nouveaux projets et de se projeter dans l’avenir, la liberté est alors compromise puisque nous n’aurions plus aucun choix à faire. Comment un homme qui n’est pas conscient de ce qu’il vit pourrait éprouver ce sentiment de bonheur ? Il lui est impossible de penser et donc de juger s’il est heureux ou pas, il faut être conscient de ce que l’on vit pour pouvoir affirmer être heureux. L’ignorant agirait donc selon son instinct comme pourrait le faire un animal puisque les animaux sont dépourvus de toute conscience, ils ne peuvent pas ressentir le bonheur et ils ne ressentent que le plaisir de l’assouvissement de leur instinct animal. Cesser de penser réduirait alors l’homme à l’état animal qui ne voit que la nécessité voire même que les besoins vitaux : manger, boire, dormir. De plus, comment est-il possible d’évoluer mentalement, de grandir et de prendre en maturité sans penser ? C’est grâce à la pensée que l’homme a pu évoluer au fil des siècles et faire de nouvelles expériences scientifiques par exemple. Peut-être que pour être heureux, il ne faut pas s’empêcher de penser mais trouver un compromis et apprendre à penser positivement, et à trier ses pensées. Le sujet à tendance à critiquer la pensée mais elle favorise la connaissance, la lucidité et la liberté. C’est une énorme folie de s’abstenir de penser car cela voudrait dire que l’on renoncerait à toutes ces caractéristiques. Raymond Polin a dit : « il n’y a pas de bonheur sans réflexion sur le bonheur », par conséquent pour obtenir le bonheur il faut le chercher et donc réfléchir à sa propre existence, à ses objectifs et aux moyens d’accéder au bonheur véritable.

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