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Pol4750 - Cours No. 1

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gue Marcel Rioux, habité par une grande famille tricotée serré. Cela nous a peut-être fait perdre de vue toute l'importance de la composante rurale de notre société actuelle (Dumont, Genèse.. chap.2).

1. Évolution du monde rural et territoire aménagé

Le géographe Clermont Dugas s'intéresse aux changements démographiques de la société rurale au Québec. Il nous affirme et le démontre que « le monde rural n'est pas la partie inerte d'un système social en évolution », que celui-ci « n'a pas été vidé de ses habitants au bénéfice des villes, mais qu'il a été profondément restructuré au cours des soixante dernières années et qu'il demeure très hétérogène dans son image ». La campagne québécoise a connu une certaine déstructuration suite à l'urbanisation galopante, puis elle s'est recomposée difficilement à l'occasion d'un vaste mouvement de péri-urbanisation qui a marqué la consolidation des principaux centres urbains sur le territoire. La population des petites localités rurales a connu une décroissance continue entre 1911 et 1991, passant de 59,2% à 19% où elle s'est à peu près stabilisée à 15%. L'espace rural du territoire québécois occupe autour de 95% de la superficie du Québec, bien que ce soit exagéré de parler ainsi. On devrait plutôt dire que c'est 80% du territoire municipalisé du Québec où habitent 25% de la population dans environ 1000 localités. Ces municipalités sont urbanisées socialement, ayant connu la transition des modes de vie et la culture urbaine dominante qui a transformé en profondeur l'aménagement du territoire et la vie socio-économique. Ces petites villes et villages regroupés forment maintenant un réseau organisé, grâce aux MRC, couvrant la majeure partie du territoire dit rural du Québec.

Le monde rural ne se définit plus par l'occupation agricole ou forestière comme autrefois, mais davantage par son paysage différent, par son intégration au marché urbain, par la diversité des fonctions et activités qui animent ou non ces milieux de vie, en termes de développement économique et social. Nous assistons à la naissance d'une nouvelle ruralité avec ses problèmes de survie et de développement, ainsi qu'on nous l'a manifesté récemment, lors Sommet du monde rural, en 2000, où s’est affirmé le mouvement social de revendication, Solidarité rurale du Québec. Le monde rural réclame la reconnaissance de sa différence et fait la promotion de ses intérêts liés aux secteurs de l'agriculture, de l'aménagement du territoire national, de ses besoins particuliers de développement. Nous sommes tous devenus urbains dans les mentalités, mais nous n'habitons pas tous la ville.

Le monde rural est un monde assez homogène malgré la dispersion des populations, face à un monde urbain marqué par la concentration et la diversité. Le milieu rural s’est cependant vite modernisé et transformé socialement, adoptant l'univers commun de la communication et de la consommation de masse. C'est là un processus qui a été constaté, dès les années 1950-60, par des enquêtes sociologiques sur les conditions de vie des familles salariées vivant autant à la campagne qu'en ville. La culture traditionnelle observée par Horace Miner et Marcel Rioux est rapidement disparue, face à l'infiltration du mode de vie et de la mentalité urbaine du continent américain. Mais quelle était cette culture traditionnelle? Comment a-t-elle pu survivre si longtemps et partout, malgré la croissance et l'attrait des grandes villes du Québec ?

2. Village et colonisation

Tout comme l'urbanisation du Québec, la colonisation s'est effectuée en phases successives sur une longue période de temps et à travers tout le territoire du Québec. C'est ce que les géographes nomment l'extension de l'écoumène, signifiant par là le prolongement de l'espace habité par l'homme en symbiose ou non avec la nature. Il s'agit de peuplement extensif par migration et natalité, grâce à l'exploitation des ressources dont les Québécois sont passés maîtres en repoussant toujours plus loin les limites de l'établissement humain, en repoussant la forêt envahissante par le défrichement et l’agriculture.

Les premiers établissements ont été fait au cours du Régime français (1620-1790), le long des axes du fleuve Saint-Laurent et de ses affluents, sur le modèle seigneurial de gestion des terres et de la production agricole, par l’implantation d’un cadastre de division cartésien du terroir en figures orthogonales (Courville, Hamelin). Ce sont les seigneuries avec les rangs et, plus tard, le modèle anglais des cantons. Un rang est une lisière de terre orientée perpendiculairement à un cours d'eau et divisé en lots, tandis qu'un canton est un carré de terroir de 10-12 miles de côté et divisé en lots d'un mile de superficie (cent acres). L'arpentage britannique n'a pas refait la division en rangs sous le mode de la seigneurie, il y a plutôt ajouté celui en canton en l'inscrivant dans les lois de la colonisation de l’arrière-pays, à partir du XIXe siècle (voir appendice ci-dessous).

L'histoire de la colonisation du Québec n'est pas encore faite ou à peine commencée : les anthropologues ont étudié des communautés localisées, les géographes ont étudié l'occupation de l'espace et sa transformation, mais les historiens n'ont pas beaucoup exploré la colonisation comme mouvement de migrations, ni comme processus d'organisation et d'implantation de la société. Cette histoire est aujourd'hui abordée par le biais de l'évolution des mentalités et la recherche de la mémoire collective (Mathieu et Lacoursière, Provencher). Mais qu'est-ce donc que la colonisation ? Il s'agit d'une entreprise complexe à la fois sociale, géographique et économique qui retrace l'histoire du peuplement et du développement d'une collectivité en terre nouvelle. Ce n'est pas facile à interpréter ou à expliquer, car c'est un sujet controversé à cause des idéologies qui la soutiennent. On s'entend pour y voir trois composantes majeures:

1) une stratégie géopolitique d'occupation du territoire;

2) un projet religieux et visionnaire, avec des dimension utopiques ou missionnaires--le mythe messianique du Nord ou de la Frontière ;

3) un plan de développement économique par étapes de mise en valeur des ressources, de l'agriculture à l'industrie.

Selon la définition de l'économiste Esdras Minville : « coloniser, au sens ordinaire du mot, c'est prendre possession d'un territoire, en mettre en valeur les ressources, en vue d'établir une population ». Comme on peut le voir, la colonisation ne se réduit pas à la culture de la terre défrichée ou à l'évangélisation des populations. C'est une entreprise collective, planifiée et dirigée par des leaders volontaires, qui comporte une tradition de mobilité de peuplement et un esprit pionnier. Elle suppose un mode d'occupation du sol très extensif plutôt qu'intensif, comme le veut l'agriculture sédentaire. Elle combine les activités diverses: pêche, chasse, culture, défrichage, commerce... avec la mobilité et la dispersion des activités d'une partie importante de la population d'une colonie, d'une société. Elle exige des apports de population neuve par le jeu de la natalité et de l’immigration pour assurer la transmission des traditions et surtout du patrimoine ainsi bâti. L'entreprise de colonisation s'étend nécessairement sur plusieurs générations dans une certaine continuité et persévérance des forces laborieuses.

Du point de vue économique, la colonisation est un processus de développement cumulatif par étapes qui part de l'occupation du territoire et la mise en valeur productive du sol, pour ensuite se poursuivre par une exploitation rationnelle des ressources naturelles (mines, forêts, pêche) et passer ensuite à l'industrie et au commerce. Il faut d'abord garantir la subsistance, ensuite produire un surplus et ainsi prospérer par l'exploitation des ressources et le commerce. C'est pourquoi la colonisation s'accompagne des idéologies du progrès économique et social, avec les valeurs de la réussite matérielle, de l'enrichissement et de la notoriété de l'entrepreneur. On l'identifie alors aux valeurs du capitalisme et du libéralisme, plutôt qu'aux philosophies réactionnaires et conservatrices, liées à la religion et à la tradition, comme ce fut paradoxalement le cas au Québec. La colonisation, quand elle n'est pas une entreprise impérialiste de soumission des populations, comme les pays européens l’ont fait, est davantage une aventure consciente de libération collective et de prise en charge du destin d'une collectivité par elle-même. Si elle n'est pas toujours apparue telle dans notre histoire, c'est qu'elle fut entremêlée de religion et de fatalisme, de lutte pour la préservation de certaines valeurs et la recherche d’une identité collective distincte.

La réhabilitation du passé de la société canadienne-française est déjà commencée par le réexamen de notre histoire collective qui privilégie les faits matériels aux idéologies. On y découvre

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