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Que gagne-t-on à travailler ?

Dissertation : Que gagne-t-on à travailler ?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  16 Octobre 2021  •  Dissertation  •  4 494 Mots (18 Pages)  •  2 307 Vues

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Philosophie – Que gagne-t-on à travailler ?

On entend souvent les gens rouspéter contre le fait de devoir aller travailler, et répéter à tout va qu’ils préféreraient rester chez eux à se divertir. Pourquoi cela ? 

Le terme « travail », qui se définit par l’ensemble des activités de l’Homme organisées et coordonnées en vue de produire ce qui lui est utile, est étymologiquement issu du mot grec « tripalium », nom donné à un antique instrument de torture à trois pieux, servant à maintenir les chevaux récalcitrants lorsque l’on voulait les ferrer. Nous voyons que la racine du mot même renvoie directement à la notion de souffrance, ce qui justifie en partie l’idée commune que l’Homme souffre à travailler. Cependant, même après cette constatation, nous nous rendons tout de même compte que l’Homme, bien qu’il semble souffrir, continue à travailler, ce qui laisse sensiblement penser qu’il considère y gagner quelque chose, soit qu’il y acquiert un avantage. Travailler, qui semble d’abord être souffrance, serait alors bénéfique pour l’Homme malgré la douleur que cela semble apporter ?

Nous allons donc nous demander, à travers cette dissertation, ce que l’Homme gagne à travailler, au-delà du fait que le travail soit lié à la notion de souffrance.

Dans un premier temps, nous étudierons les avantages que l’Homme tire du travail, pour ensuite rappeler ce qu’il y perd tout de même, fait qui semble intimement lié aux racines du mot même. Dans une dernière partie, en revanche, nous nous pencherons sur le fait que le travail est primordial et même vital, malgré la souffrance qu’il nous procure, et au-delà de la perception que l’Homme a de ce qu’il y perd et ce qu’il y gagne, puisqu’il nous apprend à vivre.

 

Alors que l’étymologie même du mot « travail » laisse percevoir que travailler est une souffrance, la majorité des Hommes de notre société actuelle poursuivent leurs études et continuent à travailler. Cela signifie que malgré la douleur apparente liée à la notion de travail, l’Homme y perçoit un gain, un avantage, qui le motive à continuer de subir cette souffrance. Que peut donc bien faire gagner le travail ?

« Travailler pour gagner sa vie » est probablement la phrase à laquelle l’Homme pense en premier à la question « Que gagne-t-on à travailler ? ». En effet, un apport direct du travail se retrouve matériellement dans le salaire versé au travailleur à chaque fin de mois. C’est un gain direct et rapide d’usage, ce qui en fait la source première de la volonté de travailler. Mais au-delà de la question de l’argent, nous pouvons nous demander ce que celui-ci apporte. Dans un premier temps, l’argent permet de combler nos besoins primaires, définis par la pyramide de Maslow : manger, boire, se vêtir, se loger… puis ensuite de combler nos désirs, une grande source de plaisir. Cependant, parfois le travail est mal payé, et pourtant l’Homme continue de l'exercer, ce qui signifie qu’il lui apporte plus que quelques pièces de monnaie : une reconnaissance sociale, car le travail lui fonde une place dans le groupe de la société, puisqu’il allie l’Homme à d’autres hommes dans une communauté (ceux qui font le même travail que lui) et d’utilité, car son travail lui servira à lui ou à autrui. Nous pouvons par exemple parler des femmes durant la Seconde Guerre Mondiale, qui participaient à l’effort de guerre, y souffraient volontairement, mais y gagnaient une place dans la société, qui les a hissées plus proches des hommes. Ainsi, travailler fait gagner à l’Homme un salaire puis une reconnaissance sociale.

Pour travailler et pouvoir combler ses besoins primaires, l’Homme doit acquérir une certaine technique, un terme issu du grec « technê », qui se traduit par l'habileté, et qui caractérise les moyens mis en œuvre lors du travail pour obtenir le résultat de celui-ci. Or, la technique, irrémédiablement liée au travail, est une notion bien plus profonde puisqu’elle permet à l’Homme de développer sa conscience. C’est en effet ce que pense Aristote, qui explique que par sa conscience, l’Homme pense avant d’agir, et que son travail est donc médiatisé par sa pensée, ce qui le pousse constamment, grâce à ses réflexions, à développer de nouvelles facultés, et évoluer. C’est grâce à la technique qui éveille sa conscience, selon Aristote, que l’homo faber s’est petit à petit modifié pour devenir l’homme moderne. Ainsi, l’Homme acquiert constamment de nouveaux avantages grâce à la technique, et gagne en expérience, efficacité, et bien plus tard, en culture et connaissances. De plus, il peut également se vanter, grâce au travail, de participer au progrès technique, qui lui fera également gagner quelque chose dans un futur plus ou moins proche.

Ensuite, grâce au travail, l’Homme gagne un droit de propriété. Pour Locke, l’Homme est un individu qui se détache du groupe de la société. L’Homme est donc, pour se distinguer de chaque autre Homme, indépendant. C’est en effet ce que souligne Locke dans le Second traité de l’entendement humain. Or, l’Homme indépendant a des droits, tels que la liberté et l’égalité, comme le stipule le fondement de l’Habeas Corpus, qui explique donc que l’Homme est entièrement maître de lui-même. En effet, si un autre individu avait droit sur sa personne, l’Homme perdrait son droit inaliénable à la liberté, un fait impossible. Ainsi, l’Homme est maître de son corps, et selon Locke, il est donc également maître des choses produites par son corps, c’est-à-dire de son travail. S’il ne l’est pas, c’est qu’il est alors contrôlé par un autre, qui lui dicte son activité, ce qui est une nouvelle fois impossible. Or, si l’Homme est propriétaire des choses produites par son corps, soit son travail, et que ce travail produit lui-même des choses, il en va de soi que l’Homme est légitimement propriétaire du fruit de son travail. Ainsi, à partir du moment où l’Homme modifie la nature par son travail, il est irrémédiablement le propriétaire du fruit de ce travail, car l’individu qui a travaillé y a laissé de lui, et lui seul peut être propriétaire des parts de lui qu'il laisse sur son travail. Grâce au travail, l’Homme devient propriétaire, un réel avantage dans sa vie en général, puisque ses propriétés lui seront utiles : si l’Homme construit une maison, c’est sa maison, et elle lui servira à être logé. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’en droit, nous ne pouvons retirer une propriété qui n’est pas la sienne à une personne qui a établi en son sein le fruit de son travail si celui-ci est immeuble. Ainsi, travailler fait gagner à l’Homme le droit de propriété.

Enfin, grâce au travail, l’Homme gagne la possibilité de mieux se construire. « Il est extrêmement mauvais d’habituer l’enfant à tout regarder comme un jeu. Il doit avoir du temps pour ses récréations, mais il doit aussi avoir du temps pour lui, un temps où il travaille. », explique Emmanuel Kant. Pour son bien, et afin de construire des bases saines pour son existence, le philosophe estime qu’un enfant a le devoir de travailler, car travailler lui permettra de lutter contre ses inclinations égoïstes et de se libérer du despotisme du désir, grâce à la discipline qu’il va acquérir, ce qui le mènera à la liberté. Kant estime également que le travail est pour lui la source de la vertu de l’Homme, il le perfectionne. Le travail lui permet de se « dépouiller de la grossièreté de sa nature », de « combler son ignorance », choses que l’Homme, s’il veut être digne et vertueux, doit à tout prix acquérir, raison pour laquelle Kant voit le travail comme un devoir pour l’Homme. Par le travail, l’Homme devient humble, car il utilise sa conscience pour travailler, et que celle-ci lui rappelle sa mortalité et donc sa médiocrité. Pour finir, l’Homme, s’il veut vivre dans les meilleures conditions possibles, se développer au mieux, doit réussir à passer outre sa peur de la mort, qui lui rappelle la conscience qu’il mobilisé lors de son travail, et qui l’aide à gagner en dignité. Il se retrouve alors face à deux choix : fuir dans le divertissement, ou travailler. Or, le divertissement, qui rend l’Homme oisif et orgueilleux, n’est pas un choix qui consolide sa force mentale. L’Homme doit alors faire un effort, certes douloureux, et travailler, fait qui lui sera bénéfique pour oublier la mort sur le long terme, comme ne le fait pas le divertissement. Par le travail, l’Homme gagne donc en dignité et force mentale.

 

Ainsi, nous venons de montrer que le travail est source de bénéfices pour l’Homme, puisque grâce à lui, celui-ci gagne une reconnaissance sociale en s’incluant dans un groupe qui produit quelque chose d’utile, une culture et des connaissances, ainsi que de l’efficacité grâce à la technique qu’il met en œuvre par sa conscience, un droit de propriété légitime, et une meilleure construction personnelle par l’acquisition de la discipline, de la dignité et la vertu, ou encore en s’émancipant de sa peur de la mort.

Cependant, nous devons rappeler qu’à la base, le travail n’est autre que souffrance. Rappelons que dans la genèse, lorsqu’Adam et Ève ont découvert qu’ils étaient nus, Dieu les a condamnés à travailler : Adam de ses mains, et Ève en accouchant, raison pour laquelle les salles où les femmes accouchent sont appelées « salles de travail ». Depuis le commencement, le travail est donc considéré comme une punition, ce qui signifie qu’il est synonyme de souffrance. Dans ce cas, nous allons à présent étudier ce que l’Homme perd à travailler.

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