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Sociologie Linguistique

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Ce qui est vrai pour la sémiologie est aussi vrai pour la linguistique.

La sémiologie selon Lévi-Strauss : tout est signe. La sémiologie, depuis Saussure, a évolué considérablement. On parle de sémiologie sociale ou de sémiologie de la culture. C’est Claude Lévi-Strauss qui en a jeté les bases. Il révise la définition de l’objet de la sémiologie. Pour lui, la définition de Saussure (selon qui la vie des signes est incluse dans la vie sociale) est trop restrictive : elle suppose qu’il y aurait une vie des non-signes. Lévi-Strauss en arrive à la conclusion qu’il n’y a pas de raison de distinguer entre vie sociale et vie des signes. Pour lui, la communication n’est pas une dimension de la vie sociale mais la vie sociale même. Lévi-Strauss dissout donc complètement la frontière entre vie des signes et vie sociale. Les deux vies ne font qu’une. La sémiologie contemporaine pose donc que tout est signe. Cela modifie le rapport à la réalité. Nous vivons parmi les signes, nous sommes nous-mêmes des signes. Même le refuse de communiquer est un signe, une communication.

La réalité, interprétation du réel. Une société est confrontée à un « réel » qu’elle convertit en signes. La « réalité » est le « réel » interprété. Autrement dit, il y a d’un côté le réel (qui est en attente de signes) et de l’autre la réalité. Par exemple, le réel « mort » n’a pas la même réalité selon les sociétés. On ne fait donc pas que désigner objectivement le réel, mais on l’interprète.

Le signe produit la réalité. Le signe n’est pas seulement désignation du réel, mais production de la réalité. Le signe est ce qui fait exister (socialement) ce qui existe. C’est la phrase de Bachelard : « Que la Terre tourne, c'est donc là une idée avant d'être un fait. » Le sida n’a existé (dans la réalité) qu’à partir du jour où il a été nommé. On l’a d’abord rabattu sur les maladies déjà connues. (Notons que quand quelque chose est absurde, irrationnel pour nous, c’est qu’on est dans l’incapacité d’interpréter.)

Le système de représentation. La sémiologie invite à une certaine conception de la vie sociale. Selon elle, on vit dans un réel interprété qu’on appelle « système d’interprétation ». Ce qui différencie les sociétés entre elles, c’est justement leurs systèmes de représentation. Par exemple, dans notre société, on vit dans un code des couleurs particulier. Il existe des sociétés qui ne distinguent que le clair et le sombre (...et, pour autant, ils ne se cognent pas à tous les arbres !). Dans une société, une révolution scientifique entraîne le changement du système de représentation.

Exemple de systèmes de représentation de l’humain et du non humain. Une étude sur Les mots et les femmes a été faite par la linguiste Marina Yaguello[3]. On y apprend qu’il existe des langues où la femme est rangée dans la catégorie du non-humain, de l’inanimé. Dans notre société, la femme n’a une âme que depuis le XIIIe siècle et l’enfant depuis le XVe siècle. Lévi-Strauss montre que, chez les Haoussas[4], il suffit de ne pas être du même village pour ne pas être humain.

Définition sémiologique de l’ethnocentrisme. L’ethnocentrisme, c’est prendre la réalité pour le réel.

Définition sémiologique de l’objectivité. On peut définir l’objectivité comme une subjectivité partagée par le plus grand nombre.

Connaissance (scientifique) et croyance. On peut faire une distinction entre la connaissance et la croyance. La connaissance change quand évolue le réel. La croyance, au contraire, résiste aux contradictions du réel. Le croyant sait qu’il croit. L’homme de science croit qu’il sait. En effet, le projet scientifique est de s’approcher au plus près du réel mais, quoi qu’il arrive, on reste dans la représentation. D’ailleurs, le mot « théorie » vient du grec « θεωρός » qui veut dire « spectateur ». Par exemple, on est dans la représentation du big bang.

Etudier le vocabulaire pour reconstruire le système de représentation. Les mots sont porteurs de la représentation d’une époque, d’un milieu social... Par exemple, étudier le vocabulaire de la personne que l’on a en face de soi permet de reconstruire son système de représentation. (Cf., en fin de cours, l’étude du vocabulaire sur le concubinage dans les années 1980.)

Ch. 2 :

Trois niveaux de définition de la sémiologie

I) Définition par comparaison entre sémiologie médicale et sémiologie sociale

Sémiologie : « (1752 ; du gr. sêmeion « signe », et –logie). Didact. 1° Méd. Partie de la médecine qui étudie les signes des maladies. V. Sémiotique, symptomatologie. 2° (v. 1910, Saussure) Ling. « Science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale » (Saussure). ( Science étudiant les systèmes de signes (langues, codes, signalisations, etc.). [...] » (Le petit Robert 1, 1987)

L’origine médicale du terme « sémiologie ». Le terme « sémiologie » apparaît en 1752. Jusqu’au début du XXe siècle, il est monopolisé par la médecine. C’est la science des symptômes.

Le terme « sémiologie » est repris par l’archéologie. Il faut attendre 1901 pour que quelqu'un propose de transférer ce terme dans une discipline non médicale. C’est proposé par le Suisse Edouard Naville[5]. Il est égyptologue (donc archéologue). La sémiologie est alors la science des signes (des traces) laissés par une société. L’archéologue essaye de reconstruire un état de société.

La « sémiologie » de Saussure. Naville est suivi, en 1910, par Saussure qui propose la sémiologie sociale et culturelle.

Sémiologie médicale et sémiologie sociale : des affinités d’investigation. Si on peut comparer la sémiologie médicale et la sémiologie sociale, ce n’est pas dans le sens où la sémiologie sociale serait là pour soigner une pathologie mais c’est afin de souligner des affinités d’investigation. ( La recherche de signes. Il y a des affinités au niveau de la procédure de découverte : dans les deux cas, il s’agit d’identifier un signe, un fait, un sujet... ( L’interprétation des signes. Il y a également des affinités au niveau des stratégies interprétatives de ces signes : dans les deux cas, il s’agit d’affecter un sens à une forme. ( Le passage du symptôme au syndrome. La sémiologie du médecin a pour unité de référence le symptôme. Le but du médecin est de passer d’un ensemble de symptômes à l’identification d’un syndrome (c'est-à-dire d’un profil pathologique spécifique, d’une maladie). La fièvre est un symptôme qu’on trouve dans plusieurs maladies/syndromes. De la même manière, la sémiologie sociale part à la collecte des signes en vue de reconstruire un univers de sens, des systèmes de représentation. Construire un système de représentation, c’est collecter un nombre suffisant de signes pour procéder à une reconstruction d’un système de représentation d’une réalité.

Symptômes objectifs et subjectifs. Observations et entretiens. En médecine, on parle de « symptôme objectif ». C’est un signe qui peut être directement identifié par le médecin. C’est ce que le corps du patient lui communique immédiatement (avec un stéthoscope, un tensiomètre, etc.). Il peut s’agir d’une fièvre, d’une rougeur... L’autre symptôme est le « symptôme subjectif ». C’est celui qui se laisse identifier à travers le discours que le patient tient sur son propre état. Ce discours du patient précise le diagnostic. Il vérifie ou contredit les symptômes objectifs. En sciences sociales, on retrouve ces deux niveaux. Il y a d’un côté l’observation (participante, flottante...) et, de l’autre, l’entretien (directif, semi-directif, libre, par questionnaire...). Et, de la même manière, on cherche à croiser ces deux sources. Une collecte insuffisante de signes peut donner lieu à une mauvaise interprétation. (Il n’y a pas que le médecin et le chercheur en sciences sociales qui procèdent au croisement de l’objectif et du subjectif. On pourrait multiplier les exemples. Par exemple, le garagiste croise lui aussi l’observation – du véhicule – et le discours – sur la manière dont la panne s’est produite.)

Différence entre comportement et attitude. En sciences sociales, on distingue l’objectif (l’observation) qui porte sur le comportement et le subjectif (l’entretien) qui porte sur l’attitude. Autrement dit, les comportements sont plutôt de l’ordre du faire. Et les attitudes sont plutôt de l’ordre du dire (c’est la posture intellectuelle). On a parfois tendance à confondre « attitude » et « comportement », c'est-à-dire à prendre ce qui est dit pour argent comptant. Or, l’un ne reflète pas forcément l’autre (par exemple, les Français disent préférer France 2 et regardent massivement TF1).

II) Niveau de définition anthropologique

La sémiologie se pose comme une approche généralisée de l’environnement et du comportement humain en termes de signes. Elle a pour postulat que tout phénomène culturel est un phénomène de communication.

On a toute une chaîne de concepts qu’il va falloir éclairer tout au long de ce cours. Dans ce paragraphe, nous ne nous intéresserons qu’à deux d’entre

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