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peut même que les véritables difficultés de notre époque ne revêtent leur forme authentique – sinon nécessairement la plus cruelle – qu'une fois le totalitarisme devenu chose passé ».

Se pose alors plusieurs question : est-il un raccommodage d'éléments empruntés aux autres régimes tyrannique ? N'existe t-il que grâce à une faille béante dans un système politique démocratique ? Ou possède t-il une nature, une essence propre ? Si oui, alors ce système reposerait sur une expérience collective s'exprimant à travers du totalitarisme, et cette expérience doit être nouvelle, inconnue. Le problème est le suivant : les différents types de gouvernement connus sont les mêmes depuis que les Grecs les ont répertoriés, et donc le totalitarisme serait un dérivé de la tyrannie (pouvoir monopolisé par un seul homme, exercé arbitrairement et contre le bien-être général, dans un régime de peur et sans lois). Or le totalitarisme n'a pas de précédent : il dépasse l'alternative régime légitime avec lois et régime arbitraire sans lois, car il n'est pas illégitime ni sans lois, même s'il va outre toutes lois positives même maintenues ; il répond rigoureusement aux lois de la nature ou de l'histoire, il remonte à l'origine des fondements des lois positives et obéit à une force surhumaine. Ainsi, il est prêt a sacrifier pour ces lois de la nature ou de l'histoire, et il cherche une légitimité supérieure même à la légalité des lois positives (« la légitimité totalitaire se vante d'avoir trouvé un moyen d'instaurer le règne de la justice sur la terre ») qui doivent s'appliquer à un nombre incalculable de cas et d'individus. Et derrière ces lois supérieures se cache la volonté de « la production du genre humain comme ultime produit », parfait et tout puissant.

Ces lois reposent sur le mouvement : en effet les lois de la nature sont apparentées à la thèse de Darwin de l'évolution de l'espèce, et celles de l'histoire sur la conception marxiste de la lutte des classes. Ainsi, nous pouvons rapprocher la thèse de Marx (surnommé par Hegel le « Darwin de l'histoire ») de celle de Darwin : l'idée philosophique de Darwin d'une évolution de la nature unilinéaire montre que l'histoire engloutie la nature (histoire car l'évolution) et celle de la survie de l'espèce la plus apte convient aussi pour la survie de la classe la plus progressive de Marx (avec pour origine la force de travail dans la production). Ainsi, le totalitarisme refuse l'idée des choses comme elles sont, et les étudie comme stade de l'évolution. Le mot loi n'est donc plus un cadre stable mais l'expression du mouvement lui même (c'est la loi de l'évolution, loi selon laquelle rien n'est stable), et qui n'a pas de fin. Naît ainsi la logique d'extermination : « ce serait la fin de la Nature elle même si l'on ne pouvait trouver de nouvelles catégories de gens sans défense et inaptes à vivre » et il en va de même pour la loi de l'Histoire où des classes sont écrasées. La « loi du meurtre » de ces régimes découlent donc de cette idée de mouvement.

Arendt définit alors la terreur comme essence du totalitarisme : dans un régime légale, les lois positives et les « commandements de Dieu » permettent de fixer le bien et le mal. Mais dans un régime totalitaire, la terreur les remplace, afin de mettre en pratique la loi du mouvement en supprimant les obstacles humains à la libre expression de ces lois. Et cette terreur en vient par la suite à être indépendante car elle ne connaît plus d'opposition et opère donc « naturellement », comme les lois dans les régimes démocratiques. La terreur joue alors un rôle de stabilisateur des hommes, cad qu'il retire toute liberté aux hommes d'intervenir en bien ou en mal contre les lois du mouvement et le sort que ces lois donnent aux hommes (ennemis à détruire ou pas). Il n'y a donc plus de culpabilité (car on ne peut pas se battre contre ses lois, on les subits) ni d'innocence (tout le monde l'est au final : les coupables d'entravés les forces de la nature n'ont rien faire, et ceux qui les condamnent ne font que répondre à ces mêmes lois). Ainsi, la terreur n'a pas pour but le bien-être ni l'intérêt d'un homme mais la survie de l'espèce humaine en la purgeant des faibles.

Arendt étudie ensuite la fonction des lois dans les régimes constitutionnels : les lois sont des barrières mais aussi des aménagements à la vie des hommes, qui les protègent mais aussi leur laisse la liberté d'être quelque chose de nouveau ; elles préexistent à l'homme, l'accompagne dans sa vie et lui survient. Le régime totalitaire doit donc abolir ces barrières posées par les lois mais, à l'opposé de la tyrannie qui en crée d'autres arbitraires, mais les lie étroitement de sorte qu'il efface l'individu pour un tout, supprimant ainsi la liberté (mais laissant place au mouvement) car supprime toutes libertés en supprimant la faculté de se mouvoir des hommes (car supprime l'espace entre les hommes).

La terreur n'est donc pas contre ou pour les hommes, elle permet le mouvement des lois de la nature et de l'histoire. En effet, ce mouvement est freiné par la liberté humaine (chaque homme est, avec sa naissance, un commencement, et donc avec lui commence un nouveau monde, ce qui freine l'évolution du monde puisqu'il change constamment), et donc la terreur a pour but de supprimer même cette liberté de naître et de mourir en supprimant la pluralité de l'homme, en créant un « Un » qui agira dans le sens même des lois de mouvement. De plus, la terreur accélère ce mouvement car elle annonce « les sentences de morts que la Nature est censée avoir prononcée contre les classes agonisantes, sans attendre que la nature ou l'histoire elles-même suivent leur cours, plus lent et moins efficace ». Ainsi disparaissent aussi l'utilité de la peur et de la sympathie au régime, car les hommes ne peuvent lutter contre ces forces implacables mises en place par le totalitarisme, et le gouvernement même ne choisit pas ses victimes, c'est la Nature qui le fait. L'action est donc purement et simplement inutile. La terreur, qui n'est plus utilisée par un gouvernement mais qui est le gouvernement, se substitue donc à la volonté humaine d'agir, car c'est le cours des choses qui décide de qui sera bourreau et victime, et la situation peut aussi s'inverser. Ainsi, il faut former les hommes à l'éventualité de ces deux positions grâce à l'idéologie.

L'idéologie pour Arendt, peut tout expliquer aux yeux des partisans, en déduisant chaque élément d'une seule prémisse. Son rôle était négligeable dans la politique jusqu'à l'arrivée du totalitarisme. Elles ont un caractère scientifique (« elles allient approche scientifique et résultats d'ordre philosophique »), et la prétention de former une philosophie scientifique. Ainsi, une idée semblerait pouvoir devenir l'objet d'une science, comme Dieu pour le Déisme (logie = Logoi = discours scientifique). Mais ces idées qui sont au centre des doctrines, n'est jamais l'objet des idéologies : son objet est l'histoire de l'idée visée, car il n'y ai pas donné un ensemble d'énoncés scientifique, mais un processus changeant, comme si les événements obéissaient à une loi. Ainsi, une idéologie semble connaître le processus historique dans son intégralité, et elle ne s'intéresse pas à ce qui est, mais au devenir, à l'ascension (au mouvement). Ex le mot race dans le racisme ne constate pas les races humaines, mais est une idée de mouvement de l'histoire. L'idée est donc un « instrument d'explication » et non le centre de la réflexion, car elle serait détaché du mouvement historique car devrait être éternelle. Elle est la cause d'un mouvement et donc est utilisée comme « objet de calcul ». Ainsi, les mouvements de l'histoire ne relève que d'une seule idée (dans le contexte d'une idéologie), qui devient une prémisse à tout, et tous les événements découlent ensuite de sa logique. Cette logique est donc imposée à l'esprit, car tout expérience nouvelle ne peut changer le cours des choses puisqu'elle s’inscrit elle même dans la logique de l'idée de départ. L'idéologie impose donc une Welanschauung, cad une vision du monde qui contraint les hommes et leur retire toute liberté. Toute idéologie contient donc des mouvements totalitaires car prône la domination, mais ce sont le racisme et le communisme qui ont été utilisé par ces régimes, car leur importance politique dépassait celles des autres idéologies (mais elles n'étaient pas plus totalitaire que les autres idéologies).

Arendt relève alors trois éléments totalitaire propre à TOUTE idéologie :

l'idéologie, qui veut tout expliquer, ne rend pas compte de ce qui est, naît ou meurt, mais seulement du mouvement de l'histoire (même le racisme qui semble découler d'une prémisse naturelle qu'est la race) ce qui permet d'expliquer tout le passé, le présent, mais aussi de prédire l'avenir.

En expliquant tout, l'idéologie s'affranchit de toute expérience, même nouvelle, et donc s'émancipe de la réalité sensible pour prôner une réalité supérieure que seule l'idéologie permet d'atteindre, au travers de l'endoctrinement,

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