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site est strictement interdite et toute rediffusion est également strictement interdite. L'accès à notre travail est libre et gratuit à tous les utilisateurs. C'est notre mission. Jean-Marie Tremblay, sociologue Fondateur et Président-directeur général, LES CLASSIQUES DES SCIENCES SOCIALES.

Desroches et Benoist, “Musiques, cultes et société indienne à la Réunion.” (1997)

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Cette édition électronique a été réalisée par Jean-Marie Tremblay, bénévole, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi à partir de :

Monique Desroches et Jean Benoist “Musiques, cultes et société indienne à la Réunion”. Un article publié dans la revue Anthropologie et Sociétés, vol. 21, no 1, 1997, pp. 39-52. Numéro intitulé : Confluences. Québec : Département d'anthropologie, Université Laval. [Autorisation formelle accordée par Mme Desroches le 4 septembre 2007 et par M. Benoist le 17 juillet 2007 de diffuser cet article dans Les Classiques des sciences sociales.] Courriels : Monique Desroches : monique.c.desroches@UMontreal.ca Jean Benoist : oj.benoist@wanadoo.fr Polices de caractères utilisée : Pour le texte: Times New Roman, 14 points. Pour les citations : Times New Roman, 12 points. Pour les notes de bas de page : Times New Roman, 12 points. Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2004 pour Macintosh. Mise en page sur papier format : LETTRE (US letter), 8.5’’ x 11’’) Édition numérique réalisée le 15 septembre 2007 à Chicoutimi, Ville de Saguenay, province de Québec, Canada. Texte relu et corrigé par Mme Roda Jessica, doctorante en ethnomusicologie, Université de Paris IV- Sorbonne / Université de Montréal, le 11 février 2009.

Desroches et Benoist, “Musiques, cultes et société indienne à la Réunion.” (1997)

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Monique Desroches et Jean Benoist

Respectivement Ethnomusicologue, professeure, Faculté de musique, Université de Montréal Médecin et anthropologue, Université d’Aix—Marseille III, Aix-en-Provence

“Musiques, cultes et société indienne à la Réunion”

Un article publié dans la revue Anthropologie et Sociétés, vol. 21, no 1, 1997, pp. 39-52. Numéro intitulé : Confluences. Québec : Département d'anthropologie, Université Laval.

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Table des matières

Introduction Niveaux de culte Les grands temples urbains Les temples de plantation La musique des temples La musique des temples de plantation La musique des grands temples urbains Tableau I. Esthétiques musicales dominantes L’instrument comme emblème Échanges et transitions L’harmonium végétarien Conclusion Références Résumé / Abstract

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Monique Desroches et Jean Benoist “Musiques, cultes et société indienne à la Réunion”. Un article publié dans la revue Anthropologie et Sociétés, vol. 21, no 1, 1997, pp. 39-52. Numéro intitulé : Confluences. Québec : Département d'anthropologie, Université Laval.

Introduction

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La pratique musicale relève d'une série de choix opérés par et pour une société. Dans son répertoire, dans l'instrumentarium, le style d'interprétation, ou encore dans ses fonctions, la musique épouse les valeurs choisies et véhiculées par ceux qui l'interprètent. La mise en évidence de ce lien est à la fois difficile et très féconde dans des sociétés créoles, que l'on peut en première approximation qualifier de « pluriethniques », car les faits semblent s'y enchevêtrer inextricablement. La tentation est alors vive de se cantonner à un domaine bien cerné, plutôt que de cheminer à la recherche de régularités organisationnelles qui se dérobent. Toutefois, et nous espérons le montrer à partir de ce que nous apprennent les musiques indiennes, c'est sans doute dans ces sociétés que les approches sectorielles gagnent le plus à être dépassées. Nous nous appuyons dans ce qui suit sur les résultats d'enquêtes de terrain qui se sont déroulées au cours des dix dernières années, à l'occasion de séjours de l'un ou de l'autre auteur, à l'île de la Réunion. Ce travail s'appuie sur une double démarche, menée en étroite interaction

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entre une ethnomusicologue et un ethnologue, l'une soucieuse de connaître les enracinements sociaux des faits musicaux qu'elle relevait, l'autre de mieux comprendre, grâce aux usages sociaux de la musique, les rapports entre divers plans où se déroulaient les changements rapides d'une société très complexe. La musique apparut alors comme un carrefour hautement significatif, capable de faire converger deux regards aux préoccupations initialement très distantes l'une de l'autre, convergence qui apporte une dimension supplémentaire à l'ethnomusicologie comme à l'anthropologie sociale. Car les faits musicaux sont une des entrées dans le social, entrée peut-être insuffisamment fréquentée par les ethnologues, sans doute en raison des contraintes techniques qu'impose leur étude. Ces faits, loin de se suffire à eux-mêmes, ne cessent en effet d'être l'enjeu et le résultat de phénomènes qui sont directement constitutifs du tissu social actuel : relations historiques anciennes entre populations venues de divers horizons, flux culturels contradictoires qui s'entrechoquent, rapports inégalitaires entre des cultures dont ceux qui les ont introduites ont occupé dans la structure sociale de l'île des positions très contrastées. Mais la musique, bien que profondément enchâssée dans la vie sociale, n'est pas que sociale : elle participe aussi à un patrimoine que chaque individu s'approprie d'une façon très intime. En ce sens, elle lie ce qu'il y a de plus individuel en chacun à ce qu'il y a de plus social. Aussi la démarche de cette étude ne se situe-t-elle pas au sein de l'une des deux disciplines, l'ethnologie ou l'ethnomusicologie, mais au cœur de la zone où elles sont indissociables, celle où dans la musique, le fait sonore est inséparable du fait social. En les envisageant l'un comme l'autre, sans jamais les faire contraster, nous sommes guidés par la réalité musicale des cultes indiens de la Réunion, où les messages de la musique traversent tous les étages de la vie religieuse et tous ses changements. C'est donc d'une interprétation réciproque de la musique par le fait social et de celui-ci par la musique que peut surgir une intelligibilité dans des zones souvent demeurées dans l'ombre.

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À l'île de la Réunion, l'observation et l'analyse du phénomène musical lancent un défi particulier. En effet, la société s'est constituée à partir du début du XVIIIe siècle par l'apport de vagues migratoires très diverses et en l'absence de peuples autochtones. Aucun des groupes qui composent désormais la mosaïque ethnoculturelle de l'île ne peut donc revendiquer à lui seul la paternité d'une quelconque identité culturelle réunionnaise de référence, porteuse d'un patrimoine fondateur. La musique, comme la langue, la religion, l'organisation sociale et économique issue de l'esclavage, s'est non seulement inscrite dans le prolongement des origines sociales et culturelles de chacun des groupes, mais aussi dans la rencontre et dans l'échange entre les uns et les autres. Aussi rencontre-t-on, selon les lieux, des paysages musicaux variés : musiques du rural et musiques de l'urbain ; zones où les musiques sont majoritairement d'influence indienne et zones où le caractère créole prévaut ; pratiques musicales « des Hauts » 1 contrastant avec celles « des Bas ». Un regard plus aigu percevrait aussi des espaces clos, cernés de barrières étanches, et des lieux de passage où s'opéreraient des fusions musicales au sein des rencontres de cultures. Mais on ne ferait là que lire l'inscription spatiale de ce qui prend racine ailleurs, dans l'histoire d'un peuplement et de ses phases contrastées, où des peuples venus de loin se sont distribués dans l'espace d'une société contraignante. Derrière l'expression musicale se profile un système de valeurs que la pratique musicale permet non seulement d'exprimer, mais aussi de confirmer, voire de consolider. Activité polysémique, la musique peut ainsi passer d'un niveau fonctionnel, rituel ou artistique, à celui, plus symbolique, de marqueur identitaire. Dans cet entrecroisement d'héritages qui fait la complexe richesse

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