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L'Euro, Handicap Ou Atout En Cas De Crise Grave ?

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être amenés à retarder leur adhésion ou à y renoncer en espérant que le retour à une monnaie nationale ou sa conservation leur permettra de mieux faire face à une crise de leur endettement public. Mais les difficultés qu’éprouvent les pays de la zone euro à résoudre leur problème de finances publiques face à la défiance des marchés financiers ne résultent pas de l’instauration d’une monnaie commune. Elle provient plutôt de la stratégie qui est utilisée par les instances européennes pour aider les pays en difficulté. En effet, le

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mécanisme actuel d’intervention des instances européennes n’est pas compatible avec les principes d’une union monétaire qui devraient être fondés sur la solidarité de ses membres. Une révision de ce mécanisme paraît indispensable pour la survie de l’euro. 1 Les pays de la zone euro face à la crise de leurs finances publiques La première crise grave qui a frappé l’Union européenne en 2008-2009 a entraîné une détérioration des finances publiques de la plupart de ses membres. En effet, de 2007 à 2010, le déficit et l’endettement publics des pays de l’Union sont passés respectivement de 0,9% à 6,4% et de 59% à 80% de leur PIB et ceux de la zone euro ont augmenté respectivement de 0,7% à 6% et de 66,2% à 85,1% du PIB de la zone. Cette détérioration financière a particulièrement frappé la Grèce, l’Irlande et le Portugal, comme le montrent les données du tableau 1. Des dérives similaires se manifestent dans d’autres pays, comme l’Espagne dont le solde budgétaire est passé d’un excédent de 1,9% du PIB en 2007 à un déficit de 9,2% en 2010 et l’Italie et la Belgique dont les endettements publics respectifs sont passés de 2007 à 2010 de 84,2% à 96,8% du PIB et de 103,6% à 119%. De ce fait, la défiance des marchés financiers qui se manifeste actuellement envers les finances publiques de la Grèce, de l’Irlande et du Portugal risque de s’étendre progressivement à l’ensemble des pays de la zone euro.

Université de Strasbourg, BETA

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Tableau 1 : L’évolution des finances publiques de la Grèce, du Portugal et de l’irlande Solde budgétaire/PIB Grèce 2007 2008 2009 2010 -6,4 -9,8 -15,4 -10,5 Irlande 0,1 -7,3 -14,3 -32,4 Portugal -3,1 -3,5 -10,1 -9,1 Grèce 105,4 110,7 127,1 142,8 Endettement public/PIB Irlande 25 44,4 65,6 96,2 Portugal 68,3 71,6 83 93

Source : Banque de France, chiffres clés de la zone euro. Du fait de la détérioration de leurs finances publiques et de la défiance des opérateurs financiers qu’elle suscite, l’Irlande et le Portugal ont éprouvé des difficultés croissantes à trouver un financement de leur déficit public à des coûts raisonnables. Afin de rassurer les marchés financiers sur leur volonté d’assainir leurs finances publiques, ces pays ont mis sur pied plusieurs programmes d’austérité. Mais, du fait de leurs effets dépressifs, ces plans réduisent les rentrées fiscales, ce qui freine l’effort d’assainissement financier. De plus, leurs effets sur l’activité économique provoquent des réactions politiques et sociales de rejet. Faute de résultats rapides et suffisants, les agences de notations continuent à dégrader les notes attribuées aux dettes souveraines de ces pays. C’est ainsi que le Portugal a tenté d’éviter de recourir à l’aide européenne en mettant successivement sur pied trois programmes d’austérité qui ont entraîné la chute du gouvernement du fait de leurs effets économiques et sociaux. Comme ces effets n’ont pas amélioré suffisamment vite les finances publiques, l’agence de notation Moody’s a continué à dégrader la note de la dette publique portugaise, ce qui a entraîné une hausse du coût des emprunts du Portugal à un niveau insoutenable de 9,34% pour les obligations publiques à 10 ans. Le pays a donc dû faire appel à l’aide financière de l’Europe et du FMI en avril 2011. L’Irlande a suivi un scénario similaire, en tentant de repousser le plus longtemps possible le recours à l’aide financière internationale et en se résignant à y recourir en novembre 2010 sous la pression des marchés financiers dans une ambiance de crise politique et sociale. L’aide européenne est accordée à travers le mécanisme de stabilité financière et le fonds européen de stabilité financière mis sur pied à la suite de la gestion confuse de la crise grecque 1. Elle comporte les mêmes caractéristiques que celle accordée à la Grèce en 2010. En effet, les prêts sont alloués pour trois ans à un taux d’intérêt de 5,5% à 6%, ce qui paraît excessif compte tenu des difficultés des emprunteurs et du niveau des taux d’intérêt payés par des pays prêteurs, comme l’Allemagne, pour leurs emprunts sur les marchés financiers. Ils sont accordés à condition que les bénéficiaires effectuent de vastes privatisations et mettent sur pied des plans d’austérité sévères dont l’application est contrôlée au moment du versement de chaque nouvelle tranche de l’aide. Faute de posséder une monnaie nationale à dévaluer, ces pays doivent diminuer les salaires et les retraites pour réaliser les gains de compétitivité nécessaires pour compenser par une hausse des exportations la baisse de la demande interne provoquée par les plans d’austérité. Les objectifs qui sont fixés aux pays doivent se réaliser dans un temps très court. C’est ainsi que le déficit public du Portugal qui représente 9,1% du PIB en 2010 doit passer à 5,9% en 2011 et à 4,5% en 2012 pour atteindre 3% du PIB en 2013. Ces délais sont calqués sur l’horizon court des agences de notations qui sont appelés à juger les progrès des efforts d’assainissement financier. Mais ils sont incompatibles avec le temps nécessaire à la réalisation des réformes structurelles qui sont indispensables pour améliorer les finances publiques. C’est ainsi qu’une partie de cette amélioration dépend de réformes qui consistent essentiellement, en Grèce, à réduire les fraudes fiscales et la corruption et, en Irlande, à réorienter l’activité économique tournée en grande partie vers l’immobilier en faillite. Les solutions ainsi imposées aux pays en difficulté ne sont pas seulement coûteuses sur le plan économique en terme de perte de

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Voir l’analyse de la gestion de la crise grecque par G. Koenig (2010).

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croissance et sur le plan social en terme de chômage et de régression, mais elles risquent de ne pas atteindre leurs objectifs. C’est ainsi que ces mesures auxquelles s’ajoute le programme d’achat d’obligation publiques et d’apport de liquidités aux banques par la BCE n’ont pas réussi à restaurer le calme sur les marchés financiers. En effet, les spreads sur les obligations à 10 ans émises par la Grèce, l’Irlande et la Portugal sont plus élevés en février 2011 qu’en avril 2011 avant la mise en œuvre des différentes mesures destinées à apaiser les marchés financiers. Il est peu probable, selon Darvas et al. (2011) qui sont membres du centre de réflexion Bruegel, que les ajustements exigés par les instances européennes et le FMI pour rétablir la confiance des opérateurs financiers puissent être réalisés. Ces économistes fondent leurs critiques sur une évaluation de l’importance de ces ajustements et sur leur impact sur la solvabilité des pays. L’indice de cette solvabilité est formé par le surplus budgétaire primaire qui correspond à la différence entre les recettes et les dépenses publiques hors paiement des intérêts de la dette publique. Pour que la Grèce puissent stabiliser le ratio dette publique/PIB et le ramener au niveau de 60% du PIB en 2034, il faut, selon cette étude, qu’elle maintienne pendant plusieurs années un surplus primaire représentant 14,5% du PIB selon une version prudente de la simulation effectuée par ce travail et 8,4% selon une version optimiste. Un tel effort paraît impossible à soutenir. En effet, au cours de ces 50 dernières années aucun pays de l’OCDE n’a pu maintenir un surplus primaire supérieur à 6% du PIB. Par contre, les surplus primaires que devraient assurer l’Irlande et le Portugal peuvent être soutenus à des niveaux qui ont pu être réalisés historiquement. En effet, ils représentent respectivement pour l’Irlande et le Portugal 6,1% et 5,8% du PIB dans les versions prudentes, et 3,7% et 2,9% du PIB dans les versions optimistes. 2 La gestion d’une crise de l’endettement public dans un cadre national Si un pays qui doit faire face à une crise d’endettement public possède sa propre monnaie, il doit s’efforcer, comme les pays de la zone euro, de rassurer les opérateurs financiers sur sa volonté d’assainir ses finances en réduisant son déficit budgétaire. Mais contrairement à un pays participant à une zone monétaire, il peut tenter de compenser les effets dépressifs de la réduction de son déficit en laissant sa

monnaie se déprécier par rapport aux autres monnaies, comme l’a fait la Grande-Bretagne. De plus, il peut mener une politique monétaire nationale généreuse induisant une certaine inflation ce qui réduit la valeur réelle de sa dette publique. Ces mesures transitoires peuvent permettre de réduire le coût social des mesures d’assainissement financier pendant la période nécessaire pour effectuer les réformes structurelles favorables à un assainissement de long terme. Cette perspective peut inciter les pays de la zone euro qui sont soumis à la pression des plans d’austérité imposés

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