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La Condition Humain

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t être justifiées par la motivation à la condition d’homme que tous essayent de transcender. D’une manière impressionnante, Malraux nous approche l’image des communistes chinois assassinés, écrasés, et jetés vivants dans les chaudières. Il nous peint les combattants détruits dans tous les sens, mais qui ne regardent que droit devant. Il est important de souligner l’affirmation de Malraux de la solitude fondamentale de l’individu qui est présente dans chaque personnage de son histoire. Donc, leur action n’est que la conséquence de l’incompréhension et de la solitude. Certains parmi eux ne réussissent pas à assumer la réalité du monde, et c’est pourquoi ils s’échappent du réel en se lançant à la misère, à la mort, à l’assassinat, même au terrorisme.

L’ACTION ET LA CONDITION HUMAINE

A travers les personnages principaux d’action de Malraux, je vais présenter dans ma dissertation le lien qui existe entre l’action de ses personnages et leur condition humaine. Ce qui les inspire certainement, c’est l’idée de défi, présente en chacun d’eux.

Dès les premières phrases du roman, Malraux nous fait la connaissance de Tchen qui est en train de tuer. Premièrement, il apparaît comme un personnage extrême qui est sur le point de commettre un meurtre, puis, comme un personnage sensible qui est troublé de tuer un homme endormi. Sa motivation de tuer est basée sur le sacrifice de la révolution, ce qui fait de lui, entre autre, un personnage révolutionnaire. Il doit tuer, et il tue pour la Révolution. Son action est très efficace, ce que l’on pouvait remarquer dans sa façon de réagir au moment des combats de rue, dans sa façon de mener son groupe à l’assaut du poste de police où il a même songé à sa mort. On a l’impression qu’il veut vraiment mettre sa vie en jeu ce qui est très facile de prouver lors de son meurtre initial quand il enfonce le poignard dans sa propre chair, mais aussi lors de l’attentat contre Chang-Kaï-Shek, ce qui représente sans aucun doute un acte d’attentat suicidaire. On arrive sur le point de lui ajouter un autre trait caractéristique, celui du terroriste, et de mettre en question son esprit révolutionnaire à cause de sa compréhension du sacrifice à la révolution. Même si Tchen est élevé à la chinoise, il éprouve une haine contre la Chine traditionnelle. Il a eu une double éducation, dont la première avait été religieuse, et la deuxième obtenue à l’Université de Pékin suivant l’enseignement de son professeur Gisors. Comme cela, il finit par devenir apte de la Révolution dans laquelle il se donne tout entier, s’engage complètement. Il refuse de compromis et suit uniquement sa propre logique. Il se sent tout seul, isolé du monde et découvre en lui la fascination de la mort. Il souffre de l’incompréhension d’autrui, mais il refuse en même temps d’être compris. N’ayant pas de vraie place parmi les hommes, il en est exclu, et la suite logique est sûrement sa folie de se lancer dans une action extrême, c’est-à-dire au terrorisme, à la mort sûre. La lutte contre le régime actuel deviendra pour lui la seule raison de son existence. On pourrait dire qu’il devient obsédé par son meurtre, ce qui le mène directement au terrorisme. Son professeur Gisors l’a bien aperçu :

La présence de Tchen animait encore la pièce. Celui-là s’était jeté dans le monde du meurtre, et n’en sortirait plus : avec son acharnement, il entrait dans la vie terroriste comme dans une prison. Avant dix ans, il serait pris – torturé ou tué ; jusque-là, il vivrait comme un obsédé résolu, dans le monde de la décision de la mort. Ses idées l’avaient fait vivre ; maintenant, elles allaient le tuer. (Malraux, 1946 : 65)

Kyo est le militant révolutionnaire engagé politiquement. Il est l’organisateur principal de l’insurrection de Shanghaï. C’est celui qui combat pour sa propre dignité, mais aussi pour que l’homme retrouve sa dignité perdue. Sans aucun doute, il possède les qualités essentielles du chef révolutionnaire. Ce qui marque sa personnalité, c’est une bonne organisation, une efficacité impeccable, mais aussi une bonne connaissance des ses hommes. Vu qu’il planifie avec soin chaque petit détaille de la Révolution, et que les consignes sont toujours précisément donnés, cela prouve qu’il ne laisse rien au hasard. Il maîtrise absolument son domaine du grand-chef de la Révolution.

Il n’y a pas de dignité possible, pas de vie réelle pour un homme qui travaille douze heures par jour sans savoir pour quoi il travaille. Il fallait que ce travail prît un sens, devînt une patrie. Les questions individuelles ne se posaient pour Kyo que dans sa vie privée.

(Malraux, 1946 : 68)

Son rôle dans le monde révolutionnaire de l’époque est tellement efficace qu’elle donne un vrai goût de l’action dans ce combat. C’est le personnage qui premièrement prend soin des autres, puis après de lui-même. Il compatit la douleur, la souffrance d’autrui, et ce qui est le plus important, c’est qu’il agit n’en observant pas les choses à côté. Son action reflète clairement son état d’esprit.

Le sens héroïque lui avait été donné comme une discipline, non comme une justification de la vie. Il n’était pas inquiet. Sa vie avait un sens, et il le connaissait : donner à chacun de ses hommes que la famine, en ce moment même, faisait mourir comme une peste lente, la possession de sa propre dignité. Il était des leurs : ils avaient les mêmes ennemies. Métis, hors-caste, dédaigné des Blancs et plus encore des Blanches, Kyo n’avait pas tenté de les séduire : il avait cherché les siens et les avait trouvé. (Malraux, 1946 : 68)

On peut facilement conclure qu’il s’est engagé dans la Révolution par ses convictions sans avoir une motivation individuelle. Dans ce combat, il incarne ses idées à travers son action, et sa participation. Mais comme tel, il n’est pas vrai que le sentiment d’angoisse soit exclu. Il connaît très bien ce sentiment de solitude comme les autres révolutionnaires, mais dans son cas, c’est à cause de l’infidélité physique de la femme qu’il aime. Sa vie affective devient pleine de jalousie au moment où il apprend que May a couché avec Lenglen et lui, il ne réussit pas à s’empêcher d’en souffrir même si l’accord entre eux était : chacun est libre de faire ce qu’il veut, avec qui il veut. Mais même après cette nouvelle de tromperie, il ne se venge pas et dépasse cette « épreuve ».

Il a beaucoup de qualités : la générosité, la sensibilité, la compréhension d’autrui, aussi bien le dépassement de sa propre douleur… Toutes ses caractéristiques feront de sa mort un moment terrible. Il choisit lui-même le moment où il va prendre le cyanure et terminer sa vie ce qui était le seul moyen de s’en sortir de cette situation. Kyo échappe à son suicide.

Qu’eût valu une vie pour laquelle il n’eût pas accepté de mourir ? Il est facile de mourir quand on ne meurt pas seul. Mort saturée de ce chevrotement fraternel, assemblée de vaincus où des multitudes reconnaîtraient leurs martyrs, légende sanglante dont se font les légendes dorées ! Comment, déjà regardé par la mort, ne pas entendre ce murmure de sacrifice humain qui lui criait que le cœur viril des hommes est un refuge à morts qui vaut bien l’esprit ?

Il tentait maintenant le cyanure dans sa main. Il s’était souvent demandé s’il mourrait facilement. Il savait que, s’il décidait de se tuer, il se tuerait ; mais, connaissant la sauvage indifférence avec quoi la vie nous démasque à nous-mêmes, il n’avait pas été sans inquiétude sur l’instant où la mort écraserait sa pensée de toute sa pesée sans retour.

Non, mourir pouvait être un acte exalté, la suprême expression d’une vie à quoi cette mort ressemblait tant ; et c’était échapper à ces deux soldats qui s’approchaient en hésitant. Il écrasa le poison entre ses dents comme il eût commandé, entendit encore Katow l’interroger avec angoisse et le toucher, et, au moment où il voulait se raccrocher à lui, suffoquant, il sentit toutes ses forces le dépasser, écartelées au-delà de lui-même contre une toute-puissante convulsion. (Malraux, 1946 : 304, 305)

La mort représente une tension, la séparation d’avec lui-même, mais d’avec Katow aussi. Là, Kyo essaye de dépasser la solitude inhérente à la mort en mettant la sienne sous le signe de l’appartenance au collectif.

En comparaison de Tchen qui est un « maudit », Kyo qui est un « chef », on pourrait dire que Katow a le rôle d’un « saint ». C’est le personnage avec le plus d’expérience de tous. Il a vécu les deux Révolutions russes : condamné à cinq ans de bagne pendant la première, et condamné à mort sans procès pendant la deuxième Révolution par les Russes « blancs » d’où il a rescapé de son exécution. Il a senti sur sa peau des blessures de la Révolution soviétique et c’est pourquoi il s’est donné entièrement à la Révolution chinoise tout en respectant ses idéaux, et ses normes. Il est le personnage le plus humain et généreux dans ce roman. Lui aussi, il est pris par sa souffrance et celle d’autrui. Mais il se différentie d’eux principalement par son énorme générosité, ce que je peux prouver par son acte de « faire le don » du cyanure à ses deux compagnons prisonniers pour qu’ils ne soient pas brûlés vifs, en renonçant

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