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Les crises sont-elles inscrites dans la dynamique du capitalisme ?

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ns microéconomiques produit souvent des effets indésirés, effets pervers au niveau macroéconomique, bien éloignés des harmonies supposées de la « main invisible ».

2. Les errements du marché tiennent fondamentalement aux carences d’information et à la rationalité limitée des agents. Pour être efficientes, les décisions doivent s’appuyer sur toute l’information disponible. Une hypothèse peu raisonnable, d’autant moins que la réalité économique se transforme à chaque instant sous l’influence de nouvelles décisions. L’information est lacunaire et déjà obsolète au moment où elle est rassemblée. H. Simon souligne que même si l’information était parfaite, la capacité humaine à la traiter demeure limitée, et la rationalité des décisions ne peut être de même que limitée. Il en découle des décisions erronées, menant à une mauvaise allocation des ressources et aux dérives qui caractérisent structurellement l’économie de marché. Les keynésiens considèrent que, face à l’incertitude, les comportements tendent à devenir mimétiques, et amplifient ainsi les déséquilibres (cf. les marchés financiers).

B. Les rigidités et entraves au bon fonctionnement du marché : l’autorégulation perdue

1. Le modèle néoclassique du marché est un modèle d’échanges purs, sans frictions, impliquant une fluidité et une flexibilité parfaites. La réalité en est très éloignée, et caractérisée par des « rigidités » de toutes sortes : de prix, de salaires, d’emplois, de qualifications, de contrats, de règles, auxquelles s’ajoutent les rigidités géographiques, culturelles, et celles qui découlent des interventions publiques et des positions dominantes.

2. La capacité autorégulatrice du marché se trouve altérée par ces multiples « imperfections ». Les néolibéraux analysent la crise de la fin du XXe siècle comme le résultat d’un ensemble de rigidités, sociales et publiques, qui étouffent l’économie et bloquent sa réactivité. Les keynésiens considèrent ces rigidités comme des données de fait, l’économie n’étant pas dotée en conséquence de « forces de rappel » et de « stabilisateurs automatiques », mais évoluant au contraire d’un déséquilibre à l’autre, à travers des processus cumulatifs. Les crises sont inhérentes au système et peuvent être durables.

II. Les déséquilibres de la croissance capitaliste

A. Les cycles de croissance et les crises périodiques

1. Les crises sont fréquentes au XIXe siècle. Les « crises classiques » se substituent aux « crises d’Ancien Régime » et aux « crises mixtes ». Ces crises typiques du mode de production capitaliste sont toutes des crises de surproduction, intervenant dans les branches motrices, et s’accompagnent d’une dimension financière. La récurrence des crises a conduit les économistes à forger le concept de cycle. Celui-ci reflète pour Juglar la « respiration naturelle » de l’économie, la croissance et ses excès amenant mécaniquement la crise. « Les causes d’une crise résident toujours dans la prospérité qui a précédé », et la crise a une fonction de purge salutaire.

2. La dynamique cyclique tient pour beaucoup d’économistes à l’irrégularité de l’investissement (Aftalion, Keynes…). D’autres, de façon proche, ont souligné le rôle du crédit et des taux d’intérêt (Hawtrey, Wicksell, Hayek, Fisher…). Un écart positif entre le « taux naturel » (taux de profit) et le « taux monétaire » (taux d’intérêt) détermine chez Wicksell une tendance à l’endettement et à l’investissement, conduisant peu à peu à un écart contraire, et au retournement conjoncturel. F.V. Hayek, dans son livre célèbre Prix et production (1935), montre que les crises de surcapitalisation proviennent d’un excès de crédit qui nourrit l’investissement et mène à une hypertrophie du secteur des biens de production. Des cycles à plus court terme sont dus également au mouvement des stocks (cycles Kitchin), tandis que les cycles d’innovation rythment selon Schumpeter les mouvements à long terme de l’économie (cycles Kondratiev).

B. Les contradictions du capitalisme

1. La croissance capitaliste : un état de crise permanent. Schumpeter définit la croissance comme « un processus de destruction créatrice, révolutionnant sans cesse de l’intérieur la structure économique, en détruisant continuellement les éléments vieillis, et en créant toujours des éléments neufs ». Cette définition essentielle rappelle toute la dimension déstructurante de la croissance, qui balaye les productions anciennes, les entreprises qui les produisent, les métiers qui y sont associés, affecte les régions et pays de production, etc. La croissance induit en permanence des ajustements, souvent problématiques. Il en est de même du système concurrentiel, au cœur de la logique capitaliste. La pression concurrentielle fait continuellement des victimes, opérant une « sélection darwinienne » des « meilleures espèces ».

2. L’une des caractéristiques majeures du capitalisme réside dans les déséquilibres de la répartition. L’asymétrie de pouvoir entre les détenteurs des moyens de production et les détenteurs de la force de travail tend à induire une répartition historiquement plus favorable aux profits qu’aux salaires. Cela n’est pas sans rapport avec la tendance à la surcapitalisation et à la surproduction. Marx montre la contradiction profonde d’un système toujours tendu vers l’accumulation et la croissance d’un côté, et qui restreint les débouchés de la production de l’autre par une exploitation accrue et la substitution capital-travail. Les « crises de réalisation de la marchandise » s’enchaînent avec les « crises de valorisation du capital », l’aggravation de ces contradictions dans le temps donnant lieu à des crises de plus en plus violentes.

III. Les crises… évitables ? Des règles à la régulation…

A. Crises et carences de règles

1. D. North et d’autres ont insisté sur l’importance de la définition de « droits de propriété ». Ils doivent constituer des garanties sûres incitant les agents à développer à partir de là leurs activités. Certaines crises, différentes de celles qui ont été évoquées, semblent liées à une définition insuffisante de ces droits de propriété. Les crises russe, japonaise, asiatique, africaine, des PVD en général, sont celles de systèmes aux règles peu transparentes, gangrenés par des mafias, et obéissant à des logiques clientélistes.

2. En particulier, les crises financières qui ont secoué l’Asie résultent avant tout d’une opacité dans les réseaux de distribution de crédit, et de l’absence de règles suffisantes pour garantir la « soutenabilité » des endettements. Au XIXe siècle de même, de nombreux vides juridiques ont créé des situations de crise dans ces secteurs notamment. L’imposition de « règles prudentielles » constitue un enjeu majeur aujourd’hui dans un capitalisme dans lequel la dimension financière a pris une importance primordiale.

B. La régulation contre les crises

1. Les Trente Glorieuses ont fait quasiment disparaître les crises, en tout cas sous leurs formes les plus violentes (dépression, déflation). Celles-ci ont fait place à des « fluctuations conjoncturelles », d’une amplitude amortie. La crise du dernier quart de XXe siècle ne peut être comparée à

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