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Synthèse: Sociologie Du Travail

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animaux – les bœufs ou les chevaux – pour mieux les ferrer. Par extension, le travail se fait ‘instrument de torture’ et est assimilé à l’état de celui qui souffre (XIème siècle). Douloureux, l’accouchement acquiert un tel statut (XIIème siècle. ".

* " S’il est encore peu utilisé au XIIIème siècle, le travail, véhicule néanmoins une signification sans équivoque: torture, pénibilité, pénitence, etc. "

* " Au Moyen Âge, le sens se maintient sous pression de l’interprétation théologique qui institue le travail au rang de punition infligée par Dieu après qu’Adam a fauté. Pour se racheter, l’Homme devra souffrir." (Lallement, 2007: 45)

Il n'est donc pas étonnant de constater que le "travail" a longtemps été associé: à la douleur, la souffrance et l'absence de liberté.

Une autre étymologie qui peut être intéressante dans ce domaine est celle de labeur. Le labeur, du latin labor, désigne le premier des activités agricoles. Progressivement, le sens du travail se transforme. Le travail se fait utilité. Il faut attendre le 16ème siècle pour que le terme travail l'emporte dans la langue française sur deux autres concurrents couramment utilisés auparavant:

* Le labeur;

* L'ouvrier, dérivé d'opus (l'œuvre) et d'operae (les tâches.

Ce n'est que très progressivement dans l'histoire des sociétés occidentales que le "travail" va sortir de ces associations négatives. Comme l'a montré Weber, la valorisation du "travail" constitue l'une des stratégies à l'œuvre au sein du christianisme, notamment au moment de la Réforme. Le travail comme garant d'une vie éternelle figure au cœur de l'héritage judéo-chrétien de l'Occident.

Comme l'explique Méda (1995), au cours de l'industrialisation, le travail apparaît progressivement comme l'activité humaine qui structure toute l'organisation sociale (ce qu'elle nomme l'activité princepes). Ce terme renvoie tour à tour à trois dimensions distinctes:

* Production de richesses;

* Expression de soi;

* Voie privilégiée d'accès aux droits sociaux et à la citoyenneté.

Du travail au salariat

Il est important de rappeler que les processus d'industrialisation et d'urbanisation qui marquent la fin du 19ème / début du 20ème siècles en Europe constituent une étape charnière pour l'analyse du travail dans nos sociétés actuelles. Les sociétés préindustrielles ou féodales connaissent le travail essentiellement sous la forme de la production agraire, de l'artisanat et du commerce, majoritairement à l'échelle locale.

Dans ces sociétés, en règle générale, les travailleurs possèdent au moins une partie de leurs outils de travail (terres, charrettes, locaux commerciaux) et transforment des matières premières, soit pour leur propre consommation, soit pour la revente de proximité.

A quelques exceptions près, il s'agit de ce que l'on appelle des "économies de la subsistance". On vise à produire juste ce qu'il faut pour assurer sa survie et celle de sa famille. Toutefois, une minorité importante de la société vit du travail des autres (sous formes de rentes agraires pour des seigneurs qui font travailler leurs serfs par exemple).

Dans ce régime préindustriel, les espaces de production (fermes, ateliers…) ne sont pas séparés des espaces de vie (le fermier vivait dans ou à coté de sa ferme). Comme le montre Thompson (1963), le temps de travail est relativement peu délimité par rapport aux temps de la vie quotidienne et varie fortement selon les rythmes saisonniers et des manifestations festives. La vie familiale, les activités religieuses et de sociabilité se confondent avec les espaces-temps du travail.

Comme nous le montre Castel (1995), dans ce contexte historique particulier, le "travail" était source de rattachement à des collectifs de vie (corporations, communautés villageoises…) alors que le salariat (le fait de vendre sa force de travail à autrui) fut longtemps une situation incertaine, indigne et misérable:

" On était salarié lorsqu’on n’avait rien d’autre à échanger que la force de ses bras. On ‘tombait’ dans le salariat (ruine de l’artisan), état de dépendance contraignant à vivre au jour le jour, sous l’emprise du besoin " (Castel, cité dans Alternatives économiques, n° 21, 2005).

La première révolution industrielle (18ème et 19ème siècles) va modifier profondément cette organisation sociétale du travail, en opérant une séparation et un cloisonnement spatial du travail par rapport aux autres activités de la vie quotidienne. Elle fait progressivement émerger ce que l'on appelle la relation salariale comme statut très majoritaire des travailleurs et comme mécanisme de base de l'intégration sociale des individus (il s'agit ici surtout des hommes). Rappelons qu'avant la révolution industrielle, la relation salariale était un statut d'une minorité.

1.2. Robert Castel et la centralité du travail

Dans son ouvrage: Les métamorphoses de la question sociale: Une chronique du salariat" (1955), Castel analyse en détail l'avènement de ce qu'il appelle al société salariale. Il y montre notamment que le salariat est progressivement devenu la voie d'accès la plus direct à un ensemble de protections contre les risques sociaux (accidents, maladie, chômage, vieillesse). De ce fait, il est devenu le mécanisme essentiel d'intégration sociale des individus.

Ainsi, entre le début du 20ème siècle et les années 60: " on est passé de cette réalité du salariat précaire " à une situation où " le salariat est devenu la matrice de l’intégration dans la société, grâce au plein-emploi et aux droits sociaux garanties aux travailleurs salariés et à leur famille. Et ce…. jusqu’à ce que les crises économiques successives ne s’accompagnent du retour d’une population de personnes considérées comme ‘surnuméraires’ ", autrement dit les chômeurs.

D'après Castel, le passage à la société salariale nécessite la réunion de cinq conditions:

1. Distinguer clairement la population active des autres membres de la société ("oisifs légitimes" comme les étudiants par exemple);

2. Fixer le travailleur à son poste et séparer aussi rigoureusement que possible le temps de travail du temps de loisir;

3. Promouvoir l'accès à de nouvelles normes de consommation ouvrières par l'intermédiaire du salaire (fordisme par exemple);

4. L'accès à la propriété sociale et le développement de services publics (d'éducation, de santé…);

5. L'émergence d'un droit du travail qui fait du travailleur un membre d'un collectif doté d'un statut social au-delà de la seule dimension individuelle d'un contrat de travail.

Dans ces conditions seulement le salariat cesse d'être une condition indigne.

Après cette mise en perspective historique, Castel s'intéresse à la réalité du travail dans les sociétés occidentales contemporaines. Plutôt que de parler "d'exclusion" ou de s'intéresser aux personnes exclues du monde du travail (de la société salariale), il analyse plutôt ce qu'il appelle le "processus de désaffiliation", dont la cause principale est la déstabilisation et la vulnérabilisassions d'une masse croissante de salariés.

De la société salariale à la désaffiliation

On peut remarquer en passant que la thèse de Castel est teintée d'un soupçon d'andocentrisme (généralise le cas des hommes). En effet, l'intégration sociale des femmes ne s'est pas nécessairement ou toujours opérée par le biais du salariat. Au moins jusqu'au milieu du 20ème siècle, une femme pouvait être parfaitement intégrée socialement, sans participer directement au salariat, à condition d'être mariée et/ou mère de famille et d'accéder aux droits sociaux par ce biais.

Toutefois, là où Castel a raison, c'est que le statut "d'inactive" accordé à certaines catégories d'adultes dépendait de l'existence d'un régime de protection social auquel elles accédaient indirectement, en tant qu' "ayants droits" d'un travailleur salarié. Ces dispositions ont également permis le prolongement de la vie "inactive" d'autres catégories sociales, comme des étudiants, des retraités, certaines catégories de chômeurs…

Certains auteurs ont également souligné l'ethnocentrisme des analyses de Castel. Toutes les sociétés occidentales n'ont pas connu de la même manière "l'âge d'or" de la "société salariale". Dans sa typologie des régimes de protection sociale, Esping-Andersen (1990) distingue trois modèles de Welfare State: socio démocrate, corporatiste et libéral. Il insiste sur le fait que l'accès aux droits sociaux ne passe pas nécessairement par le salariat ou le marché

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