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Culture Pour Tous Versus Culture Pour Chacun

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Malraux s’adressait aux députés de l’Assemblée Nationale en leur annonçant son ambition de dépasser la culture pour tous à laquelle il avait consacré une large partie de son action politique et d’œuvrer désormais à une culture pour chacun. Il ajoutait : « Dans l’un des cas, il s’agit, en aidant tout le monde, de faire que tout le monde aille dans le même sens, dans l’autre cas il s’agit, que tous ceux qui veulent une chose à laquelle ils ont droit puissent l’obtenir. Je dis clairement nous tentons la culture pour chacun. »

C’est sur ces mots donc que s’ouvre ce projet de programme d’actions. Malraux étant un symbole fort dans les politiques culturelles, il se peut que le cabinet en ait profité pour crédibiliser cette démarche. Cependant si l’on remet les choses dans leur contexte, Malraux dans cette idée de Culture pour chacun parlait de l’augmentation de ses maisons de la Culture, et qu’il envisageait d’en ouvrir une par département. C’était une idée qui amenait alors une raison concrète derrière, déjà établie, il voulait tout simplement que l’on débloque une part du budget pour son projet , chiffré comme « l’équivalent de 25km d’autoroute ».

Ici, la raison qui amène à ce changement prend une toute autre signification, elle est énoncée un peu plus loin par Francis Lacloche pour terminer son paragraphe d’introduction :

« Aux réalisations nombreuses et variées qu’a rendu possible la reconnaissance de la culture comme objet à part entière du champ citoyen par la création d’un ministère qui lui est consacré s’oppose le constat du résultat décevant des politiques de démocratisation culturelle, tel que le dresse la dernière enquête décennale sur les pratiques culturelles des Français. »

Comme le souligne David Conrod dans son article, pour résumer, c’est un « constat sans nuance : l’échec de la démocratisation culturelle ».

Et il a plutôt raison, le cabinet du ministre pointant ainsi l’échec de la démocratisation en s’appuyant sur les résultats énoncés par l’enquête d’Olivier Donnat « Les pratiques culturelles des français à l’ère numérique : enquête 2008 », se met dans une position fragile, surtout lorsque l’on se penche sur la dite enquête.

Dans son ouvrage Olivier Donnat précise dès les premières pages :

« Cette enquête et son analyse sociologique ne constituent pas un instrument d’évaluation de la promesse d’André Malraux de rendre accessible les œuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France au plus grand nombre possible de Français. Depuis son origine, elle réalise une photographie de pratiques culturelles non le film heureux ou malheureux de la démocratisation culturelle. »

Et d’ajouter plus loin :

« Aussi convient- il de revenir sur certaines propriétés générales des enquêtes nationales par sondage et de rappeler les principales raisons qui interdisent de succomber à la tentation récurrente de faire de « Pratiques Culturelles » un instrument d’évaluation de l’efficacité de l’intervention publique dans le domaine culturel ».

La raison énoncée par le cabinet perd alors de sa crédibilité face à ces quelques lignes très claires quant à l’utilisation de cette enquête, et plus encore si malgré cela on suit l’idée du cabinet et l’on se penche quand même sur les résultats :

« Quant au profil des visiteurs des musées, il a peu changé en onze ans. Toutes les catégories de populations se situent à un niveau légèrement inférieur, à l’exception des parisiens qui comptent plus de pratiquants qu’en 1997 (65% contre 57%) et sont les seuls à avoir intensifié la fréquence de leurs visites : en 2008, 40% des habitants de la capitale sont allés dans un musée au moins trois fois au cours de l’année soit quatre fois plus que la moyenne nationale. Comment expliquer que les comportements des Parisiens aient connu une évolution différente des autres français au cours de la dernière décennie ? Plusieurs éléments peuvent être convoqués, parmi lesquels la mise en place d’opérations de gratuité de diverse nature proposées par des établissements comme les musées de la Ville de Paris, le musée du Louvre, le Centre Pompidou, etc… L’ouverture d’établissements prestigieux comme le musée du Quai Branly ou la Cité nationale de l’Histoire de l’immigration à un moment où le renouveau des musées marquait le pas en région, ou encore la multiplicité d’expositions fortement médiatisés qui peuvent participer aussi de la fréquentation des musées. »

Ce ne serait non pas alors un échec de la démocratisation mais plutôt un disfonctionnement des politiques culturelles territoriales dans leur approche d’offres d’accessibilité. Ce ne sont pas ces quelques lignes qui peuvent suffirent à établir un constat si radical envers la démocratisation.

Autre point qui fait débat dans l’article, à ce sujet, le journaliste écrit :

« Sans nul doute grisé par tant de certitudes expédiées à la hâte, il va jusqu’à écrire que le véritable obstacle de la culture à une politique de démocratisation culturelle est la culture elle-même. Pourquoi cela ? Parce qu’elle susciterait de l’intimidation sociale » quand elle devrait créer au contraire du « lien social ». »

Paraphrasant ces lignes du conseiller :

« D'une certaine manière, le véritable obstacle à une politique de démocratisation culturelle, c'est la culture elle-même. Une certaine idée de la culture, répandue dans les composantes les plus diverses de la société, conduit, sous couvert d'exigence et d'excellence, à un processus d'intimidation sociale. »

Le conseiller par-là dénonce la culture dite officielle qui serait alors incomprise par la majorité des personnes. Il s’avère en fait que la plupart des lieux de diffusion de la culture académique comme les musées sont fréquentés par des populations dites cultivées, une étude de Bourdieu et Darbel « L’amour de l’art, les musées d’art européens et leurs publics » aurait démontré que l’intéressement au musée est lié au niveau d’études : plus le sujet a quitté tôt le cycle de l’enseignement moins il sera intéressé par ces lieux. Des chiffres de l’INSEE datant de 2009 montrent qu’en Europe environ 25% de la population de 25 à 64ans à un niveau d’études supérieur, partant de ce constat comment faire pour intéresser les 75% restants ?

De là à parler d’intimidation sociale, le mot est fort, il s’agirait juste, si l’on veut parler de façon objective, de désintéressement social face à cette culture, ce n’est pas nouveau, et c’est bien pour cela qu’en partie la démocratisation de la culture a été mise en place mêm si ses progrès sont poussifs, elle a encore du chemin à parcourir en ce sens.

2. Au sujet de La Culture Pour Chacun et du plan du ministère.

Quand il parle du plan de la Culture Pour Chacun, que le ministère veut mettre en place le journaliste écrit :

« Il est seulement question d’enrôler indifféremment, sous la bannière de la CPC, hôpitaux, quartiers en difficulté, villages reculés, prisons et…entreprises. Pour y faire quoi ? Il n’importe puisque avec le numérique et les écrans devenus les bras armés de la CPC, tout devient possible, y compris se débarrasser de l’art et des artistes »

On peut se demander concrètement ce que prévoit le ministère dans son plan d’action de la Culture pour Chacun. Selon David Conrod le numérique en serait un des axes phare.

Les plans prioritaires énoncés sont au nombre de cinq :

- Plan de valorisation des actions culturelles dans les zones sensibles : notamment d’un point de vue administratif en facilitant l’accès à l’espace public, en créant des réseaux et d’un point de vue culturel en reconnaissant l’excellence des protocoles de création partagées et des opérateurs associatifs.

- Plan Rural : intérêt porté sur les identités locales par le développement d’un tourisme culturel durable et respectueux ainsi que par la mise en place d’équipements numériques haut débit.

- Plan Lecture :adapter les structures au nouveaux usages numériques, accompagner les projets innovants d’encouragement à la lecture, inscrire dans des manifestations nationales une action visant à l’exemplarité.

- Plan de numérisation du Patrimoine : accès de la culture à chacun via le numérique, en premier lieu au patrimoine cinématographique et photographique.

- Plan numérique, volet n°4 : médiation des pratiques culturelles et l’aide à la création numérique.

Le numérique se retrouve en effet dans nombre des actions citées. Mais en ce qui le concerne, il est évident que pour pouvoir toucher un grand nombre de personnes, cet outil est indéniable, avec la montée en flèche de cette nouvelle technologie, aujourd’hui, beaucoup d’acteurs culturels se retrouvent sur la toile comme les musées ou les théâtres, la diffusion de la création s’intensifie aussi avec les jeunes créateurs qui peuvent mettre leurs œuvres en ligne que ce soit des courts métrages ou encore des photos, des peintures.

Ce qui pourrait être reproché à cela c’est que ce type d’action pourrait entraîner une stagnation de l’individu chez lui devant le dit écran. Mais que les garde-fous de la culture officielle se rassurent,

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