Le Personnage Romanesque Peut Il Etre Mediocre ?

bare et s’adresse donc a un peuple peu instruit et lui transmet son idéal humain : un homme libre, généreux, pacifiste, cultivé et sage. Ainsi il présente deux œuvres de référence : Gargantua et Pantagruel. Derrière un langage grossier Rabelais écrit des personnages tels que devraient l'être l'ensemble des Hommes celons lui. Ceux-ci débordent de qualités et ne présentent aucun défaut, on assiste alors à des histoires épiques qui en font des hommes parfaits.

Cette perfection et cette situation peuvent également être atteintes à partir de peu de moyens. Dans Zadig de Voltaire, le héros est simple, mais confrontés à de nombreuses mésaventures ou sa persévérance et son courage sont mis à rude épreuve. A la recherche du bonheur, il s’instruit et offre ses conseils à ceux qui en ont besoin et finit reconnu de tous, roi de Babylone. Contrairement aux héros mythologiques, il construit lui-même sa voie. Il est finalement héros malgré lui.

I) L’apparition de la médiocrité

L’emploi de tels personnages semble incontournable pour donner son sens au roman. Cependant, de nombreux auteurs n’ont pas hésité à mettre en scène des personnages médiocres, particulièrement depuis le XIXème siècle et ce du fait qu’après la révolution, nombre de personnes ne voulais plus lire les récits de nobles qui se disait au dessus de tous mais plutôt des romans les mettant en scènes. Ce choix vise généralement à se rapprocher de la réalité et exprimer une opinion. En 1857 paraît le roman Madame Bovary de Gustave Flaubert, dont l’héroïne reste célèbre; et pourtant Emma Bovary est un personnage médiocre, qui rêve d’une vie exaltante de conte de fées qu’elles lisaient quand elle était petite, mais se retrouve mariée à un homme qui ne la satisfait pas. Flaubert dénonce ainsi à travers ce roman sans péripéties les « mœurs de province », par l’intermédiaire d’un personnage bien peu attachant.

Dans L’Assommoir, l’alcool précipite Gervaise dans la déchéance, et sa fille Nana ne connaîtra pas un meilleur sort. Zola met l’accent sur les défauts de ses héros. Il met aussi en scène la cruauté, comme dans Thérèse Raquin où les deux amants assassinent le mari afin d’atteindre un soi-disant bonheur qui leur restera inaccessible.

Les héros médiocres sont souvent écrasés par leurs destins et subissent le poids de la condition humaine.

On conçoit donc que le héros de roman doit être exemplaire en tout point afin d’illustrer et transmettre des qualités et des valeurs humaines. Cependant, le héros médiocre est utilisé dans le roman par de grands auteurs dans un souci de réalisme et permet de faire ressortir la réalité de façon plus criante, et « dénoncer les vices de son siècle » selon la formule de Molière. De plus, lorsque le héros est rendu attachant par son auteur sa médiocrité nous aide à accepter nos failles et être plus tolérant envers nous-même. Et si, comme disait Zola dans Deux définitions du roman, « le premier homme qui passe est un héros suffisant », le simple fait de vivre