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La Commune de Paris

Dissertation : La Commune de Paris. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  11 Mars 2019  •  Dissertation  •  2 332 Mots (10 Pages)  •  1 595 Vues

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DISSERTATION : LA COMMUNE DE PARIS (1871)

        Le 06 septembre 2018, on peut lire dans le Figaro qu’au Funambule Montmartre, l’épisode de la Commune de Paris de 1871 a donné lieu, près de 150 ans après, à un spectacle revisité qui traite en gaité de cet épisode pourtant si violent de l’Histoire de France. Cette réappropriation étonnante de l’évènement toute en symbolique - tant par sa localisation sur la butte Montmartre où se clôt l’évènement que par son titre, « le Cabaret Louise » à la gloire de la figure féministe et prolétaire de la Commune-  nous permet de saisir la portée dans le temps de cet épisode tragique que François Furet qualifie de « fête funèbre du Paris des Misérables ».

        Pour mieux en cerner les enjeux, il importe de se replacer dans le contexte de 1871. L’insurrection parisienne se déclenche lors de la guerre Franco-prussienne de 1870/1871. Suite à la défaite des troupes françaises de l’empereur Napoléon III à Sedan le 2 septembre 1870, la IIIème République est proclamée dans l’urgence le 4 septembre à Paris dans une atmosphère surchauffée. Les prémices d’une République avec des élections législatives tentent d’être instaurées mais la situation critique de siège à Paris entraîne finalement  les monarchistes au pouvoir, avec, à leur tête Adolphe Thiers qui veut mettre fin à la guerre par capitulation. Or, les Républicains parisiens n’admettent pas la fin des combats ni l’humiliation qu’elle impliquerait et lorsque le gouvernement tente de retirer les canons de Paris le 18 mars 1871, ils refusent, se révoltent et dressent des barricades dans les arrondissements populaires, renouant ainsi avec la pratique Révolutionnaire qui fait partie intégrante de leur culture. Le 26 mars, les quartiers rebelles font élire une Assemblée municipale autonome qui prend le nom de Commune le 28 mars. C’est donc à cette date que l’insurrection parisienne relance un cycle révolutionnaire de plus de deux mois opposant les « fédérés » (le peuple et l’armée fédérale)  aux « versaillais » (les partisans de Thiers réunis a Versailles) et se clôt à la fin de la « Semaine sanglante » du 21 au 28 mai 1871. Pourtant, au-delà de l’aspect tragique et sanglant de l’évènement que Robert Tombs qualifie de « boucherie sans équivalent dans l’Europe du XIXème », c’est véritablement pendant la Commune que les principes d’une République démocratique et sociale ont été les plus ambitieux et les plus aboutis, allant jusqu’à l’expérimentation de la démocratie directe et l’adoption de mesures sociales d’une extraordinaire modernité.

De ce fait, nous pouvons nous demander en quoi la Commune marque t’elle tout à la fois un retour à l’esprit révolutionnaire du début du XIXème siècle et les prémices futuristes d’une république démocratique et sociale qui posent les bases des valeurs de la Gauche française et en  font ainsi un évènement oscillant entre tradition révolutionnaire et modernité républicaine?

        C’est dans cet esprit que nous étudierons dans une première partie en quoi la Commune renoue avec l’esprit révolutionnaire de 1789, 1830 et 1848  tout en montrant dans une seconde la modernité de son projet initial qui est de fonder une République démocratique, sociale et laïque qui en fait une étape majeure dans la construction de la Gauche française et est une véritable source d’inspiration pour elle.

Dans cette première partie, nous allons voir que la Commune de Paris de 1871 est un événement singulier, qui, par certains aspects, se rattache aux révolutions du XIXe siècle : 1789, 1830, 1848.

        C’est tout d’abord par son esprit que la Commune renvoie aux révolutions qui l’ont précédé. En effet, l’insurrection parisienne se déclenche le 18 mars 1871 alors que les Parisiens de Montmartre refusent de rendre les armes et les canons au gouvernement légal. Des barricades se dressent donc un peu partout dans la ville mais principalement dans le Nord et l’Est ouvrier de Paris. C’est bel et bien la tradition qui prédomine dans la révolte comme le montre l’usage de la barricade que l’historien Alain Corbin qualifie de « construction sociale du politique ». En effet, pour l’ouvrier parisien du XIXème, la barricade est le signe de la misère, elle parle du malheur du peuple et participe d’une sacralité puisqu’elle s’apparente avant tout à un tombeau collectif, celui du rêve des ouvriers. Précisons que la Révolution fait partie intégrante de la culture des Parisiens. Elle s’identifie, dans leur esprit, à la ville et à son histoire et elle est surtout synonyme pour la plupart des républicains d’égalité et de liberté. Cette tendance à la rébellion est ici directement inspirée de l’esprit révolutionnaire de 1789, 1830 et 1848 qui pousse à chaque fois les parisiens, le peuple, à s’insurger contre le pouvoir en place.

         C’est également par la similitude des acteurs que l’on peut dire que la Commune de Paris se rattache aux Révolutions du XIXème. En effet, on y trouve majoritairement la classe ouvrière  parisienne composée de maçons, de cordeliers, de commerçants, de tailleurs de pierres ainsi que les soldats de la Garde Nationale, composée de jeunes gens de classe pauvre qui refusent la démobilisation et surtout la dissolution de la Garde Nationale souhaitée par le gouvernement Thiers. Ceux qui ont combattu on été à 85% des travailleurs manuels, issus généralement de petites entreprises (bâtiment, imprimerie, métallurgie, métiers du bois, du cuir, de la chaussure). Le Communard est également un homme dans la force de l’âge puisque  65%  des condamnés ont entre 20 et 40 ans, à l’image des insurgés de 1848. La commune est donc bien une insurrection ouvrière et ce caractère est beaucoup plus marqué en 1871 qu’en 1848. La Commune ouvrière de 1871 est donc avant tout une barricade et le Communard un ouvrier patriote, héritier du sans-culotisme qui appartient à la première moitié du XIXème siècle.

Mais plus que par son esprit, c’est surtout par sa violence que la Commune de Paris s’inscrit dans le prolongement de la Révolution. En effet, bien que très court, l’évènement fait énormément de victimes, notamment à l’issue de l’épisode qui la clôt, à savoir la « Semaine sanglante » du 21 au 28 mai. Selon l’historien Robert Tombs, le bilan oscille entre 15 000 et 20 000 morts parmi les insurgés durant la « Semaine sanglante », contre moins de mille Versaillais. C’est aussi 50 000 arrestations (dont 820 femmes et 550 enfants) déférés au conseil de guerre et des milliers de fugitifs. Les combats font près de 20000 victimes mais les Versaillais continuent de tuer et à massacrer après le 29 mai. A Montmartre, au jardin du Luxembourg, au parc Monceau, les soldats fusillent à la chaîne au moindre soupçon : c’est un véritable massacre systématique qui pousse à creuser des fosses un peu partout dans Paris, les autorités craignant en effet une épidémie de peste. La férocité de la répression peut véritablement amener à parler de la Commune comme une « guerre civile ».

Ainsi, nous pouvons dire que cet évènement se place dans la lignée d’un mythe, celui de la Révolution français. C’est tout l’esprit révolutionnaire de 1789 qui est réactivé en 1871 par le peuple parisien. Pourtant, cet esprit est poussé à son paroxysme et se distingue des autres révolutions par l’application inédite et exceptionnelle de mesures en avance d’un siècle sur leur temps, ce qui permet de faire de la Commune l’évènement futuriste et annonciateur des grandes révolutions victorieuses du XXème qui, d’ailleurs, s’en réclament explicitement.

Dans cette deuxième partie, nous allons voir que la Commune est, au-delà d’une révolte directement inspirée de l’esprit révolutionnaire du XIXème, une période d’une extrême modernité qui établit les bases de la République et peut-être considérée comme une étape majeure dans la Gauche française.

En effet, le programme de la Commune, issu des élections du 26 mars, renvoie au projet utopique de fonder un nouveau contrat social fondé sur l’égalité et la fraternité. Il s’agit en fait de bâtir une République démocratique et égalitaire avec l’intervention directe du peuple dans les affaires de la cité, d’où l’appellation de « Commune ». Les élus sont surveillés par le peuple et ne sont que l’expression des citoyens, leurs mandataires révocables : c’est le principe de la démocratie gouvernante. L’œuvre de l’Assemblée du 26 mars, d’inspiration républicaine, a pour vocation l’expérimentation de la démocratie directe, la séparation de l’Eglise et de l’Etat, la mise en place du service militaire obligatoire pour tous, la laïcisation da l’école et l’égalité entre les hommes et les femmes. La commission chargée du travail est conduite par l’internationaliste hongrois Léon Fränkel et accomplit une œuvre sociale importante avec deux vraies réformes : le 28, la suppression du travail de nuit des ouvriers boulangers et le 27, l’interdiction dans les ateliers des amendes ou retenues sur salaires. Toutes ces mesures d’une extraordinaire modernité s’accompagnent d’une expérience de la démocratie inédite qui se veut directe avec l’intervention permanente des citoyens dans la commune, l’élection des fonctionnaires, le contrôle des élus, le fonctionnement par arrondissement, la création de clubs politiques qui constituent des lieux de débat permanent entre parisiens venant de tous le horizons. En effet, lors des élections municipales du 26 mars, on recense 79 élus de composition mixte : 33 ouvriers des métiers d’art, 5 petits patrons, 14 employés, 12 avocats, 12 journalistes, des artistes, des instituteurs et des médecins qui forment tous ensemble une sorte de Conseil municipal avec en son sein des figures emblématique à l’image d’Emile Duval, Eugène Varlin ou encore Gabriel Ranvier.

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