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Incipit Jacques Le Fataliste

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sard, comme s’il les recontrait sur le bord d’un chemin : ils sont « comme tout le monde », assimilables au « on » de la formule « est-ce que l’on sait où l’on va ? »

3. Un refus du romanesque donc puisque D refuse l’anecdotique. Le genre du roman est d’autant moins net que le théâtre est introduit, comme si le narrateur n’était capable que d’écouter les personnages sans entrer dans leur conscience. Mais là encore, déception : un discours banal, parsemé de lieux communs ; on a du mal à suivre comme quand Jacques s’écrit : « que le diable emporte le cabaretier et son cabaret » : mise en abyme ici : Jacques introduit un nouveau personnage dont on ne sait rien comme D a entamé JF par un étrange « ils ».

Au moment où l’intrigue se trame, où J se met à raconter qqch de sans doute plus intéressant, l’histoire de ses amours, le maître s’endort.

Le lecteur peut être découragé par la mauvaise volonté qu’affiche D. Il peut cependant se douter que sa lecture sera plus riche que ne le montrerait une approche trop rapide de cet incipit

1. Un fil narratif double ; la chevauché du maître et de son valet : il va sans doute leur arriver qqch … mais D nous prévient : n’espérons pas grande aventure car, s’il « est facile de faire des contes », l’auteur ne veut pas se livrer à l’exercice.

Il faut alors se rattacher au récit des amours : Jacques met en place des « chaînons » énigmatiques : une guerre, un cabaretier, une balle, des amours = éléments caractéristiques du romanesque : aventure et amour dans un cadre pittoresque. Comme le maître, on a envie de savoir ce qui s’est réellement passé. D joue sur notre attente en interrompant le récit.

2. Mais le lecteur sait aussi qu’il ne pourra pas se laisser aller au plaisir du pur récit. Un embryon de questionnement philosophique ici, autour de notion que le livre développera de façon rhapsodique. Le fatalisme de Jacques : foi dans la Providence et acceptation de ce qui nous arrive comme inévitable. D préfère le terme de « hasard » : nous ne sommes pas libres de tout ce qui nous arrive, qui obéit plus à un enchaînement de causes qu’à une volonté supérieure déterminée.

3. L’amorce d’une réflexion politique : situation éminemment littéraire d’un maître et de son valet, le premier n’hésitant pas à molester le second et à rejeter sur le subalterne la responsabilité de s’être perdus qui incombe pourtant aux deux hommes. Mais : les deux cheminent de concert ; c’est Jacques qui mène la discussion, bifurquant quand cela lui plaît. Si jacques est capricieux dans sa façon de narrer, c’est qu’il a saisi que son maître est aux abois et ne demande rien de mieux qu’à être distrait de son trajet par un récit bien ficelé. Futé, Jacques fait payer de son silence les coups assénés par son maître. Et ce dernier de relancer l’échange : « eh bien, Jacques, où en étions-nous de tes amours ? ».

Un étrange duo donc : non pas tant un maître et un valet mais deux individus à peine esquissés, mais suffisamment pour que l’on comprenne que le soi-disant supérieur dépend de l’inférieur, qui le manipule par sa capacité à « faire des contes ».

Le lecteur se trouve dans la situation que le maître aime, une bonne histoire qui « plaise et instruise à la fois ». Les fils ne manquent pas et commencent à s’entremêler. Jacques, dans cette optique, reflète cet auteur facétieux qui joue au chat et à la souris avec un lecteur, qui ne trouvera son plaisir que s’il consent à la manipulation.

1. D’emblée, un sentiment d’incertitude. Qui est le « je » qui s’exprime ? un narrateur qui se confond avec l’auteur et dévoile l’atelier de la création littéraire. Mais sa position est ambiguë : a priori, il ne sait rien de ses personnages qu’il semble croiser « au hasard » ; il adopte une focalisation externe qui le rend étranger à J et son maître. Mais le « je » se réaffirme rapidement comme le seul maître à bord, qui revendique l’autorité sur les personnages : c’est lui qui les a créés et ils n’ont d’autres réalités que celle que D leur accorde dans la fiction. L’auteur peut en faire ce qu’il veut, s’il le voulait, de les embarquer dans un fabliau à la George Dandin (« qu’est-ce qui m’empêcherait de marier le maître et de le faire cocu ? »), ou dans un drame à la Manon Lescaut (« d’embarquer J pour les îles ? »). Le lecteur n’a qu’à accepter ce que D lui impose.

2. L’auteur est le maître mais il se reflète plutôt dans le personnage de J : il choisit, comme lui, le rythme de la narration, les ellipses, les pauses : le lecteur tantôt courra à brides abattues, tantôt sera retenu par le mors, comme les chevaux ici conduits par le duo. D se joue de nous et nous place dans sa main comme des marionnettes. Il amorce un nouveau dialogue entre lui et nous et nous laisse apparemment voix au chapitre … mais il le caricature, lui dicte ses répliques comme un souffleur. Sommes-nous aussi prévisibles que D puisse anticiper la moindre de nos questions ? sommes-nous aussi têtus que l’on répète niaisement le « et où allaient-ils ? », comme des enfants impatients ? Le choix est le suivant ; refuser ce portait que D fait de nous, ou se couler dans ce moule et accepter avec fatalisme les sautes d’humeur de l’auteur et ses facéties.

3. Enfin, de même que

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