Apollinaire et son enfance

L'enfant bâtard

Guillaume (dit « Wilhelm ») Albert-Wladimir-Alexandre- Apollinaris de Kostrowitzky naît à Rome, le 26 août 1880: il porte le nom de sa mère Angelica Kostrowitzky, fille d'un capitaine russe nommé camérier du pape. Son père, Fran- cesco Fulgi d'Aspremont, officier italien et joueur, ne recon- naît pas ses enfants (Guillaume et son frère Albert né en 1882) et abandonne finalement Angelica en 1885.

Dès lors Angelica voyage dans toute l'Europe, laissant ses enfants en Italie, et cherche à s'établir dans la principauté de Monaco où, de 1890 à 1895, Guillaume suit une assez bril- lante scolarité au lycée Saint-Charles; il fréquente ensuite le collège Stanislas de Cannes (1896) et le lycée de Nice (1897), sans toutefois obtenir son baccalauréat. Il fait alors de nombreuses lectures et se met à composer ses premiers poèmes, qu'il signera Guillaume Macabre puis Guillaume Apollinaire.

À la recherche d'une vocation

C'est en 1899 que la mère et ses deux enfants délaissent les paysages de l'Italie, de la Côte d'Azur et de Monaco pour remonter par étapes vers Paris où une vie difficile les attend. Durant l'été, ils se rendent en Wallonie dans les Ardennes belges pour rejoindre l'« oncle » Jules Weil (en réalité l'amant d'Angelica), séjour qui marque profondément la sensibilité du poète à venir et lui vaut sa première décep- tion amoureuse. Le départ clandestin d'une auberge de Sta- velot mène les Kostrowitzky devant le juge, tandis que Guillaume est toujours à la recherche d'un emploi.

À la fin de l'été 1901, il part comme précepteur en Alle- magne, engagé par Mme Milhaud, pour donner des leçons de français à sa fille Gabrielle. Une nouvelle déception senti- mentale (avec la sœur d'un de ses amis, Ferdinand Molina da Silva) et surtout la présence d'Annie Playden, la gouver-

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nante anglaise de Gabrielle, l'ont décidé à accepter ce poste. Le séjour allemand représente une étape capitale dans l'éla- boration de son univers poétique (voir « Rhénanes » dans Alcools), ainsi que dans sa vie sentimentale. Durant ce séjour, marqué par la découverte du paysage rhénan et par le désespoir amoureux devant les refus d'Annie, il compo- sera de nombreux textes: poèmes, contes, notes de voyage, tandis que La Revue blanche publie L'Hérésiarque, signé pour la première fois Guillaume Apollinaire en mars 1902.

À la recherche de l'amour perdu

De retour à Paris, Apollinaire est employé dans une banque. C'est la période où il se met à fréquenter les milieux littéraires: il est devenu collaborateur régulier de La Revue blanche, il participe aux soirées de La Plume et tient une rubrique dans La Revue d'art dramatique (1903-1904). Il fonde bientôt avec quelques amis, dont André Salmon, Le Festin d'Êsope, « Revue des belles- lettres», et collabore au Mercure de France ainsi qu'à la revue Vers et Prose (1905). À cette époque il est déjà proche de certains peintres tels que Derain, Vlaminck, Picasso et il fréquente Montmartre. Il a noué des amitiés lit- téraires avec Alfred Jarry, Max Jacob, Fénéon...

Cependant Guillaume n'a pas oublié Annie Playden qu'il cherche à revoir à Londres en novembre 1903 et en mai 1904, mais sans succès. C'est de ce désespoir que sont issus certains grands poèmes d'Alcools, dont «La Chanson du Mal-Aimé ».

L'avènement des grandes œuvres

Grâce à Picasso il rencontre, en mai 1907, Marie Laurencin dont il s'éprend; s'amorce alors une nouvelle phase de sa vie sentimentale accompagnée d'une période d'intense activité littéraire qui voit la publication d'« Onirocritique » de «L'Obi- tuaire» (la future «Maison des morts»); il fait ses débuts à La Phalange avec trois poèmes importants qui figureront dans Alcools: «La Tzigane », « Les Colchiques», «Lul de Fal- tenin », et rédige des essais sur les peintres (Matisse, Braque...), la peinture et l'esthétique nouvelle. L'Enchanteur pourrissant, première œuvre éditée de l'auteur, paraît en

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