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Fiche Lecture Braudel

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’est pas transparent, à la différence de l’économie de marché. « En réalité, tout est porté sur le dos énorme de la vie matérielle : se gonfle-t-elle, tout va de l’avant ; l’économie de marché se gonfle elle-même rapidement à ses dépens, étend ses liaisons. Or, de cette extension, le capitalisme est toujours bénéficiaire. Je ne crois pas que Josef Schumpeter ait raison de faire de l’entrepreneur le deus ex machina. Je crois obstinément que c’est le mouvement d’ensemble qui est déterminant et que tout capitalisme est à la mesure, en premier lieu, des économies qui lui sont sous-jacentes ». (p. 67).

Après la critique de Schumpeter, voici celle de Max Weber : « Pour Max Weber, le capitalisme, au sens moderne du mot, aurait été ni plus ni moins une création du protestantisme ou, mieux, du puritanisme . Tous les historiens sont opposés à cette thèse subtile, bien qu’ils n’arrivent pas à s’en débarrasser une fois pour toutes. Et pourtant, elle est manifestement fausse. Les pays du nord n’ont fait que prendre la place occupée longtemps et brillamment avant eux par les vieux centres capitalistes de la Méditerranée. Ils n’ont rien inventé, ni dans la technique, ni dans le maniement des affaires (...). Ce qui est en jeu, chaque fois, c’est le déplacement du centre de gravité de l’économie mondiale, pour des raisons économiques, et qui ne touchent pas à la nature propre ou secrète du capitalisme. (...) Finalement, l’erreur de Max Weber me paraît dériver essentiellement, au départ, d’une exagération du rôle du capitalisme comme promoteur du monde moderne » (p. 69-70). Pour Braudel, en effet, cette précision est essentielle à sa thèse d’économie-monde, qu’il va bientôt présenter. En effet, si la loi historique ne tient pas à des causes extérieures (la religion) mais à des causes internes à la marche économique ; ce sont celles-ci qu’il faut identifier pour expliquer les « centres » successifs de domination. Pour le géopolitologue, cela revient à relativiser l’influence excessive que l’on prête à la religion comme facteur explicatif : non qu’elle ne joue aucun rôle, que ce soit bien entendu ; mais elle n’a pas le rôle déterminant que certains voudraient lui attribuer. Braudel conclut alors sa deuxième conférence par ces mots : « il y a des conditions sociales à la poussée et à la réussite du capitalisme. Celui-ci exige une certaine tranquillité de l’ordre social, ainsi qu’une certaine neutralité, ou faiblesse, ou complaisance , de l’Etat. Et en Occident même, il y a des degrés à cette complaisance : c’est pour des raisons largement sociales et incrustées dans son passé que la France a toujours été un pays moins favorable au capitalisme que, disons, l’Angleterre ». (p. 77-78) Ces mots font immédiatement penser à la Chine contemporaine : pour tout un tas de raison, et notamment celles évoquées par Braudel, il paraît difficile de la décrire comme un « capitalisme » tant le rôle de l’Etat y est prégnant.

Vient alors la troisième conférence. « Il y a une sorte de société mondiale, aussi hiérarchisée qu’une société ordinaire et qui est comme son image agrandie, mais reconnaissable. Microcosme et macrocosme, c’est finalement la même texture » (p. 84).

Puis il distingue : « par économie mondiale s’entend l’économie du monde pris dans son entier. Par économie-monde, j’entends l’économie d’une portion seulement de la planète, dans la mesure où elle forme un tout économique » (p. 85). « Une économie-monde peut se définir comme une triple réalité : elle occupe un espace géographique donné ; elle a donc des limites (...) Une économie-monde accepte toujours un pôle, un centre (...) Toute économie –monde se partage en zones successives (...) autour du pivot central. » (p. 85-86). Cette définition ouvre la voie à l’analyse des rapports entre centre et périphérie. Braudel note au passage une hypothèse qui prend tout son sel de nos jours : « Imaginons aujourd’hui une franche, totale et définitive ouverture des économies de la Chine et de l’URSS : il y aurait alors rupture des limites de l’espace occidental, tel qu’il existe actuellement » (p. 85). Cette hypothèse semble aujourd’hui exister. On en déduit qu’il y a une tendance au recouvrement des deux notions distinguées par Braudel : celle d’économie mondiale et d’économie-monde. Autrement dit, il n’y aurait plus d’économie-monde puisqu’il n’y aurait plus les attributs : espace géographique donné (et donc limité), centre, et zones successives. Seul ce dernier critère semble encore tenir, mais on peut y voir un effet de la réunion des économies-monde. Ce processus correspondrait, en termes économiques, à la globalisation. Braudel évoque ensuite les basculements d’économie-monde, qui sont bien connus (Venise, puis Anvers, puis Gênes, puis Amsterdam, puis Londres, puis New-York). « A l’horloge

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