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LA n°7 - De bons cannibales, A. Thévet

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Par   •  29 Février 2020  •  Analyse sectorielle  •  1 824 Mots (8 Pages)  •  490 Vues

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CORRIGE DE L’EXPLICATION N°7

André Thévet, Singularités de la France antarctique , l. 17-39

Ø Biographie d’André Thévet : Auteur du XVIe siècle d’abord moine à Angoulême (cordelier = ordre faisant vœu de pauvreté, cf corde à leur taille). Voyage d’abord vers l’empire ottoman qui lui inspire un premier ouvrage (Cosmographie du Levant). Part ensuite au Brésil comme aumônier de l’expédition de Coligny de Villegagnon. Il s’agit de créer une « France antarctique » dans la baie de Guanabara, au cœur de la puissance hispano portugaise. Echec du projet (les Portugais s’emparent de la colonie). Thévet rentre en France et rédige Singularités de la France antarctique. Vif succès. Nommé cosmographe du roi, il publie l’ensemble de ses ouvrages sous le nom de Cosmographie universelle.

Ø Problématique de l’extrait : Par quels procédés l’auteur permet-il au lecteur européen de jeter un regard positif sur cette cérémonie cannibale ? Comment faire de ces « sauvages » cannibales de bons « Français » en puissance ?

I – Une belle mise à mort l. 17-25 II – Un banquet joyeux – 26-33 III – Une étonnante digression sur les méchants cannibales l. 33-39 IV – Les superstitions de l’exécuteur l. 40-43

Dans cet extrait, toute la démarche de Thévet consiste à décrire de manière très précise la cérémonie de mise à mort du condamné. La précision ethnographique de son regard répond à un double objectif : celui d’informer le lecteur européen et de donner à voir l’altérité des coutumes indiennes. Le texte suit la cérémonie dans son déroulement chronologique, hormis une digression qui, loin d’être inutile, permet de justifier la démarche de Thévet et de le prémunir envers certaines critiques.

I – Une « belle » mise à mort l. 17-25 - le connecteur logique « or » n’est pas un connecteur d’opposition mais un connecteur temporel en moyen français qui signifie « à présent ». Il permet de recentrer le propos sur la cérémonie. Après avoir évoqué le sort assez humain réservé aux femmes prisonnières de guerre, Thévet reprend le fil de la description chronologique des événements. Ø La démarche est didactique : - narration chronologique de la mise à mort : le maître invite ses amis (l. 17-18) ; l’assemblée prépare le sacrifice en présence du prisonnier (l. 22-23) ; déplacement du prisonnier jusqu’à la place publique où il sera mis à mort (l. 24-25). L’enchaînement chronologique des événements est évoqué par la multiplication de participes passés l. 23-25, coordonnée par la conj. de coordination « et » (connecteur d’addition) : « Il sera donc mené, bien lié et garrotté de cordes de coton, en la place publique, accompagné de dix ou douze mille sauvages du pays, ses ennemis, et là sera assommé » - les commentaires en incise et les connecteurs logiques soulignent la progression de la description : « comme nous avons dit » l. 17, ce qui rend la narration plus claire - Thévet fournit des définitions des termes étrangers : cf déf. Du cahouïn, « qui est un breuvage fait de gros mil avec certaines racines » l. 18 Ø L’auteur fait preuve d’une précision « ethnographique » : - Il se montre précis dans le relevé d’objets : «plumes », « plumages », « épée », « cordes » - Dans l’évocation des matières : « épée en bois » ; « cordes de coton » Ø Thévet donne à voir l’altérité et l’importance de la scène :

- Il montre sa magnificence : cf. voc. mélioratif pour décrire la richesse des tenues : « belles plumes » (l. 19) ; « richement étoffée » (l. 21) ; formules superlatives : « meilleur équipage qu’il lui sera possible ». La beauté des apparats invite paradoxalement au rêve… - la précision chiffrée du nombre de « sauvages » l. 24 (Thévet utilise d’ailleurs ce terme pour souligner l’altérité de la situation) permet de se figurer l’importance accordée à l’événement. C’est un acte exceptionnel, qui n’est pas pris à la légère par les Indiens. - il souligne l’étrangeté, pour un Européen, des attitudes et des réactions des divers participants : par exemple, la réaction du prisonnier qui montre des « signes de joie ». Cette réaction paradoxale est soulignée par l’antithèse entre les deux membres de la construction comparative (ou corrélative) de la phrase : « [Et tant plus le prisonnier verra faire les préparatifs pour mourir], et plus il montrera signes de joie ». sub. circonstancielle de comparaison (cf point langue) - Thévet rend finalement cette mise à mort agréable à lire. La comparaison du mort à un « pourceau » (l. 25) est un euphémisme qui mène le lecteur de la beauté de la cérémonie à un banquet joyeux. Humains, respectueux dans leur mise à mort, les « sauvages » montrent des traditions radicalement différentes, mais pas moins vertueuses. On notera d’ailleurs que la mise à mort du prisonnier fait l’objet d’une ellipse narrative* (= *un passage sous silence) : l’objectif

> La précision ethnographique dont l’auteur fait preuve a pour objectif de faire découvrir au lecteur européen une civilisation étrangère radicalement différente. Il le fait paradoxalement rêver en soulignant la magnificence de la cérémonie.

II – Un banquet joyeux – 26-33

Ø De la description au commentaire Thévet s’intéresse ensuite aux événements qui suivent la mise à mort. On retrouve une démarche similaire au premier mouvement : description dans l’ordre chronologique, assortie de commentaires. Cette fois, l’auteur se laisse davantage aller à la réflexion, à la supposition. - Il cherche à expliquer le rituel du sang : « pour les rendre plus hardis, comme ils disent, leurs remontrant que, quand ils seront venus à leur âge, ils fassent ainsi à leurs ennemis. ». Le commentaire s’appuie toutefois sur les discours prononcés par les indiens. Le discours indirect confère de l’authenticité à la description de l’auteur. Le caractère traditionnel du rituel prend le pas sur sa violence. - Il suppose que ces cérémonies sont réciproques, l. 29-30. Thévet montre ainsi l’égalité qui règne entre les ennemis, et l’idée que la culture de ces « sauvages » est répandue sur le continent. Cette culture est le fruit de traditions perpétuées à travers le temps, comme celle qu’il décrit dans notre texte. Ø Un moment de partage - la femme du condamné ne se lamente pas beaucoup ni longtemps, comme le suggère le nouvel euphémisme l. 26 « quelque petit deuil

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